dimanche, mars 31, 2024





la tradition veut que l’amour ne puisse exister préalablement à sa déclaration Seuls les mots l’autorisent seuls ils le déclenchent et seuls ils le consacrent  Dans cette perspective nous étendons les pouvoirs de la langue à tout ce qui la précède nous divulguons ces pouvoirs  depuis les corps et  les images  Poésie est le nom de ces plongées dans la nuit continuée des commencements Partie prenante de cette perspective est le paysage L’amour et plus encore ce pourquoi il naît peuvent loger dans un  jeu de langage  gagné par les stridences et la rouerie des échanges




































un jour 

elle sera là 

elle apparaîtra

elle n’était pas là 

elle était ailleurs 



voici qu’
elle viendra de là-bas ici 
elle entrera

j’aurai affaire à elle 

elle sera là pour moi

c’est moi plutôt 
qui entrerai dans son champ d’absence
qui ne cesse pas 

je serai happé pris dedans 
soudain



elle sera ici la fascinante 


elle 
apparaîtra 
de là-bas 

de
cet horizon 
visible
















 






une étendue de peinture 

une nouvelle étendue de peinture

une étendue de sommeil

un jour de plus 


une épaisseur 
de plus puis de nouveau
le monde englobé s'annule


signe comme accidentel

et le même toujours
trouvant corps 
pour se dissiper de nouveau
dans l'épaisseur décalée


aucun besoin de conserver ce qui se répète

ce qui chaque jour est répété





























un jour de plus

bleu sur la rapidité de son déplacement

comme noir sur bleu


une nuit 

comme le tracé de son parcours 
gagnant la hauteur insensiblement s'aligne à l'horizontale






André du Bouchet a recueilli sous le titre L'incohérence des textes ayant fait l'objet de publications en revue catalogue d'exposition et livre d'artiste 

les plus anciens datent de 1954 et ont été tellement retravaillés qu'ils sont presque méconnaissables

le volume a été édité pour la première fois par Paul Otchakovsky-Laurens chez Hachette en 1979

en 1984 l'ouvrage est entré au catalogue de Fata Morgana

épuisé depuis de nombreuses années il fait l'objet pour le 100e anniversaire de la naissance du poète d'une réédition respectant la mise en page d'origine avec ses espacements typographiques la multiplication des signes de ponctuation et les annotations dans les marges


ici incise




le trait
inscrit où bleu
et bleu se recoupent
réintroduit
dans cette épaisseur
du redoublement
la distance
jusqu'à l'oubli
de ce qu'il aura pu
séparer
en s'inscrivant

jusqu'à l'obscurité



trait qui scinde
comme libre
une fraction de temps
de la figure
qu'il lui échoit
d'envelopper
aussitôt qu'il départage

















 







confusion

désordre

inconséquence

absurdité

contradiction

tohu-bohu

manque 

absence de cohérence 

caractère 

état de ce qui est incohérent


l'incohérence des parties de l'eau 

















désaccord

divagation

différence

chaos

opposition


absence de continuité 

de logique de raisonnement manque de suite contradiction 

désordre dans les pensées

défaut de rationalité

de coordination entre la pensée et l'expression, 

les actes


incohérence d'idées incohérence de paroles 


irrationalité

interruption

incohésion

illogisme


l'incohérence n'est pas le monopole des fous 

toutes les idées essentielles d'un homme sain sont des constructions irrationnelles édifiées tant bien que mal pour expliquer ses sentiments profonds 


le bonhomme bégayait d'une manière fatigante aussitôt qu'il avait à discourir longuement ou à soutenir une discussion ce bredouillement l'incohérence de ses paroles le flux de mots où il noyait sa pensée son manque apparent de logique attribués à un défaut d'éducation étaient affectés... 


