samedi, janvier 13, 2024


il lui faut

dans la même lumière cacher là où il s’agit 

de montrer mais aussi 

de montrer là où elle voudrait cacher et 

d’abord se cacher


décrire 

un paysage 


vu par 

un oiseau


ne pas mentionner l’oiseau


















l’expérience

 

d’une mise à nu 

de la parole qui semble 

devancer sa propre inquiétude pour coïncider 

avec son surgissement




l’effacement 

du langage résulte 
de la substitution 
du mouvement sorte 
d’abandon 
de soi
de laisser-aller et 
d’acceptation 
de cet abandon

 
le poème est 
douloureux 
car 

il n’a plus la force
  
il s’accroche à l’inertie 
il se déprend du réel

il se cherche 
une méthode pour tenir debout dans 
un ailleurs diffus 

le repos lui est interdit 

le silence imposé 

la prose finale achève le renfoncement dans 
une matière atone 

la reconnaissance 
de l’impossibilité de la langue 
où il faudrait marquer sa place dans le monde

le poème est ce mensonge 

l’usage 

de la parole comme blessure à sa propre pensée 

et comme destruction 

de soi


la lenteur qui prend la gorge 


la langue qui expose 

sa maladresse 

se dissout dans l’ordre des choses

se retire du sentiment pour chercher refuge dans l’habitude


ce qui reste après 

destruction 

du langage est ce qui a nourri l’espoir 

d’un temps passé ce qui n’a pu être 

dit ou ce qui a été 

dit 

dans 

un lieu qui se manquait à lui-même


















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