lundi, février 13, 2023






En décembre 2019 un article consacré aux ours blancs qui approchaient inhabituellement du village de Ryrkaïpii au bord des rives arctiques de la Tchoukotka à l’extrémité nord-est de la Russie m’a fait écrire 

une hilarotragédie sensuelle 

































jusqu’au printemps 2020 l’ours en est devenu le héros ou l’antihéros non fatigué

dans la chasse de l’époque qui renouvelle la danse des atomes de tous entre désir faim et pensée l’animal-guide c’est ici Monsieur-Madame Tout-le-Monde

chacun rêve à l’origine des choses à l’ironie de la communauté et n’en revient pas

qui est l’homme qui a vu l’ours qui a vu l’homme 

des femmes légendaires ou réelles comme modèles un révolté ascétique un voyageur tatoué et déclinant un possible affolé retiré etc. sont les personnages d’une semi-tragédie lyrique et les avatars de la bête voisine que les humains  les inhumains  plutôt s’efforcent d’entendre dans la peur

sorte d’idylle comique également Ryrkaïpii est une suite à Dans de la nature 2003 écrit en marge du Poésie naïve et poésie sentimentale de Schiller.

Ph. B.





moine athée 

avec 

un vrai système

des champs 

Dom Léger

et 

Achab-qui-dure 

cinézootrope

qui dit son dire 


jongleur et patineur 

je prépare 

une splanchnologie

un extérieur

du poème asoleillé
















une idole une vue une limace et un paon 
une courge sonore et 
une cloche 


poème liminaire sur la carte


son 
cœur était sculpté par l’amour 
d’

une idole 

mais

puisqu’elle était là

à quoi bon sculpter l’image adorée 




















tout écrivain est tenu au moins de revêtir 

de lumière

et 

de pourpre 

la pure trivialité


nous ne pouvons faire parler que nos tableaux



Baubô 

fait rire la pierre animale

 

Carnavalier 

trace 

une vue

à vol d’oiseau 

dans le genre des marines


les vagues vont comme des dômes


elles doivent travailler le souvenir seulement


palais 
mental est fruit 
d’

une limace et d’un paon


c’est 

une courge sonore

une cloche qui fume les combles


















Aurélien Barrau 

comment habiter poétiquement le monde
 

ni 

un drame écologique 

ni 

une crise climatique 

ni 

un délitement social  


une catastrophe civilisationnelle

voilà où nous en sommes



























































ou peut-être
pour le dire comme Jean-Luc Nancy
 
une  maladie de l’esprit  

régime d’aliénation ou d’ensorcellement 

pas seulement intenable
mais également insouhaitable

le techno-solutionnisme rate si profondément la problématique qu’il contribue activement à l’effondrement qu’il feint de vouloir endiguer

l’enjeu est axiologique
ontologique et 
symbolique 

il est donc fondamentalement poétique

non pas accessoirement ou métaphoriquement 
mais principiellement et littéralement.

il est cosmopétique ou
sans doute plus précisément chaopoétique


mais que peut aujourd’hui signifier  
habiter poétiquement le monde 

il faut le faire

cela ne fait plus de doute 

mais qu’est-ce que le faire 

tout à l’inverse d’
une posture vaguement esthétisante ou d’
un fantasme romantico-nostalgique 
il ne peut s’agir 
que d’

une injonction ou d’une exigence 

d’une anxiété aussi

quel commun entre la lecture d’un sonnet de Ronsard et l’élaboration d’un tiers-lieu alternatif qualifié de  poétique 

certainement pas la beauté 

peut-être
au contraire 
une certaine manière 
de n’avoir pas besoin de la beauté 

ou 
ce qui revient au même
un savoir-indexer-le-beau-à-l’existant 

ce qu’on pourrait encore formuler 

jouer Kant contre 
Kant

vagabondage à l’orée de la convenance

en lisère du licite

en vie

habiter poétiquement le monde c’est aussi nécessairement 
et sans doute plus profondément encore  
être poétiquement habité par le monde 

bi-perméabilité

devenir poreux à l’infime

ouvert à l’infection 

gorgé de là


le poiesis est 
un faire

mais l’étymologie 
peut s’avérer trompeuse 


il est aussi 
justement question 
de savoir ne surtout pas faire


non pas de défaire mais de suspendre 

d’interrompre 

de cheminer en syncope de soi

c’est donc d’
une sémio-poiesis qu’il s’agit 

créer des signes

catalyser leur pullulement

être poète ce n’est pas nécessairement écrire  suivant ce régime de précision extrême de rigueur obsessionnelle de connaissance et de transgression des règles qui caractérise le genre littéraire diffus et polymorphe nommé  poésie 


ce serait
au-delà ou en-deçà 
un vœu de subversion 
du banal et de perversion de l’attendu

