vendredi, novembre 03, 2023



mon cœur

est comme la lune d’automne























pure et immaculée sur le lac de jade

rien ne peut servir de comparaison…

dites-moi comment l’enseigner 


les yeux du dragon Daniel Giraud


qui pourrait nous 
dire la fin 

des changements 
sans fin


ivre de tao


l'homme 
du Tao est sans affaire sans idéologie
 
unique et détaché 
libre comme le Souffle





Daniel Giraud 

né le 10 janvier 1946 à 
Marseille 

mort le 6 octobre 2023 à 
Saint-Girons 

un essayiste traducteur et poète 

libertaire français 


musicien 
de blues sous le nom de scène 
Dan Giraud


il a traduit des poèmes d'écrivains chinois tels que Li Po Hanshan Ryōkan Sengcan et écrit des textes et récits sur la pensée chinoise chan ses voyages l'alchimie et l'astrologie





















la violence naît 

de la peur 

de la faiblesse 

de l'angoisse

de l’ignorance  

de l’agitation


pour mâter la violence 

ce dont nous avons le plus besoin est 

de se libérer 

de la peur 





















pour gagner cette liberté 

il nous faut

changer 

notre point de vue sur la vie et l’orientation 

de notre esprit 


la violence est en régression

quand les hommes fondent leur foi sur la réalité et la recherche 

plutôt que sur l’ignorance et les

préjugés
























le mode de travail est marqué par les techniques 

de l’archivage 
de la collecte  
de la fabrication

extraire transférer découper 
monter coller
 


l’inspiration
s’enflamme devant l’abondance des matériaux. 

images 
documents et perceptions 
livrent leur secret au regard en profondeur






























 

elle s’intéresse à l’à-côté 

elle aime la pensée sur les marges 
pour pénétrer de là 
jusqu’au milieu  

elle emploie volontiers le terme  
architectural 

sa capacité d’immersion et d’ouverture aux associations 
lui fait découvrir l’essentiel 
dans le détail 



les 
fragments 
s’articulent 
les uns aux autres en 
une formation nouvelle 

dont 
elle fait quelque chose 
d’inimitable






























il voulait voir le maître

aussitôt reçu 

il demanda  

qu’est-ce que Dieu 


d’un doigt sur le bouton électrique 

le maître plongea la pièce 

dans l’obscurité




















le jeune homme reprit  il faut donc y renoncer 


le maître 

d’un geste identique ralluma  

ses yeux souriaient avec bonté



*


Choses 
Corps
Paroles
Animaux 
Surfaces et creux dans les surfaces 

Musiques 
Mouvements et flux 
Mouvements des musiques 

Mouvements des corps
Musiques des paroles musiques des corps 
Mouvements des paroles flux de paroles

Déplacements 
des animaux à la surface des choses 

Choses avec des corps 
trouant et creusant la surface des choses 

Corps faisant des creux 
des trous dans la surface des choses 
Avec surface des corps eux-mêmes troués creusés
 
Corps en qui et hors de qui : infinité 
de choses et d’animaux 

En mouvement 
À l’arrêt 

Avec des temps d’arrêt 

parfois  



Une fois 
Un temps d’arrêt 
Ici
Une image aveugle

















si 

une crise 

se caractérise par une absence de lien ou du moins de cohérence entre une vision du monde et les connaissances disponibles sur le monde à ce même moment et donc par le fait que ces deux plans ne fonctionnent plus de manière parallèle ou complémentaire alors ce que nous vivons aujourd’hui constitue bien 

une situation de crise


*
















quand je regarde la Lune par une nuit dégagée je ne vois pas un satellite de la N.A.S.A. même si je sais que ce que je vois est un satellite appartenant à la N.A.S.A. je continue à voir un satellite naturel de la terre 

ma vision du monde n’intègre pas ma connaissance 

cette absence d’intégration de la connaissance à la vision est caractéristique de situations déterminées que nous appelons  crises  

il est probable que les Grecs de l’Antiquité savaient que la Lune est une sphère mais ils continuaient à voir en elle une déesse 

il est probable que les mélanésiens savent que la lune est un satellite de la N.A.S.A. mais ils continuent de voir en elle un symbole de la fertilité 





dans 
une situation 
de crise la vision 
du monde 
ne parvient pas à intégrer 
la connaissance  































le vocabulaire est conçu 

d’après les 
données 
de l’espace à trois dimensions 

il n’existe pas 
de mots capables 
de définir exactement les impressions bizarres 
que l’on ressent lorsque l’on s’élève pour toujours au-dessus 
du monde 
des sensations habituelles 

la vision de la quatrième dimension 
nous 
découvre 
des horizons absolument nouveaux 




































elle complète notre compréhension du monde  

elle permet de réaliser la synthèse définitive de nos connaissances 

elle les justifie toutes même lorsqu’elles paraissent contradictoires et l’on comprend que ce soit là une idée totale que des expressions partielles ne sauraient contenir

du fait que l’on énonce une idée au moyen de mots en usage on la limite par là même au préjugé de l’espace à trois dimensions 

or si nous savons que les trois dimensions géométriques  largeur hauteur et profondeur peuvent toujours être contenues dans une idée,ces trois dimensions par contre,ne peuvent jamais suffire à construire intégralement une qualité que ce soit une courbe dans l’espace ou un raisonnement de l’esprit

et de cette différence non mesurable par des quantités que faute de mieux nous appelons quatrième dimension de cette différence entre le contenant et le contenu, entre l’idée et la matière entre l’art et la science ni les chiffres ni les mots construits à trois dimensions ne peuvent rendre compte






il arrive 
que vous vous retourniez sur vous-même

vous êtes un 
dos vu 
de 
dos 

quand bien même ne se poserait plus la question que 

de vous rendormir et tout 

devient si noir