mardi, juin 28, 2022



notre triste époque 

ruisselle suffisamment d'énergie

on ne veut plus voir 

que des actes et nulle pensée


cette terrible énergie 

provient de ce que l'on n'a plus rien à faire

intérieurement je veux dire






























 


mais en fin de compte

même extérieurement

l'homme ne fait que répéter toute sa vie 

un seul et même acte 

il entre dans 

une profession

puis y progresse...


il est si simple d'avoir 

la force d'agir

si malaisé de trouver 

un sens à l'action 

très peu de gens

aujourd'hui le comprennent

c'est pourquoi les hommes d'action ressemblent à des joueurs de quilles qui emprunteraient des poses à la Napoléon pour renverser neuf machins de bois


je ne serais 

même pas surpris 

qu'ils finissent par en venir 

violemment aux mains simplement 

pour voir passer par-dessus 

leur tête 

ce mystère incompréhensible 


que toutes les actions du monde 

ne suffisent 

jamais 

!





















issue 

de la main du temps voici 

l'âme


dans 

sa naïveté

égoïste et irrésolue

malchanceuse

claudicante




















bancale boiteuse éclopée

incapable 

par nature 

ou par accident

de façon temporaire ou définitive

d'

un mouvement en arrière ou en avant




















fuyant la chaude réalité

le bien offert

reniant l'appel opportun du sang

ombre de sa propre ombre

spectre dans sa ténèbre

laissant des papiers en désordre dans 

une salle poussiéreuse....


démodée

surannée

vétuste 




















il est 

deux processus 

que les êtres humains ne sauraient arrêter 


respirer et penser


en vérité nous sommes capables de retenir notre respiration plus longtemps que nous ne pouvons nous abstenir de penser

à la réflexion

cette incapacité

à arrêter la pensée à cesser de penser

est 

une terrifiante contrainte


*


L.A. 

mais comment 

penser notre propre finitude 


grâce à la philosophie 

la connaissance 

de soi 

?


G.S 

non  

c'est le bon sens


être près des gens qu'on aime infiniment 

se dire que cela a été merveilleux 

d'être ensemble



***


le silence des livres

on peut le voir à l'œuvre dans l'utopie pédagogique de Rousseau dans l'Emile dans le diktat goethien selon lequel l'arbre de la pensée et de l'étude reste éternellement gris tandis que celui de la vie en actes de la vie-force et de l'élan vital est vert

le pastoralisme radical anime la pensée de 

Wordsworth lorsqu'il affirme 

qu'


une 

impulsion printanière sur l'arbre 

vaut bien plus que toute l'érudition livresque

quelque éloquent ou instructif qu'il puisse être 

le savoir que donnent les livres et la lecture 

vient en second

ils parasitent la conscience immédiate





















les livres indispensables 
nous accablent avec plus de force encore 
que la mort de l’aimé 

ce qu’ils ont en commun ce qui rattache les rares exemples profanes au canonique c’est bel et bien leur statut de textes sacrés de convocation et d’assignation à l’humanité

ils nous appellent et nous mobilisent

le premier coup sur le crâne 

nous oblige à garder les yeux ouverts



















l’Iliade et l’Odyssée la Bible, Péguy Kafka Husserl Kierkegaard… George Steiner nous donne à lire ici quelques-uns de ces textes indispensables où notre culture contemporaine croise la tradition. 

c’est notre patrimoine qu’il nous transmet par ces lectures

peut-être pour faire de nous de véritables héritiers





le récit d’

un ruissellement intellectuel 

qui retrace l’héritage culturel 

de la Bible  

en empruntant à 

Péguy Kierkegaard Weil Kafka Husserl... 

ce n’est pas 

un poncif de la critique littéraire 

que de dire que 

George Steiner est actuel




1

au 
travers 
d’

