vendredi, septembre 06, 2024


une pensée qui dépasse les contradictions

la difficulté que nous avons à accepter la coexistence de l’être et du non-être est due à notre mode de pensée binaire et logique qui cherche à éliminer les contradictions 

pour Nâgârjuna les contradictions ne sont pas des obstacles elles sont la clé pour saisir la réalité

en niant l’existence d’objets fixes et en rejetant l’idée qu’il n’y a rien  il propose une approche plus nuancée où les phénomènes sont vides d’essence propre mais sont néanmoins perçus comme des événements


dans cette vision l’objet est un phénomène conditionné une apparition temporaire dans le flux constant du devenir 

le vase d’argile que vous pouvez briser n’existe pas de manière indépendante 

il n’est qu’une étape transitoire dans un processus de changement 

et de la même manière que le vase  est  et  n’est pas les phénomènes eux-mêmes sont vides de toute identité propre  mais ils n’en sont pas moins observables et expérimentables


















ne rien faire


être là

laisser être là 


en allemand gelassenheit





la vie de l’homme 

entre le ciel et la terre est comme le passage 

d’un cheval blanc au galop qui franchit une faille 

ce n’est qu’un éclair












l’ampleur 

embrassante de l’être


n’est qu’une seule et même chose 

avec l’isolement offensif 

du temps


l’inépuisable au-delà de tout effort 

















être  

une question  

la question de la pensée


temps 

une question 

la question de la pensée 


être 

une question 

mais rien d’étant


temps 

une question 

mais rien de temporel


de l’étant 

nous disons 

il est

 

portant le regard 

sur la question être et sur la question temps

nous restons prévoyants 


nous ne disons pas  

l’être est 

le temps est 

mais 

il y a être 

il y a temps


au premier abord 
nous n’avons pas par ce détour que changé 
de tournure 


au lieu de 

il est

nous disons 

il y a





il y a un soir il y a un matin 

une racine d’obscurité une autre de clarté

ilya 

les étoiles filantes sont comme des lys d’or 


je suis  

dans l’anticyclone sec ami 

des poumons 

des contours


la lutte 
pour l’espace et le temps 
ne s’arrête pas 
une seconde






























le tétralemme  

quatre propositions inconciliables


un cadre de pensée 
qui propose quatre alternatives 
pour aborder l’existence 
d’un objet 


l’objet existe

l’objet n’existe pas

l’objet existe et n’existe pas en même temps

l’objet n’existe ni n’existe pas
















aucune de ces options n’est satisfaisante lorsqu’on essaie de saisir la nature ultime des choses 

si vous dites que l’objet existe vous niez son impermanence 

si vous dites qu’il n’existe pas vous niez les phénomènes que vous percevez

si vous essayez de dire qu’il existe et n’existe pas en même temps cela semble être une contradiction insoutenable pour l’esprit rationnel 

si vous affirmez que l’objet n’existe ni n’existe pas vous plongez dans un vide conceptuel qui défie le langage et la pensée


ce tétralemme expose donc une vérité fondamentale 

la réalité dépasse les catégories dualistes d’existence et de non-existence

le vase pour reprendre cet exemple est à la fois présent et impermanent

il n’a pas d’existence propremais ce que nous percevons comme  vase  est tout de même là dans le cadre des phénomènes 

Nâgârjuna nous fait voir que la véritable compréhension de la réalité réside dans l’acceptation de cette tension entre être et non-être sans s’enfermer dans un choix absolu entre les deux

















pousse et semence 

 

pas de naissance réelle 
puisqu’elles ne sont que la transformation 
d’états végétaux antérieurs 

pas de disparition non plus 
puisque leur disparition apparente concorde 
avec l’apparition d’autres semences et d’autres pousses  

pas d’éternité 
puisqu’elles sont en perpétuel devenir 

pas de devenir réel 
puisqu’elles tournent dans le même cycle

pas d’unité 
puisqu’elles ne cessent 
de se subdiviser en graines et en pousses nouvelles 

pas de pluralité réelle  
puisque la même espèce originelle les englobe





























cette citation révèle la complexité de la pensée de 

Nâgârjuna

il nous montre que toute distinction nette entre une semence et une pousse entre un bourgeon et une fleur est illusoire.

il n’y a ni naissance ni disparition véritable de ces entités car elles ne sont que des étapes d’un processus continu de transformation


ce que Nâgârjuna enseigne à travers tout cela c’est la doctrine de la vacuité ou  śūnyatā  

ce terme ne signifie pas que tout est  vide  au sens de l’inexistence absolue  mais que tous les objets tous les phénomènes sont  vides  d’une existence propre d’une essence indépendante ou d’une identité fixe. 

en d’autres termes,les objets que nous percevons n’ont pas de réalité objective en dehors des concepts que nous projetons sur eux


la vacuité concerne le fait que tout ce qui existe est conditionné par d’autres éléments dépendant d’une multitude de causes et d’effets  et donc n’a pas de soi indépendant. 

rien 
n’existe par soi-même

tout 
est interdépendant

les objets n’existent que dans la mesure où nous les conceptualisons 

il n’y a pas de frontières nettes entre les choses pas de distinctions intrinsèques juste 

un processus global de transformation continue



ainsi quand Nâgârjuna parle de vacuité il nous invite à repenser notre vision de la réalité 

les distinctions que nous faisons entre les choses  entre les phénomènes sont des constructions mentales

en réalité 
tout est interdépendant 
et en perpétuelle transformation
















est-ce que 
les objets ont 
un Soi  


est-ce que les objets ont 

une essence 

une âme 

une identité propre 


 

imaginons 
une maison composée de 100 000 briques 
















si je retire une brique et la remplace par une nouvelle vous considérerez sans doute que c’est toujours la même maison

mais si chaque jour je remplace une brique ancienne par une nouvelle de sorte que 100 000 jours plus tard il ne reste plus une seule brique d’origine vous continuerez probablement à dire qu’il s’agit toujours de la même maison 

pourquoi 

parce que de votre point de vue le changement s’est fait si progressivement que vous n’avez jamais perçu de différence nette entre l’ancienne et la nouvelle maison

chaque jour vous passez devant cette maison sans remarquer de véritable transformation par rapport à la veille

vous direz donc  

oui c’est toujours la maison du coin elle n’a pas bougé 

alors qu’en réalité elle n’a plus rien de commun avec la maison d’origine


d’ailleurs si l’on remplaçait toutes les briques en une seule journée  en démolissant la maison pour en construire une nouvelle à sa place  tout le monde s’accorderait à dire qu’il s’agit d’une maison différente et que l’ancienne n’existe plus

la différence ici réside simplement dans la rapidité du changement plutôt que dans son étalement dans le temps



cet exemple visait à démontrer que ce que nous appelons  maison  est en réalité 

un concept subjectif 

c’est nous qui voyons une  maison  là où il n’y a en fait qu’un agrégat de briques 

c’est en fonction de notre perception que nous décidons s’il y a une maison si elle a changé ou si elle est restée la même

autrement dit le concept de  maison  n’a pas de réalité en soi 

c’est une projection de notre esprit sur un ensemble de briques une idée que nous avons entièrement construite 

cette manière de voir les choses est largement en accord avec la pensée bouddhiste