hétérogénéité

décousu

aliénation

remue-ménage


manque de suite 
dans les idées 
dans les actes 
dans le langage

manque 

d'accord

d'unité 

de lien logique 

entre des parties entre les éléments 

d'un ensemble


ce qui est incohérent

ce qui contient de l'incohérence



on évitait donc les dangers de l'anthropomorphisme et du polythéisme qui prêtent à Dieu toutes les infirmités et les incohérences de la personnalité humaine 

















organdi 

mousseline de coton légère transparente


gypse 

roche sédimentaire

sulfate de calcium hydraté appelé aussi pierre à plâtre

gypsophile 

plante herbacée

à très petites fleurs blanches et à feuillage gris-vert



le gypse 
est l’équivalent-minéral 
de l’organdi




















l’organdi 
est l’équivalent-tissu 
du gypse


le gypsophile 
est l’équivalent-fleur 
de l’organdi


ceci implique que

le gypse est une variété d’organdi

or le gypsophile est une variété d’organdi

donc le gypsophile est une variété de gypse


 

elle n’écrit pas                                               

elle sèche le texte au large


sécher oui car s’il y aura lyrisme et enthousiasmant ce sera en laissant s’évaporer toute la traîne des clichés lyriques en détraquant la langue pour les dépasser et au large bien sûr  on quitte les terres poétiques déjà mille fois arpentées direction 

ailleurs



***



nous aimons en fin de compte 
nos désirs et 
non ce que 
nous désirons


quand le vent pille le village

tordant les cris

l’oiseau

s’engouffre dans le soleil

tout est ruine

et la ruine

un contour spirituel


















donnant

donnant  est la formule...


Michel Deguy


l’échange 

sans marché

où la valeur d’usage 

ne serait que l’échange du don

où le commun n’est pas même cherché





















foison 

des incomparables 

sans mesure prise en commun


un troc 

où la fleur d’ail 

se change en ce qui n’est pas 

de refus


que désirez-vous donner

c’est le geste qui compte



***


Qui suis-je 

?

D’où je viens 

?


Je suis 


et que 

je le dise comme 

je sais le dire

immédiatement

vous verrez mon corps actuel

voler en éclats

et se ramasser

sous dix mille aspects

notoires


un corps neuf

où vous ne pourrez

plus jamais 

m’oublier














la réalité ne cesse de se dérober...


le mirage des reflets et des illusions...

la facticité des représentations... 


interroger 

cette singularité d’instants arrachés à la réalité

au rêve 

au souvenir 

capter  

le réel 

par de multiples procédés  

comme 

la juxtaposition cinétique d’images cocasses 


 





















cristallisations poétiques de points de vue

captations d’images

conjugaisons de visible et d’invisible

odeurs et  sons 


chercher 

le 
langage 
d’

une délivrance 

une esthétique de la fragmentation






entre l’empreinte et la trace le monde extérieur et son relief intérieur se devine et se dessine la circularité enivrante de tout ce qui dans la sphère des images de l’amour reste toujours à apprendre


















samedi, mars 30, 2024

beaucoup de ceux qui auparavant considéraient la législation sur le sujet comme invraisemblable la verront désormais simplement comme dangereuse voire juste difficile

ainsi avec le temps elle en viendra à être considérée comme une possibilité puis comme quelque chose de probable et enfin elle deviendra l'une des quelques mesures dont le pays a absolument besoin. 

c'est de cette manière que se forge l'opinion publique






































Overton décrit une carte des idées du  plus libre  au  moins libre  concernant l'action du gouvernement représentée sur un axe vertical

comme la fenêtre change de taille ou se déplace une idée à un endroit donné peut devenir plus ou moins politiquement acceptable. 

les degrés d'acceptation 
des idées publiques sont à peu près comme suit 

Impensable
Radical
Acceptable
Raisonnable
Populaire
Politique publique


la fenêtre d'Overton 

est une approche permettant d'identifier les idées définissant le domaine d'acceptabilité des politiques gouvernementales possibles dans le cadre d'une démocratie

les partisans de politiques en dehors de la fenêtre d'Overton cherchent à persuader ou éduquer l'opinion publique afin de déplacer et/ou d'élargir la fenêtre

les partisans dans la fenêtre  soutenant les politiques actuelles ou similaires  cherchent à convaincre l'opinion publique que les politiques situées en dehors de la fenêtre doivent être considérées comme inacceptables


