un miroir

obscurément 

pour 

Raul Hilberg 


2. La grande tautologie 

3. Une note sur Le procès de Kafka 

4. Totem ou tabou 

5. Tambouriner aux portes  Péguy 

6. Sainte Simone  Simone Weil 

7. Se fier à la raison  Husserl 

8. Sur Kierkegaard 

9. Homère en anglais 

10. Notre patrie  le texte 




















la journée 

est 

fraîchement lavée et belle

il y a 

une odeur 

de tulipes et de narcisses 

dans l'air



Livre I



















Poèmes de printemps première partie 

Livre II

Poèmes de printemps seconde partie 

Livre III

Poèmes d’été 

Livre IV

Poèmes d’automne première partie 

Livre V

Poèmes d’automne seconde partie 

Livre VI

Poèmes d’hiver 

Livre VII

Poèmes de célébration

Livre VIII

Poèmes de séparation 

Livre IX

Poèmes de voyage 

Livre X

Noms de choses 

Livre XI

Poèmes d’amour 

Livre XII

Poèmes d’amour 

Livre XIII

Poèmes d’amour 

Livre XIV

Poèmes d’amour 

Livre XV

Poèmes d’amour 

Livre XVI

Élégies funèbres 

Livre XVII

Poèmes sur des sujets variés première partie 

Livre XVIII

Poèmes sur des sujets variés seconde partie 

Livre XIX

Poèmes de formes diverses 

Livre XX 



Répertoire des noms de poètes 

Index des poèmes



le ciel est bleu et haut

un corbeau 

volette près de la fenêtre 

il y a 

une bouffée 

de tulipes et de narcisses 

dans l'air

























poèmes des saisons poèmes de célébration poèmes de séparation nom de choses poèmes d'amour élégies funèbres poèmes sur des sujets variés poèmes de formes diverses

rythment 
cette première anthologie 
née 
d'

un décret impérial


































oblique allusive la poésie japonaise jusqu'à une époque récente a la plupart du temps pour catégories élémentaires les phénomènes météorologiques les rituels saisonniers qui lient les générations une attention et une précision micrologiques qui passent au crible les mouvements du cœur à travers lesquels l'éphémère et le lointain, nommés il y a parfois des siècles conversent 

contextes d'écriture et citations forment ainsi des constellations aussi tangibles que le vent sur la peau et dans les feuilles des arbres


océans et ciels des mémoires

intrications de paysages et de sentiments 

le waka permet d'observer 

les contaminations

les pillages et emprunts réciproques entre les éléments

les végétaux

les animaux

les femmes et les hommes

dont les comportements et les aspects instruisent les saisons elles-mêmes interfaces des lois cosmiques d'étoiles et de constellations barrées et barattées par elles aussi bien que Darwin à bord de son navire le Beagle observe les migrations de végétaux, d'oiseaux d'animaux à travers les ères les précipitations les marées et les vents les continents le waka plus précis et concis observant autant les distances les intervalles les qualités singulières et les points communs indemnes des grandes généralisations boas sirènes logiques qui stérilisent réduisent l'innombrabilité des mondes et des expériences à quelques stéréotypes accompagnant la fin des ères des cycles


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Fauves et fleurs dragons et papillons Augustin Frison-Roche les peint tous comme les guerriers et les saintes les forêts et les villes dans une lumière comme venue du plus profond de l’être une lumière qu’il a le rare talent de projeter sous un ciel d’or 

Son éclat si moderne tient à la maîtrise d’une beauté sobre et fastueuse où tout nous entretient dans l’équilibre et la cadence de la poésie et de la rêverie des rythmes et des rites



































 






Le roi des forêts

Comme un arbre, roi des forêts,
Tel est l’homme exactement :
Ses poils sont les feuilles,
Sa peau l’écorce extérieure.



































Le sang sort de sa peau,
Comme la sève de l’écorce ;
De l’homme blessé il coule,
Comme le suc de l’arbre frappé.


Les chairs sont les éclats,
Les tendons l’aubier, ce qui est résistant ;
Les os sont l’intérieur du bois ;
La moelle, de part et d’autre, ressemble à la moelle.


Abattu, un arbre repousse,
Rajeuni, de la racine ;
Mais le mortel abattu par la mort,
De quelle racine repousserait-il ?


Ne dites pas : Du sperme :
Il n’est de sperme que d’un vivant ;
Comme s’il poussait de graine,
Mort, on voit l’arbre renaître.


Si l’on arrache avec les racines
Un arbre, il ne revit pas ;
Et le mortel abattu par la mort,
De quelle racine repousserait-il ?


L’homme est né une fois pour toutes : il ne naît pas ;
Qui donc pourrait le faire renaître ?
Brahman est connaissance, est béatitude
De qui demeure tranquille et le connaît.




***



om

c’est
en vérité 
l’aurore qui est la tête du cheval 
du sacrifice…






comme s'épuisent
ici-bas
les avantages obtenus par les actes, 
de même s'épuisent dans l'autre monde 
les avantages mérités par les bonnes œuvres














Enseignements de la forêt
Enseignements pour les chantres

La Brihad-aranyaka-upanishad et la Chandogya-upanishad

Traduction et notes d’Émile Senart
Introduction de Patrick Olivelle
traduite de l’anglais par Laurent Cantagrel
Illustrations inédites d’Augustin Frison-Roche