samedi, octobre 15, 2022


dans 

les cieux 

nous pensons 

que la sphère étoilée

a gardé sa rondeur embrassant 

l’univers 




















pourtant 

les mouvements complexes et changeants

observés au cours des âges

ont obligé

l’astronome à forger 

tant d’excentriques cercles

tant de lignes verticales ou transversales

que la forme pure 

est ruinée























 


l’œil

par lequel 

je regarde l'univers




















est 


l’œil

par lequel

l'univers me regarde



*



face au vide qui nous sépare des découvertes majeures de demain le chercheur peut apprendre de l'artiste comme du poète. 

pour déployer la compréhension de l'univers dans des directions encore non explorées il doit créer ces directions déployer les qualités d'

un artiste créateur
















en surface

le champ de pression s'est affaissé 


une dépression

  

tourbillonne  

au milieu de la mer de Norvège  


elle 

entraîne 

un puissant flux 
























rapide amélioration 

une zone 

dépressionnaire 

maritime se disloque en partie


une nouvelle poussée 

anticyclonique d'altitude s'organise,

mobilisant des masses d'air d'origine saharienne 

en direction des rivages NW 

de la mer 

Noire


*


non lavés non oints de peinture ...

dépossédés de ce qui sépare

comme dehors


tu gis ...

nous sommes debout


air lilas ...

le vent dehors emporte


creuseur de puits ...

bloc en poudre

le jour


l'année entamée ...

le glacier


illisibilité ....

immergé je marche


jadis de débauche ....

ici concassé














M....

un cycle 


une femme de quelques vies

onde générale 

monstrueuse

crocus


le cycle s’achève

et porte 

le titre générique de 

l’alphabet de 

l’enfant





















12 épisodes ou 12 états d’

une enfance 

qui s’appellent 

apprendre à lire apprendre à parler inventer des grilles de langage apprendre à marcher tourner derrière un trotteur se perdre 2 fois dans une même forêt découvrir le son et découvrir le son des mots tout est cliquetis mère alchimiste père organiste la nuit et les plumes la baignoire universelle…




épluchant 

un pamplemousse

j’aurais parié avoir écrit

que les socquettes étaient blanches


le pamplemousse 

était 

rose comme les groseilles  






au lieu de suivre
un tracé
elle prépare
un décor 

le faut-il
le doit-elle

?

elle n’est pas
à l’abri
du minuit
car minuit
est à l’ordre
du jour
un rideau pour l’amour
un objet long
pour l’échéance
elle écrira 
au féminin
entre guillemets






















le personnage

figure double de l’écrivain et du lecteur 

tient la place 

de l’observateur tapi dans l’intervalle du monde 

et de son interprétation 


le ciel devient 

une page 

et la toile cirée 

un livre

où se déchiffrent par hasard les fragments d’

une autobiographie






















l’écriture 

fonctionne donc par glissement ou analogie et sa richesse est de permettre sans cesse le passage donc le trouble  entre les différents niveaux qu’elle relie à force de détours complexes et d’astuces diverses



on peut alors se demander avec l’auteur  si oui dans une certaine mesure écrire un roman ce n’est pas justement cela classer ses images intérieures sans les reconnaître de manière à en fournir une suite lisible...  

une belle définition de la fiction

 






















chez elle

une pensée ou une intention 

ne mûrissait pas sans l’aide d’autrui et telle 

une pomme mûre

ne tombait pas seule 






















il 

fallait 

la cueillir





le cœur

quand il aime

a son intelligence propre

il sait ce qu'il veut et devine ce qui va se passer
















partisan 
de la position allongée 

Oblomov 

ne trouve 
le bonheur que dans le sommeil 


ni son ami Stolz incarnation de l'énergie et de l'esprit d'entreprise ni la belle Olga avec qui se nouera l'embryon d'une idylle ne parviendront à le tirer de sa léthargie

entreprendre et aimer 
sont décidément choses trop fatigantes











































grand roman de moeurs Oblomov offre une satire mordante des petits fonctionnaires et des barines russes

la première partie du texte constitue un véritable morceau de bravoure irrésistible de drôlerie décrivant les multiples tentatives  toutes vouées à l'échec d'Oblomov pour sortir de son lit

la profondeur du roman et la puissance du personnage n'ont pas échappé à des philosophes comme Levinas

l'inertie du héros est moins une abdication que le refus farouche de tout divertissement

l'humour et la poésie sont au service d'une question que Gontcharov laisse ouverte 

et si 

la paresse
après tout
était moins

un vice 
qu'
une sorte de sagesse 

?