émettre

dégager

sentir

exprimer

manifester



il y a de la neige...

une chose qui rampe silencieusement


le jour est 

une étrange demi-nuit…

















les montagnes 

sont parties murmurant doucement quelque chose…


je me souviens ...


jours pâles

pâles comme la demi-nuit…  également étranges et tristes













répandre

révéler

suinter

respirer

produire

montrer

parfumer

pousser

puer

suer

épancher

rendre

proférer

odorer

lancer

fleurer

embaumer

transpirer

souffler

s'épancher

extérioriser

expirer

empuantir

empester

déverser

dégoutter

donner libre cours

évaporer



je me souviens des moments passés ...


jeter 

un coup d’œil à travers 

une fenêtre ouverte


une merveille ...


la grande pente 

des prés

des collines

la montée verte 


au loin des montagnes

sombres

vieilles

plus vieilles qu’un vieux rocher 

















l'état de Poésie 

consiste à organiser ma vie de telle manière que je puisse être constamment réceptif  Je ne peux donc pas assumer des responsabilités sociales et en même temps être réceptif au chant du merle le matin  à un son de cloche que j’entends l’après-midi dans la campagne  à la fermeture d’un café à deux heures quand on sort   les chaises sont sur les tables il y a une grande fatigue humaine dans ces moments d’extraordinaire plénitude la caissière finit ses comptes les derniers passants sont encore dans la rue   il faut être présent partout être disponible partout et cela implique un genre de vie  

Georges Haldas les entretiens de l’aube


















faites du non-agir
 
votre gloire 
votre ambition
votre métier
votre science 


le non-agir n’use pas  il est impersonnel 

il rend ce qu’il a reçu du ciel sans rien garder pour lui 

il est essentiellement 

un vide 


le sur-homme n’exerce son intelligence qu’à la manière d’un miroir il sait et connaît, sans qu’il s’ensuive ni attraction ni répulsion sans qu’aucune empreinte persiste Cela étant il est supérieur à toutes choses et neutre à leur égard






















l’absence 

de la parole est 

un long signe moins 

qui se dessaisit de son chiffre


poème-addition 

révélation esthétique 
qui permet au langage de transcender le réel


irruption dans le champ de la conscience d’une expérience d’un objet d’une personne ou d’un fait quotidien sous la forme d’une addition chargée d’émotion

susceptible de se transformer en mots et d’ajouter 
de la valeur au monde




parole  parole au fond des corridors

le mot se tarira et avec lui
nous ignorons quoi…

ici ici ici
le répéter à l’infini… 

redire
mémoire  mémoire 

jusqu’à ce que s’exhale
une odeur de vagues

hiver hiver hiver

il n’est pas de trop
le parfum
d’aubépine


de certains mots 

nous ne sommes jamais quittes

nous les redisons

nous ne les répétons pas 
























vendredi, mars 29, 2024

l’homme 
accompli se sert de son esprit 
comme 
d’

un miroir 

qui ne raccompagne pas ce qui s’en va

qui ne se porte pas au-devant de ce qui vient

qui accueille tout et ne conserve rien

qui de ce fait 
embrasse les êtres 
sans jamais subir de dommage




un poisson affolé 

































éparpille le cœur de l’eau 
au centre de l’homme pour y ouvrir 
l’espace où peut nager le silence du poisson 
son acrobatie 
d’absence







c’est 
la logique
anatomique 
de l’homme moderne
de n’avoir jamais pu vivre 
ni penser vivre qu’en possédé






la forme 
est un espace distinct
qui fait pression sur l’autre espace
comme le ferait 
une écorce




