lundi, octobre 28, 2024

distraire les enchantements assemblés sur mon cerveau


admettons

cabinet de curiosités

images
fragments coloriés


tout ce que je désire
c'est le mot
qui révèle
le jour





























rien 
qu'un peu de lumière légère 
maintenant


une fatalité de bonheur




le chemin court 
rend les miracles possibles 
parce qu'il permet de franchir la porte 
du maintenant intemporel dénué de futur et de passé




tout 
est là
dans le violoncelle
et l'archet
l'arbre
et son 
croassement








































 

je peux tourner mon visage

vers le sud

ou le nord


je peux lever le doigt en l'air

ou le pointer 

vers le bas


mieux encore


je peux pointer mon doigt vers mon visage

pour y voir 

l'espace











voir 
c'est s'éveiller
à une vie
plus intense
plus grande
plus claire
et à un sentiment
inouï
de liberté

c'est 
connaître
la pure
joie
dêtre




science de la première personne



il sonne
une cloche de feu
rose dans les nuages






tourner
lever
pointer

voir
s'éveiller
connaître

être























le plateau
le soleil

le ciel
à ne plus pouvoir le voir


la solitude
sans l'absolu
est dure
noire

transparente
coupante
obsidienne





























les livres m'inspirent une curiosité frénétique 

certains ciels ont affiné mon optique


mon lire
est un peu
un fouiller
un sonder
pour faire 
saillir
l'extraction




saluer 
la naissance du travail nouveau
la sagesse nouvelle





l'apogée 
spirituel de la vie 
est ce moment spectaculaire 
où la conscience en arrive à se reconnaître 
et à se comprendre
































si 
l'on est différent 
il est fatal qu'on soit seul

nous marchons 
à tâtons dans un univers 
dont nous ne connaissons 
que les apparences les plus grossières

















pour l’homme normal 

la vie consiste 

à passer le temps à accroître sa richesse extérieure 

or cette dernière est éphémère donc sa vie est 

une éternelle insatisfaction 

il se concentre sur les forces reproductives 

manger sexualité 

et les jouissances de l’irritabilité 

voyages guerre

autrement dit 

l’homme normal se fuit 

il vit en dehors de lui-même




pour l’homme intellectuel

la vie est 

solitude choisie  

source d’enrichissement intérieur

il se suffit à lui-même et n’a rien à attendre d’autrui 

ses activités sont celles 

de la sensibilité 

penser et contempler 

font que 

son centre de gravité tombe en lui-même

















par 
une froide
journée d’hiver 

un troupeau de porcs-épics 


s’était mis en groupe serré 
pour se garantir mutuellement contre la gelée 
par leur propre chaleur 

mais tout aussitôt 
ils ressentirent les atteintes de leurs piquants 
ce qui les fit s’éloigner 
les uns des autres




























quand le besoin de se chauffer les eut rapprochés de nouveau le même inconvénient se renouvela de façon qu’ils étaient ballottés de çà et de là entre les deux souffrances jusqu’à ce qu’ils eussent fini par trouver une distance moyenne qui leur rendit la situation supportable



ainsi 

le besoin 
de société 
né du vide et de la monotonie 
de leur propre intérieur pousse les hommes 
les uns vers 
les autres 

mais

leurs nombreuses 
qualités repoussantes et 
leurs insupportables défauts les dispersent 
de nouveau 


la 
distance moyenne 
qu’ils finissent par découvrir 
et à laquelle la vie en commun devient 
possible  
c’est 

la politesse et les belles manières
































un enlaidissement du monde 

progresse 
sans que l'on y prenne 
garde



l'espace est brutalisé 
les formes déformées
les sons malmenés 


jusqu'à modifier insidieusement nos paysages intérieurs


















l'apparat 

la pompe

le faste 

ont toujours eu pour fonction 

de donner 

une apparence 

de grandeur 

à ce qui n'en a pas

















le meilleur c'est un sommeil bien ivre sur la grève


le monde

tout ce qui arrive

les forces
de la langue
et du geste

les capacités
de délicatesse
et de
conviction



elle alla dormir sous un cyprès du cimetière local
































je cherche
un air noir

une boue
lumineuse

une heure
absolue



l'air marin brûlera mes poumons
les climats perdus me
tannerons






























Gracques 


est le nom donné à deux frères et hommes d'État romains Tiberius Gracchus et Caius Gracchus connus pour leur tentative infructueuse de réformer le système social romain durant la deuxième moitié du IIe siècle av. J.-C.  Tiberius en 133 av. J.-C. puis Caius entre 123 et 121


issus de la 
nobilitas plébéienne 
fils du consul Tiberius Sempronius et de Cornelia Africana 
ils sont les petits-fils de 
Scipion l'Africain


***




























au chapitre IX du Prince Nicolas Machiavel pose comme règle que le Prince doit non seulement vivre parmi ses sujets mais aussi asseoir son pouvoir dessus

toutefois en cas de temps de périls le peuple connaît une propension à se replier sur ses us et coutumes et par là même sur ceux qui en sont porteurs les magistrats

un Prince nouveau ayant mal fondé son pouvoir naissant risquerait en ce sens de se faire abandonner de ses sujets. 

témoins les 
Gracques qui si bons tribuns fussent-ils 
ne purent compter sur le peuple pour les défendre 
contre les Sénateurs  

dit Machiavel































tant de mains 
pour transformer 
ce monde
et si peu de regards
pour le contempler



le monde fleurit par ceux qui cèdent à la tentation



nous dansons 
comme un bouchon 
sur un océan 
de vagues folles 
qui à chaque instant 
nous dépassent







































Julien Gracq

son pseudonyme littéraire doit beaucoup à sa fascination pour le héros de Le Rouge et Le Noir de Stendhal et à son admiration pour les Gracques dans l'histoire romaine 

il décide de prendre un pseudonyme littéraire afin de séparer nettement son activité de professeur de son activité d'écrivain