jeudi, janvier 05, 2023


le mystère n'est pas 

un mur 

où l'intelligence se brise 

c'est 

un océan 

où l'intelligence se perd


*
























celui qui 
a tant soit peu contemplé le Soi n’aura plus besoin d’aucun dieu ou déité  
en fait il n’aura besoin de rien 
un tel être ne blessera même pas la plus petite créature

après 
la réalisation de votre essence vous ne demanderez plus rien 

le corps n’est pas votre création 
ni celle de vos parents ou de Dieu

il a été créé spontanément

comparés à la connaissance de votre véritable nature tous les lieux saints du monde ne sont rien

c’est éclairé par votre propre lumière que les lieux saints prennent leur importance



*




vieillir 

gagner en transparence 
ce qu'on perd 
en couleur






























Valéry 

développa la question pour lui essentielle du langage intérieur et de la self-consciousness notion récurrente dans les Cahiers qui désigne la surconscience à savoir une conscience de soi suffisamment puissante pour arrêter le cours ordinaire de l’esprit et introduire 

un écart dans le fonctionnement psychophysiologique





























le langage joue dans cette self-consciousness un rôle indispensable en ce qu’il instaure les conditions du dialogue avec soi : 

il permet au sujet de s’objectiver et de créer ici encore l’écart ou la distance nécessaire 

finalement note Valéry 

ce qui est
le plus 
nous 

c’est 
notre réaction à l’idée qui vient 
de nous 

quand nous créons par l’esprit  c’est notre réaction plus que notre création qui est nôtre

parce que cette réaction rend la chose créée comme étrangère et nous arrivons ainsi au rôle du langage intérieur dans la formation d’une œuvre






















Amor fati 

une locution latine qui fut introduite par le philosophe allemand Friedrich Nietzsche au XIX siècle 
et non par le stoïcien romain Marc Aurèle comme on le dit parfois

Amor fati signifie  
l'amour du destin  ou 
l'amour de la destinée  ou 
plus communément le fait  d'accepter son destin 









l’amor fati est souvent assimilé au fatalisme mais c'est un contresens 

l’amor fati doit plutôt être considéré comme un amour du devenir et du chaos que constitue parfois la réalité. 

cet amour n’est pas une résignation passive face à ce qui arrive ce n’est pas une obéissance servile aux évènements


certes l’amor fati a pour conséquence d'accepter son destin d'accepter cette fatalité qui nous dépasse et dont nous faisons partie nous aussi nous qui sommes 

un pan de fatalité


mais le fait que Nietzsche souligne de façon assez stoïcienne cette prééminence du destin et de la fatalité n’est pas un argument suffisant pour réduire l’interprétation de l’amor fati à un simple fatalisme

en quoi 

l’amor fati dépasse-t-il le fatalisme 

?


premièrement l’interprétation du réel comme amor fati permet précisément aux yeux de Nietzsche de libérer l’homme d’une certaine fatalité celle de la morale et de sa condamnation

au contraire de la morale platonico-chrétienne qui en insistant sur le rôle d’une libre volonté et de la centralité du choix vise sournoisement selon Nietzsche à culpabiliser l’homme pour le rendre obéissant l’amor fati s’inscrit dans une tentative de déculpabilisation de l’homme :


nul

n’est responsable 

d’exister de manière générale 

d’être 

comme ceci ou cela 


Nietzsche tente ici de renouer avec la vision grecque du tragique telle qu’il la perçoit chez Eschyle et Sophocle ainsi que chez les philosophes présocratiques 

une vision où les notions de faute et de péché n’existaient pas


deuxièmement une compréhension commune du fatalisme le rapproche d’un sentiment de dépassement face au réel qui de toute façon suit ses propres règles sans nous demander notre avis

l’homme gagné par la fatalité du monde serait celui qui se demande sans cesse  À quoi bon ? puisqu’il semble que le monde vive aussi bien sans lui et qu’il ne puisse pas le modifier concrètement 