Elle dit ELLE      
mais elle pourrait très bien dire 
IL

il y a 

autant de 
i dans 

ELLE 
que dans
IL

ils parlent tous la langue d’Apollinaire





















il retourne les choses 
les mots
fait éclater tous leurs sens multiples 

Shakespeare a écrit 154 sonnets publiés dans son quarto en 1609 couvrant des thèmes tels que le passage du temps la mortalité l’amour la beauté l’infidélité et la jalousie

les 126 premiers sonnets de Shakespeare sont adressés à un jeune homme à qui il exprime son amour et les 28 derniers sont adressés à une femme la mystérieuse Dark Lady  qui enflamme son désir

jeune éphèbe et dame brune





















Sonnet 144 

Two Loves I Have Of Comfort And Despair


Two loves I have of comfort and despair,

Which like two spirits do suggest me still :

The better angel is a man right fair,

The worser spirit a woman coloured ill.

To win me soon to hell, my female evil,

Tempteth my better angel from my side,

And would corrupt my saint to be a devil,

Wooing his purity with her foul pride.

And whether that my angel be turned fiend,

Suspect I may, yet not directly tell ;

But being both from me, both to each friend,

I guess one angel in another’s hell :

Yet this shall I ne’er know, but live in doubt,

Till my bad angel fire my good one out.



transcription en français moderne  

sans considération poétique


J’aime deux personnes  

l’une me réconforte l’autre me désespère

Comme deux anges, elles me suggèrent toujours des choses. L’ange bon est un homme aux cheveux blonds ; le mauvais est une femme à la peau sombre. Pour m’emmener rapidement en enfer, ma diabolique compagne détourne mon bon ange de moi, essayant de le transformer en démon, le corrompant de son assurance diabolique. Et que cet ange se soit effectivement métamorphosé en démon est quelque chose que je soupçonne mais dont je ne suis pas sûr. Mais puisqu’ils sont tous deux loin de moi et amis l’un de l’autre, je suppose qu’un ange est à l’intérieur de l’enfer de l’autre. Je ne le saurai jamais, cependant, et je vivrai dans le doute jusqu’à ce que mon mauvais ange expulse mon bon ange de l’enfer.




















le pentamètre iambique 

de quoi s’agit-il 


dans 
une ligne de poésie 

un iambe 
est 

un pied ou 
un rythme composé d’
une syllabe non accentuée suivie d’
une syllabe accentuée


ou 
une autre façon de le penser est 
une syllabe courte suivie d’
une syllabe longue 

par exemple 
de-LIGHT le SUN for-LORN one DAY re-LEASE




























l’anglais est la langue parfaite pour l’iambe en raison de la manière dont les syllabes accentuées et non accentuées fonctionnent

de manière intéressante
l’iambe ressemble un peu à un battement de cœur


dans une ligne de poésie un  iambique  est un pied ou un rythme composé d’une syllabe non accentuée suivie d’une syllabe accentuée


pentamètre   Penta signifie cinq donc le pentamètre signifie simplement cinq mètres 

une ligne de poésie écrite en pentamètre iambique comporte cinq pieds = cinq ensembles de syllabes accentuées et non accentuées


en combinant ces deux termes le pentamètre iambique est une ligne d’écriture composée de dix syllabes dans un schéma spécifique d’une syllabe non accentuée suivie d’une syllabe accentuée ou d’une syllabe courte suivie d’une syllabe longue

exemple de pentamètre iambique 

le sonnet 18 de Shakespeare 

commence par 

Shall I compare thee to a summer’s day ?

cette ligne de poésie comporte cinq pieds donc elle est écrite en pentamètre 

et le rythme est iambique 

une syllabe non accentuée suivie d’une syllabe accentuée

Shall I | compARE | thee TO | a SUM | mersDAY ?