ce serait 
une connivence avec l’indice 

en affidé du stigmate et complice du symbole

n’avoir plus peur de la prolifération des centres 

s’innerver de la singularité de l’ordinaire

se repaître d’épiphanies continuées

un désenclavement

il serait un peu facile de nommer cela une  esthéthique 

plus explicitement peut-être  

un goût pour l’interstice

un amour du hiatus

un penchant pour la marge


un habiter-la-faille

en tant qu’elle fraye 
une passe résolument vicinale


ne plus voir sans s’émouvoir

ne plus entendre sans s’astreindre 

et s’attendre aux limites du signifié

une exigence une ek-sistance 

une contre-raison qui trahit l’origine et l’héritage

volonté farouche de signifier contre à l’ombre de l’autre

en extase de s’être

renversement du performatif  

l’événement fait la langue

et

finalement 

tout recevoir 
mais ne rien accueillir 
que dans l’inchoatif du toucher 

en bandit du logos 
en pirate du nomos 

avec tact et intransigeance

aux confins du sensible

faire corps avec le monde

faire monde avec les chœurs

sans concession ni indulgence  

un savoir s’étonner à l’aune de l’enfoui 

un percept amoureux















Aurélien Barrau

























 


voix/musique 

voix/bruitage

voix/silence 

voix/voix


musique/ bruitage 

musique/silence



la poésie

ça réduit à la cuisson 

c'est pourquoi il en faut énormément au départ




















tête-Aile 

la feuille ronde

est système suspensif

surface enchantée 

laisse

de vagabondage 

couverte de rosée




poursuites  chute  

forêt 

descente   passant   corde 

palper   palpiter  venue  évasion 

ricochet   copeau  

feuille 

lynx …  


ils soutiennent 

la tension vers le dehors et soulèvent 

son désir

 

ils portent et guident 

la rêverie du promeneur qui explore le dehors 

en l’effleurant 

attentif à 

l’invisible 

de chaque existence 





entrées d’index

Keywords 

disruption révolution cosmologie 

nouvelle conceptualité

limite anthropie

néguanthropocène mondéanisation

culture


nous ne sommes plus dans le discours de la révolution mais dans celui de la mutation de la métamorphose du post-humanisme de la rupture anthropologique 

l’anthropocène est 

une étape vers autre chose

le néguanthropocène 

mais comment faire 

une politique de la disruption 


ouverture 
brusque 
d'

un circuit électrique

 

là est le véritable enjeu qui est 

un enjeu cosmologique

et parce que l’on affronte des réalités inédites 

une nouvelle conceptualité 

est requise


















imaginons

ce que pourrait être

la cosmologie des termites


ces insectes extraordinaires

à la civilisation fascinante pourraient se demander

pendant des siècles


pourquoi l'univers

n'est composé que de bois






















et même 
en découvrant 
toutes les théories physiques 
éventuellement bien au-delà de notre 
compréhension d'humains elles ne trouveraient 
aucune réponse à cette question









il arrive que pour soi
l’on prononce quelques mots
seul sur cette étrange terre
alors la fleur blanche
le caillou semblable à tous ceux du passé
la brindille de chaume
se trouvent réunis
au pied de la barrière
que l’on ouvre avec lenteur
pour rentrer dans la maison d’argile
tandis que chaises table, armoire
s’embrasent d’
un soleil de gloire

exister dans exister suivi de Territoires 







comme l'or est la matière des bijoux
de la même manière
la sensation
je suis
est la matière 
de tous les mots



































le mot antinomie 

contradiction opposition totale 


s'imposerait jusqu'à

un certain point


puisqu'il s'agissait bien

dans l'ordre 

de la loi 

nomos

de contradictions ou d'antagonismes 

entre 

des lois également impératives



















le mot  nomos  fut utilisé plus tard durant la période sophiste 

Il provient du verbe nemoo  signifiant  distribuer   

Nomos  représentait la croyance selon laquelle la distribution des biens et des droits entre les personnes était l'œuvre de l'homme et non des dieux






















est-ce encore de la science


chacun en a omis le défini

et le retrouve par l’art d’

un bâton

l’ange 

des ripple-marks


le classique du non-vide apparaît


ces univers multiples quels qu'ils soient 

quoi que puissent être 

leurs élégances ou 

leurs inévidences 

leur splendeur ou 

leur hideur 

demeurent absolument 

inaccessibles



colombe significative

ou 

instance gazeuse 

bijou de laiton

à l’extraordinaire entêtement banal

le vitrologue dévoile 

un poisson

comme lunette d’approche


chaque minimum

correspond à

un lot de lois effectives différentes


le porc 

de rivière 

et le chaudron


un paysage possible pour la théorie des filins


dauphin 

à grosse tête

je capte le fourmi-lion

vers le marais prospecté

















je forme mon caractère sans nom


entre 

connexion douce 

et 

syntaxière













le thyrse aux fleurs de désert

trace le cylindre 

sur la plage













la charmeuse de serpents

et 

connexion 

rude étrangère

qui 

de loin réveille l’âme corporelle


tête

antioreiller 

plein d’

Éjur chantée

ou de

béhuliphruen aux grands catalpas


la zone 

restreinte détaille

les clauses du célibat peintre



exercices élastiques 

de l’administration

décrets 

de simplification

tactiques 

du 
devoir 
dans 

un manteau

de caoutchouc


schématismes-leviers drills et knouts

y apparaissent 

selon 

la liberté des forêts 

pour se défaire 

des pressions