or ce fatalisme-là est explicitement condamné par Nietzsche qui le désigne sous le concept de nihilisme

le  À quoi bon ?  est pour Nietzsche un symptôme de décadence une parole d’homme malade dont la volonté de puissance est déclinante 

au contraire l’amor fati est l’interprétation de l’homme affirmateur suffisamment affirmateur pour englober le réel tout entier avec toute la part d’horreur et de chaos qu’il comprend voire pour le dépasser


ce dépassement est un point souvent oublié de l’amor fati : contrairement à ce que l’on pense souvent l’interprétation de l’amor fati est parfaitement compatible avec l’idée de changer le monde 

tout dépend de ce que l’on entend par changement 

aimer le réel pleinement, selon Nietzsche c’est certes renoncer à le placer sous le joug d’un quelconque arrière-monde  religion moral philosophie idéaliste qui n’existe que comme vecteur de valeurs négatrices haineuses face à la réalité cette réalité unique qui est la nôtre


mais changer le monde ne signifie pas forcément chercher à le soumettre à un arrière-monde ce peut être-aussi chercher à l’affirmer toujours plus chercher à créer des valeurs toujours plus affirmatrices 

affirmer le monde ne revient donc pas à le conserver simplement tel qu’il est ou pire à chercher à ce que rien ne change jamais en lui

être un homme  affirmateur   un de ceux qui embellissent les choses  ce n'est pas s’extasier devant un réel fatalement immuable ou chercher à tout prix à trouver de bons côtés à un monde atroce sans jamais le changer concrètement. 

au contraire de nouvelles valeurs signifient chez Nietzsche de nouvelles configurations des rapports pulsionnels modelant la réalité donc une nouvelle réalité 

si l’on suit l’hypothèse de la volonté de puissance selon laquelle le réel n’est qu’un tissu interprétatif de pulsions on comprend qu’aimer le réel c’est précisément l’aimer au point de chercher à réaliser la configuration pulsionnelle la plus affirmatrice possible


l’amor fati est la conviction profondément ancrée en soi que le devenir et le chaos sont bénéfiques parce qu’ils nous permettent d’exprimer notre puissance afin de nous épanouir

ce concept s'illustre par cette citation de Nietzsche  

Tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort

Crépuscule des idoles 1888


en effet tout événement qui survient même le plus atroce est l’occasion de se dépasser de devenir plus fort et donc de se sentir plus vivant et plus affirmatif

c’est pourquoi la souffrance en elle-même n’est pas rejetée par Nietzsche 

elle fait partie de la réalité et elle est à la fois inéluctable et nécessaire 

il est donc vain et inutile de chercher à la supprimer mieux vaut chercher à la maîtriser car cette maîtrise aboutit à la création étape nécessaire dans l'accomplissement de l'être menant à la figure du surhomme.


ainsi l’amor fati permet de comprendre que toute la réalité est bonne 

par conséquent alors que tout le malheur de l’homme est de se sentir étranger sur cette terre l’amor fati lui permet de se réconcilier avec la réalité 

il permet d’affirmer 

un idéal 

celui de l’homme le plus généreux le plus vivant et le plus affirmateur, qui ne se contente pas d’admettre et d’apprendre à supporter la réalité telle qu’elle fut et telle qu’elle est mais qui veut la revoir telle qu’elle fut et telle qu’elle est pour toute l’éternité qui crie insatiablement da capo en s’adressant non pas à lui mais à la pièce et au spectacle tout entier et non pas seulement à un spectacle mais au fond à celui qui a besoin de ce spectacle et le rend nécessaire parce qu’il ne cesse d’avoir besoin de soi et de se rendre nécessaire  

Par-delà bien et mal 1886
















explosé

via 

les grammes primordiaux


alléger le vide

autour


hors pesanteur




















réduit au singulier

ancêtre


amour

l'amour pardonne


vue délimitée

Luciférienne & indisciplinée


des minéraux 

et des minéraux de roche