à rapprocher des battements d’un cœur 

da DUM | da DUM | da DUM | da DUM | da DUM


















jeudi, mars 28, 2024






ce voyageur ailé

comme il est gauche et veule 

lui

naguère si beau

qu’il est comique et laid 




















au

dessus 

des étangs au

dessus 

des vallées

des montagnes

des bois

des nuages

des mers  par

delà le soleil par

delà les éthers par

delà les confins 

des sphères étoilées 


élévation




à en croire Brueghel

c’était jour de printemps quand Icare sombra


un paysan labourait son champ


tous les figurants du grand cérémonial

de l’année étaient

fringants

effervescents 

près 

du bord de la mer affairée de son flot

suant sous le soleil

qui liquéfiait 

la cire des ailes


accessoirement survint au large

une éclaboussure assez imprécise


c’était

Icare dans les eaux s’abîmant



















un oiseau 

recule devant 

un soleil carré noir 


s’arrête à l’envers 

sur le fil métallique où se tait 

une pensée


la pensée recule à son tour devant l’oiseau

comme l’élastique d’

une fronde

qui lance des projectiles de silence


















ne te fais pas 

le réceptacle du renom

la résidence du calcul  


ne te comporte pas 

en préposé aux affaires

en maître de l’intelligence


fais plutôt par toi-même 

l’expérience du 

non-limité 


évolue 

là où ne se fait 

encore aucun commencement




il 
est possible 
que 

Dieu soit tout-puissant dans sa faiblesse 


il 
est possible 
que 

le libre arbitre existe 

même si 
c’est une pensée 
qu’on ne peut pas formuler



l’autre nom

dialogues sur la religion naturelle



il n’y a rien 

de si avantageux dans l’univers 

qui ne devienne souvent pernicieux par excès 

ou par défaut



tire pleinement parti de ce que tu as reçu du Ciel 

sans chercher à te l’approprier  

contente-toi du vide 
















elles dominent la nomination

elles renferment les projets

elles facilitent les tâches

elles guident l’intelligence


si les fleurs n’étaient que belles sous nos yeux elles séduiraient encore  mais quelquefois ce parfum entraîne comme une heureuse condition de l’existence comme un appel subit un retour à la vie plus intime

soit que j’aie cherché ces émanations invisibles  soit surtout qu’elles s’offrent qu’elles surprennent je les reçois comme une expression forte mais précaire d’une pensée dont le monde matériel renferme et voile le secret


la couleur 
est 
une autre façon 
de rassembler 
le silence




























je pense au mot cosmos 

il a signifié d’abord pour les Grecs 
ordre 
convenance  
puis 
monde  


la source de la poésie
ce sont ces moments où dans un éclair 
quelquefois aussi par 
une lente imprégnation 
ces trois sens coïncident
































