vendredi, février 24, 2023


le pouvoir 

exige des corps tristes


le pouvoir

a besoin de tristesse parce qu'il peut 

la dominer 


la joie 

par conséquent est résistance parce qu'elle 

n'abandonne pas

















la joie 

en tant que puissance 

de vie 

nous emmène 

dans des endroits 

où la tristesse 

ne nous mènerait 

jamais



*


La mémoire ne se partage pas


Elle se tisse dans le silence intime de nos pensées elle se nourrit de ce que nous avons vécu et de ce que nous avons cru comprendre du monde

On peut raconter transmettre des images ou des récits mais l’expérience réelle reste prisonnière de l’âme qui l’a traversée

Même les mots les plus précis les photographies les plus exactes ne font qu’effleurer l’ombre de ce que nous avons été


Lorsque nous parlons de notre passé nous offrons aux autres des fragments polis par le langage mais jamais le feu jamais le parfum jamais le frisson véritable

Chaque souvenir est une île et les ponts que nous tentons de construire pour les relier aux autres sont toujours des ponts de vent flottant entre nos subjectivités

Ainsi partager la mémoire n’est pas la donner mais l’exposer la mettre en miroir

Et dans ce miroir l’autre ne voit jamais exactement ce que nous avons vu  il voit sa propre interprétation son propre écho

C’est dans cette impossibilité que réside la beauté et la tragédie de la mémoire  elle nous appartient entièrement et pourtant elle nous lie aux autres par le vide et par l’écho

Peut-être est-ce là le paradoxe fondamental de l’existence : nous sommes seuls dans nos souvenirs et pourtant ce sont eux qui tissent la fragile toile de notre humanité commune





La mémoire ne se partage pas

On peut la raconter la montrer la peindre…

Mais elle reste à l’intérieur intime intransmissible

Et pourtant dans cet impossible partage

c’est elle qui tisse nos liens les plus vrais



Le devoir de mémoire 

affirme qu’il faut se souvenir pour éviter que le passé ne se répète


Mais peut-on vraiment faire d’une mémoire un devoir 

La mémoire n’obéit pas   elle est vivante plurielle souvent douloureuse 


En vouloir faire une obligation collective risque d’en figer le sens 

et de transformer le souvenir en simple rituel

Une mémoire imposée n’est plus un travail intérieur

mais un récit officiel


Or c’est précisément dans sa dimension personnelle 

dans l’émotion la lucidité la réflexion intime  

que la mémoire tire sa force éthique


On peut inciter à se souvenir transmettre éclairer 

mais on ne peut exiger l’acte de se rappeler 


La mémoire n’est pas un devoir 

elle est une responsabilité libre 

qui ne prend tout son sens que lorsqu’elle est choisie






La mémoire 

ne devient juste que lorsqu’elle est choisie  

imposée 

elle cesse d’être  et perd 

sa vérité


























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