dimanche, mai 08, 2022


je 
ne voudrais pas dormir 
dans 

une pièce 
où l’on ne voit pas 
les étoiles




j’ai passé 
ma vie en leur compagnie

je deviendrais 
aveugle 
si 

je me réveillais 
en pleine nuit avec 

un plafond noir pour seule vue

































je suis 
retournée 
dans mon tipi 
et assise sur la peau de chevreuil 

j’ai bu 
mon thé 
près du feu

autrefois 
quand nous changions de campement, 
nous emportions toujours la 

graine de feu 




ce feu sur lequel 

je veille 

est aussi vieux que moi
 

je l’ai toujours protégé 

des vents violents

des tempêtes de neige et 

des grosses pluies


jamais je ne l’ai laissé s’éteindre


ce feu

c’est mon cœur qui bat 

































d'

Héraclite

il reçoit la nuit

Hypnos 

le sommeil
frère jumeau de Thanatos dans le catalogue 
d'Hésiode


qui 
donne 

le rêve
cette nuit  gouvernée 

dont Thalès le premier astronome  
disait dialectiquement qu'elle est plus vieille 
que le jour
et d'

une journée exactement


































tu as bien fait de partir


tes dix-huit ans réfractaires à l’amitié à la malveillance à la sottise des poètes de Paris ainsi qu’au ronronnement d’abeille stérile de ta famille ardennaise un peu folle

tu as bien fait 

de les éparpiller aux vents du large de les jeter sous le couteau de leur précoce guillotine 

tu as eu raison 

d’abandonner le boulevard des paresseux les estaminets des pisse-lyres pour l’enfer des bêtes pour le commerce des rusés et le bonjour des simples




















cet élan absurde du corps et de l’âme ce boulet de canon qui atteint sa cible en la faisant éclater oui c’est bien là la vie d’un homme 

on ne peut pas au sortir de l’enfance indéfiniment étrangler son prochain

si les volcans changent peu de place leur lave parcourt le grand vide du monde et lui apporte des vertus qui chantent dans ses plaies


tu as bien fait de partir Arthur Rimbaud 

nous sommes quelques-uns à croire sans preuve le bonheur possible avec toi