mardi, février 27, 2024




Iana Stanislavovna Diaguiléva 

en russe 
 
Яна Станиславовна Дягилева 

née le 4 septembre 1966 à Novossibirsk 
morte en mai 1991  

une chanteuse et poétesse russe surnommée 

Yanka






















son nom tout comme celui d’Alexandre Bachlatchev est celui du magnitizdat des temps de la perestroïka ce réseau d’édition informel  l’équivalent du samizdat en littérature utilisant les enregistrements sur les bandes magnétiques et celui des kvartirniks du russe квартира  appartement ces petits concerts improvisés entre amis qui s’invitent les uns chez les autres

surnommée parfois Patti Smith du punk russe elle se démarque par son côté solitaire elle refuse de donner les interviews

le 9 mai 1991 elle part de sa maison de campagne près de Novossibirsk pour ne plus revenir 

le 17 mai son corps était retrouvé par un pêcheur dans la rivière Inia 

sa mort est officiellement reconnue comme suicide

elle est enterrée à Novossibirsk 
sur la question de sa mort Skalova évoque les nombreux doutes sur sa cause

A noter qu’elle a été repérée par l’extraordinaire passeur qu’est Jean-Baptiste Para qui a donné quelques traductions de ses poèmes









Trouer la brume du paradis est une introduction à la vie et à l’œuvre de Yanka Diaghileva comète qui brilla brièvement à la fin des années 80 sur la scène punk d’une Union soviétique à l’agonie 

Elle a 25 ans lorsque son corps est repêché 
sans vie dans les eaux de la rivière 
Inia en Sibérie

Les raisons de sa mort 
n’ont jamais été réellement élucidées 

Marina Skalova traduit et commente 
un ensemble de textes de 
Yanka 

Des mots écrits dans une langue abrupte 
qui charrie des images étranges imprégnées d’éléments 
folkloriques et mythologiques 

Qu’il s’agisse de paroles de chansons ou de poèmes ils racontent une existence orientée par l’urgence et la précarité mais aussi par la nécessité de ne pas plier aux exigences d’un État dictatorial moribond 

Yanka est la figure de proue d’un punk sibérien sorti de rien pour venir  trouer la brume du paradis dans laquelle aime à se dissimuler l’enfer des régimes totalitaires


Au bord des pôles

il y a 

des milliers 
de kilomètres 
de rien ou 
de presque rien 



dans ce presque réside la différence 

le presque est la brèche d’où le punk peut surgir


*


Un poème de Yanka Diaghileva traduit par Marina Skalova


Comment vivre – on te le dira en réunion

Boire quoi – t’as qu’à lire l’oukase

Manger quoi – rubrique « conseils utiles »

La vie mode d’emploi – lis l’oukase trois fois

Et deux fois le papier sur les fusées ailées



Où vivre – va te renseigner au comité

Avec quoi – quelle question futile !

Chanter quoi – le parti va te l’indiquer

Sois un guerrier, rends-toi utile


Avec qui coucher – demande à la cellule

On t’y donnera une réponse conforme

Chaque indécence te couvre de honte

Cris « non » aux guerres des étoiles 




Trouer la brume du paradis

L’Ours Blanc 

n° 39 

par Tristan Hordé


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