Tolstoï adorait le roman de Gontcharov

Oblomov

il trouvait 

que l'auteur avait su créer par le biais 

de son personnage 

un type de caractère nouveau. 

ainsi Oblomov entra dans l'histoire de la littérature et de la vie courante au même titre qu'

un Tartuffe 

ou qu'

une Madame Bovary 



le génie de Gontcharov 

est d'amener le lecteur à comprendre et à aimer 

ce vrai roi feignant


Oblomov

c'est vous

c'est nous tous réunis dans 

un roman 

psychologique drôle et décalé 

un monument 

de la littérature russe 

à ne pas laisser dormir sur 

une étagère














 















lettre 

livre


une

position 

de la main 

un acte de déchiffrement

 

une odeur âcre 

jaune 

des peaux flétris des grains 

fins


une dose de brou ou d’encre 


initiale sous la page 


un soufre

 

douleur 

sans autre toucher

















 




le firmament

ainsi 

se divise en quarante-huit parties 


dans ces constellations 

des étoiles nouvelles surgissent d’anciennes 

disparaissent 


on dirait

au ciel même

tremblements de terre























guerre ou paix

où s’effondre l’ancien se bâtit 

le nouveau ...


car 

la course du soleil n’est pas 

circulaire

et 

il n’avance pas d’

un pouce en ligne droite 


il ne vient plus

d’où il s’est levé mais glisse depuis 

ce point

de sorte que sa course est 

serpentine





















deux grandes idéologies dominent nos sociétés occidentales  

le déclinisme et le catastrophisme 


depuis le début du siècle

tous les événements 

semblent confirmer ce pronostic 


réchauffement climatique

terrorisme islamiste

coronavirus 

guerre à l’Est de l’Europe 






















face à cette situation la doxa veut que le seul recours raisonnable soit  de réintégrer le foyer dernier refuge et protection contre la sauvagerie

mais la maison de nos jours n’est pas un simple abri elle est bien davantage

un espace en soi qui supplante et remplace le monde

un cocon connecté qui rend peu à peu superflu toute percée vers le dehors

depuis son canapé on peut jouir par procuration des plaisirs qu’offraient jadis le cinéma le théâtre les cafés

tout ou presque peut nous être livré à domicile y compris l’amour

pourquoi dès lors sortir et s’exposer ? 

A l’instar du héros de la littérature russe Oblomov qui vécut couché et ne parvint jamais à quitter son lit pour affronter l’existence allons-nous devenir des êtres diminués recroquevillés et atones ?

l’enjeu est de dresser l’archéologie de cette mentalité du repli et du renoncement, d’en saisir les racines philosophiques et les contours historiques

car jamais la tension entre le désir de vagabondage et le goût de la réclusion n’a été aussi forte 

et le confinement obligatoire véritable cauchemar des dernières années semble avoir été remplacé chez beaucoup par un auto-confinement volontaire 

fuite loin des villes télétravail condamnation du voyage et du tourisme nous risquons de devenir des créatures de terrier qui se calfeutrent à la moindre secousse

ce n’est pas la tyrannie sanitaire qui nous menace mais la tyrannie sédentaire 


la 

pantoufle 

et la robe de chambre 

seront-elles les nouveaux emblèmes 

du monde d’après 


















la terre 

est-elle encore 

une machine ronde 



la proportion 

du monde est défigurée ...


et  oh 

il ne peut plus être mis en doute

que les plus belles proportions de la beauté sont mortes 




















elle

auprès de qui proportions et symétries 

auraient dû être mesurées


elle 

qui fut 

Harmonie