dimanche, mai 26, 2024

équilibre indépendant dehors fait de toutes les ruptures

un peu plus loin


dans 

une flamme rouge 

un arbre a brûlé 


figures sombres 

de chauve-souris s'élevant en battant 

des ailes


le monde est là

comme

le vent dans les tiges










les brouillards affluent et montent

silence

silence 






catégories 

de la vue inventée   amorces imaginaires 

du monde réel


tremblant 

sous les étoiles 

chaque année la tête penche davantage














comme les étapes 

comme la démence

comme une chambre noire

comme les ombres

comme les vieillards

comme le seuil

comme une porte ouverte

comme l'âme se mire au miroir

comme la lèpre et la neige

comme son front

comme les étoiles au mur

comme les blanches figures de la lumière























comme 

le silence 

des croix écroulées sur la colline


comme 

la 

douceur 

de l’encens 

dans le vent pourpre 

de la nuit

















elle a perdu la direction

le nord l’étoile les feux de position


elle 
sent 
soudain 
un grand choc


elle est couchée tout près d'elle dans la verdure

















elle est 


comme 
mille petits trous 
de serrure qui regardent 
dans sa tête éclatée les éléments épars 
de la beauté








le vrai bonheur serait 
de se souvenir 
du présent







































la profondeur d'un horizon se traduira debout


elle arrive chaque fois de loin

très haut sur la route plate


la route s’empare de qui

un instant 

marche à son côté


coller au réel  elle flottera


brillantes sont les cimes des pins 

brillante la rive du ruisseau 


















je 

me suis assis 

sur 


un rocher qui ressemble à 

un corbeau


comme 

un corbeau est ce rocher

comme un corbeau posé sur la terre



poésie du je suis


je suis navigateur habile


je suis ce chemin qui commence avant moi



ce qui me porte en avant ne répond pas à ce qui soudain se retire du vent



celui qui lit
n'a pas nécessairement
conscience qu'il lit surtout s'il lit
avec attention


la parole se vaporise 
et sur cette parole
je cours
comme le vent


la mer toute proche donne une musique douce à l'oreille








































quelque chose calme

lutte

chose masse chose

force

mise en forme

mise en bois

heurtée

cognée

rossée 

frappée

















quelque chose calme

lutte

en longues forêts

en longues prairies

en longues montagnes

en cohortes

en légions de bois

en océan

en vagues traversées




















quelque chose calme

lutte

où se perd l’âge des temps

dans le labyrinthe des obscurités intérieures

on se métamorphose

et ça n’est pas

un mouvement d’exode



quelque chose calme

lutte

alors le silence se réduit

à des initiales imprononçables

faces contre faces les forces s’annulent

pour dire nos noms

devenus autres




quelque chose calme

lutte

le pays nouveau

le gémissement des glaces

ou ce rythme dans la bouche

qui déforme sans répit la crête et le sens

qui pourraient être une multitude opaque

où se rejoignent tous les courants

vers le désert rouge 



quelque chose calme

lutte

de l'air puissant

de l'immense univers

des infinis molestés par des attentes closes

là des tierces ne composent

rien



il y a

une tribu d'hommes invisibles


il 
errent 
autour 
de nous comme 
des ombres


quelque chose calme

lutte
















c’est tout comme est une somme de comme
 
que l’auteur a glanés chez les poètes francophones 
d’hier et d’aujourd’hui
puis agencés

c’est tout comme 
tend à dépeindre l’existant par l’entremise 
d’une suite en apparence sans fin d’analogies

c’est tout comme 
est un poème en vers libres

c’est tout comme 
est le fruit
 
d’une collecte 
de comme réalisée au gré 
des recherches 
des lectures et 
des déplacements 
de l’auteur









comme des abricots secs dans des bouches de mémés sans dents
comme des agents de police au-dessus de la mêlée
comme des agneaux dans une prairie couverte de linges
comme des aigles face au vide
comme des aigrettes
comme des ailes de paillettes
comme des aliens qui poussent dans nos bas-ventres
comme des alpinistes
comme des amants alentis ou des poissons à l’étal
comme des anchois
comme des araignées







Ça ne devrait pas avoir de fin, comme une éternité d’écriture. « C’est tout comme » de Johan Grzelczyck demande une étrange lecture, puisque la forme même, à la fois toute en rupture et en continuité, induit de ne pas lâcher le livre avant sa fin actuelle — actuelle comme si dans la logique des « Données du réel », ce livre pouvait avoir plusieurs tomes.

Donc lire en continu, ainsi laisser advenir de « comme… » en « comme… » des fragments de récits/de monde contenus dans chaque occurrence de « comme », rompant par là-même la continuité de la lecture, convoquant ainsi des immensités repliées, portant traces de leur contexte d’origine, modifiant ce qui précède comme ce qui suit.

Il y a quelque chose de vertigineux à ainsi passer d’un univers à l’autre : « comme des biftecks à la gueule des bâtiments / comme des bleus raisins / comme des blocs d’ombre / comme des boîtes de cartouche… » ou « comme un corps inhabité et commun à tous les désirs / comme un corset d’épines / comme un cou, comme un couteau, comme un couteau infini plongé dans un cou infini »

Simplicité du procédé qui pour autant tresse des complexités, ce qui permet de traverser des mondes, d’en être traversé de vers en vers. À peine quelque chose s’évoque qu’on passe à une toute autre matière de sens, chaque « comme » est ainsi une sorte de condensé d’événements ou de sensations, ce qui arrive peut arriver est arrivé est rêvé est pensé n’est pas pensé est traversé traverse.





ni fait ni à faire quelque part sous la stratosphère 



   




































 

réverbération ou lumière irradiée
 
clarté

d'un corps céleste soleil lune etc
d'un feu ou 
de tout moyen artificiel 
d'éclairage permettant 
de 
distinguer nettement les objets 


l'air était si pur le ciel si serein
qu'il en résultait 
une clarté 
à l'aide de laquelle nous eussions aperçu 
les dangers comme 
en plein jour 


ce qui illumine la vie lueur d'espoir

















connaissance 

qui permet de comprendre 

une chose

lueur sur 

un sujet 


quelque clarté inattendue 
sur notre âge poétique actuel


une clarté de plus sur la vie 



connaissances générales ou particulières 
d'un certain niveau 
de culture 



domaine de la pensée

qualité 
de ce qui est clair 
sans ambiguïté
facile à comprendre

 


lumière

netteté

éclat

limpidité

intelligibilité

connaissance

brillant

luminosité

évidence

transparence

lueur

jour

splendeur

















la beauté 

reflétée par l’oeuvre 
ne se laisse saisir que par ce que Plotin 
nomme 

l’œil intérieur   

et non par 

les yeux du corps 


l’art iconique du christianisme byzantin reprendrait  
la théorie de l’optique 
plotinienne 

où la vue a-t-elle lieu 

est-ce dans l’œil et dans l’âme de l’observateur 

ou à l’endroit où se trouve 
l’objet observé et que la lumière de l’œil reproduit