mardi, février 07, 2023



voilà qui est fâcheux 

c’est toujours la vielle histoire 

lorsque l’on a fini de se bâtir sa maison on s’aperçoit soudain qu’en la bâtissant on a appris quelque chose qu’on aurait dû savoir avant de… commencer


l’éternel et douloureux  

trop tard 

la mélancolie de tout achèvement 




































ce chant est fini 

le doux cri du désir

est mort dans ma bouche 


c’était 

un enchanteur 

l’ami du bon moment

l’ami du midi 


non 

ne demandez pas qui

il était midi 

quand 

un est devenu deux……




















dans 
les écrits 
d’

un solitaire
 
on entend 
toujours quelque chose 

comme 
l’écho du désert 

comme 
le murmure et le regard timide 
de la solitude 






























dans ses paroles les plus fortes 
dans son cri même
il y a 

le 
sous-entendu 
d’

une manière 
de silence et de mutisme 

manière nouvelle et plus dangereuse 


pour celui qui 

est resté pendant des années 
jour et nuit 
en conversation et en discussion intimes 
seul avec son âme 

pour celui qui 
dans sa caverne 

elle peut être 
un labyrinthe mais aussi 
une mine d’or 

est devenu 

un ours 
un chercheur  
un gardien du trésor 
un dragon  

les idées finissent par prendre une teinte de demi-jour une odeur de profondeur et de bourbe quelque chose d’incommunicable et de repoussant qui jette un souffle glacial à la face du passant 

le solitaire ne croit pas qu’un philosophe  en admettant qu’un philosophe ait toujours commencé par être un solitaire ait jamais exprimé dans les livres sa pensée véritable et définitive 

n’écrit-on pas des livres 
précisément pour cacher ce qu’on a 
en soi  

il ne croira pas qu’un philosophe puisse avoir des opinions  dernières et essentielles  que chez lui derrière une caverne il n’y ait pas nécessairement une caverne plus profonde  un monde plus vaste plus étrange plus riche au-dessus d’une surface un bas fond sous chaque fond sous chaque  fondement  

toute 
philosophie 
est

une  philosophie de premier plan 

c’est là 
un jugement de solitaire 


il y a quelque chose d’arbitraire dans le fait qu’il s’est arrêté ici qu’il a regardé en arrière et autour de lui qu’il n’a pas creusé plus avant et qu’il a jeté de côté la bêche 

il faut 
voir en cela 
une part de méfiance





toute philosophie cache aussi 
une philosophie
 
toute opinion est aussi 
une retraite
 
toute parole 
un masque





























 

ma poésie organique

grandit 

à partir des lignes de fuite 

de ses propres 

matériaux





















recannibaliser 
une poétique antérieure

plutôt qu'inventer 
ex-nihilo

être
un mouvement intersémiotique
à soi tout seul

un planétarium 
de signes en rotation dont les événements pivots
comme des signes typographiques
s'appellent et se répondent


je suis
une somme 

de fichiers labyrinthiques 
qui ne mènent 
nulle part


tous 
les poètes 
modernes réécrivent 
le même poème universel 
inachevé

le livre



nous célébrons unis 

la fête des fêtes

le monde rit

le noir rideau s'est déchiré

la lumière à l'obscurité s'est unie































 

les effets 
de l'éveil comprennent

un imperturbable 
détachement 

vis-à-vis 

des biens extérieurs

du rang social

des honneurs et des personnes



















une certitude 

à toute épreuve quand à la vérité


une ineffable paix céleste 

que toutes les perturbations et les vicissitudes 

ne sauraient atteindre


une acceptation 

de la justesse générale 
de la situation 
de l'univers au sein duquel 
chaque entité et chaque événement joue son rôle

une impeccable sincérité 

qui dit ce qu'elle pense 

pense ce qu'elle dit






la nuit

le sage ne se retire pas dans l'obscurité 

l'ignorance du sommeil 

ordinaire

mais dans 

la lumière de la conscience


la transcendance

qui ne connaît jamais de suspension