tête noire la croix 
cordon  grand croisse baulet 

bénédiction

un nuage solitaire s’éloigne dans 
une grande nonchalance

JK

gribouillages 

dans calepins perso et pages tapées à la sauvage  

pour le plaisir


esprit enchanté 

malléable à tout ouvert & à l’écoute

ne jamais se cuiter hors de chez soi  

essayer

être amoureux de sa propre vie

















ce qu’on ressent réellement 

trouvera forcément sa propre forme


l'enivrante monotonie 


l’esprit

résolument frappadingue


babel d'escaliers et d'arcades


se barrer  

le faire si possible à perdre souffle


par une nuit bleue et froide de décembre


écrire tout ce qu’on veut du fond 

sans fond de l’esprit


les visions indescriptibles de l’être individuel


le sommeil est plein de miracles


pas de temps à perdre pour la poésie 

mais ce qui est et voilà tout


le gouffre a toujours soif


chatouillis visionnaires vibrionnant dans la poitrine


trois mille six cents fois par heure

la seconde chuchote 

souviens-toi 


dans la transe telle qu’elle advient 

fixer son rêve sur un objet 

là 

devant soi


piège de cristal



éliminer toute inhibition littéraire

grammaticale et syntaxique


mon gosier parle toutes les langues 


quant au temps

se faire vieux fumeur de joint façon Proust


récit de la véridique histoire du monde 

en monologue

intérieur


le centre d’intérêt du bijou c’est l’œil au-dedans 

de l’œil


la lumière et la clé 


écrire en état de remembrance et 

d’étonnement pour soi


sous un plafond de brume ou dans un vaste éther 


travailler depuis l’œil du milieu

tout en nageant dans l’océan 

de la langue


la poitrine en avant et les poumons gonflés 



accepter de tout perdre à jamais


je sens vibrer en moi toutes les passions

la tempête et ses convulsions 


avoir foi en le saint contour de la vie

blanc et neigeux




lutte pour dessiner ce flux qui d’avance existe 

à l’état pur dans l’esprit


savamment constellé de rimes de cristal


ne pas penser aux mots quand on s’arrête 

si ce n’est pour mieux 

voir l’image


garder trace 

de chaque jour à la date inscrite au blason 

du matin


vous êtes un beau ciel d'automne clair et rose 


ni peur ni honte mais dignité 

vie 

expression & savoir acquis


ordre et beauté


écrire 

pour que le monde te lise et voie les images exactes 

que tu en donneras


calme et volupté


bookmovie livre-film 

film en mots

forme visuelle de l’Amérique


éloge de la Personnalité 

au cœur de la Sinistre inhumaine Solitude


dans une chaude lumière


composition sauvage 

indisciplinée 

sans filtre 

survenant de tout-en-bas 

plus c’est fou mieux c’est


soleils mouillés 

ciels brouillés 


génie  

voilà ce que tu es

tout le temps


tu ressembles parfois à ces beaux horizons 


scénariste-Réalisateur de films Terrestres 

Sponsorisés & Angélisés 

au Paradis






au moment où 

le soir approche dans le jardin d’hiver

laissant apparaître la lune


elle cueille 

une grappe de raisin noir

qui rafraîchit 

ses doigts




























mercredi, mars 27, 2024


longtemps 
ils préférèrent dessiner 


les animaux les plus imposants et redoutables 
qui n’étaient que rarement chassés 


les dessiner constituait 
un premier expédient habile pour les imiter 
et en circonscrire 
la puissance


en revanche les figures humaines dessinées sur les roches demeurèrent longtemps marginales et occasionnelles 

la manière la plus habituelle immédiate et compréhensible pour se représenter soi-même consistait pour les hommes à se dessiner sous la forme d’animaux composites entourés d’autres animaux




















méthode 

commencer 
peut-être 
par 

saper 
la confiance en soi 




























se vider

réduire la vanité

ne plus savoir

écrire 

ensuite 

casser l’écrit 

trouver dans les miettes qui restent de quoi encore écrire 

parce que ce sera ça ou rien 

là 

on commence d’ordinaire à arriver sur zone 



*








lorsque 

vous vous sentez perpétuellement démotivé 

vous commencez à remettre en question 

votre existence de manière malsaine 


tout devient 

une question pseudo-intellectuelle 

à laquelle vous n’avez aucun intérêt à répondre 


tout ce processus devient votre peau même 

il ne vous affecte pas seulement  

cela vous définit 

en fait 


ainsi 

vous vous considérez comme 

une figure obscure 

indigne de développer un intérêt

indigne de s’interroger sur le monde

 

profondément indigne dans tous les sens du terme 

et profondément absente 

de votre présence 

même

















chaque poème 
est profondément enfoui sous les pieds 
du poète

il ne faut pas vouloir ajouter à ce qu’on a ce qu’on avait 

on ne peut pas être à la fois qui on est et qui on était 

il faut choisir 

on n’a pas le droit de tout avoir 

c’est défendu 


un bonheur est tout le bonheur 

deux 

c’est comme s’il n’existait plus


























le livre 
s’ouvre avec 
la relation amoureuse












le juste est de ne point parier 

ouimais 

il faut parier


cela n’est pas volontaire

vous êtes embarqué 


lequel prendrez-vous donc = dans quel sens parierez-vous 

?



nous ne sommes pas au monde


je vous passe 

le saccage 

le dommage

le forçage 

la rage 

le vertige et le naufrage

qui me réveille chaque fois si vivant







ça va bien dans la nuit glacée 


rien 
ne dégrise
mieux la conscience 
que la méditation des nécessités 
diverses qui l'encadrent et la légalisent...