mercredi, mai 04, 2022

certains mots 

sont probablement aptes à changer 

le monde

ils ont le pouvoir de nous consoler et 

de sécher nos larmes


certains mots 

sont 

des balles de fusil

d’autres 

des notes de violon


certains mots






















sont capables de faire fondre la glace qui nous enserre le cœur et il est même possible de les dépêcher comme des cohortes de sauveteurs quand les jours sont contraires


parfois
à cause des mots 
on meurt de 
froid 



comme Bardur
pêcheur à la morue islandais
il y a un siècle

trop occupé 
à retenir des vers du Paradis perdu 
de Milton

il oublie sa vareuse en partant en mer

de retour sur la terre ferme son meilleur ami entame un périlleux voyage pour rendre à son propriétaire un vieux capitaine devenu aveugle le livre funeste. 

pour savoir aussi s'il veut continuer à vivre



Entre ciel et terre 

d’

une force hypnotique

nous offre 

une  lecture

dont on ne sort pas indemne

une révélation…

















des thèmes

des motifs

des analogies
























ressemblance
similitude
rapport
affinité
relation
correspondance
comparaison
association
accord
connexion
contiguïté
induction
lien
suggestion
proportion
parenté
cousinage
convenance
conformité
communauté
voisinage
précédent
proportionnalité
métaphore
homologie
généralisation
dépendance
contamination
concordance
assimilation
évocation








des interrogations 

des méthodes d’analyses

des tonalités de lecture

des perspectives de recherche

des points d’accroche

des moments de perte

des micro-aventures du langage


écrire 

dégage la vue

lire 

corrige le langage


des phrases 

commencent dans le silence

des phrases 

se meuvent lentement


la phrase est 

un chat

le signe est 

un singe


un plongeur 

tombe devant 

un mur de lait


il existerait 

un plateau vertical



prenez 

conscience de votre respiration 

sentez 

le mouvement de l'air qui entre et sort de vos poumons

ressentez 

le champ énergétique en vous


tout 

ce que vous aurez 

jamais à affronter et à envisager 

dans la vie réelle c'est 

cet instant


















êtes-vous inquiet 


avez-vous souvent  des pensées anticipatoires 


dans ce cas 

vous vous identifiez à votre mental 

qui se projette dans 

une situation 

future imaginaire et crée la peur






















il n'y a 

aucun moyen de faire face à 

une telle situation

car celle-ci n'existe pas 


c'est 

un ectoplasme mental


vous pouvez mettre fin à cette folie corrosive 

qui sape votre santé 

et votre vie 


il vous suffit d'appréhender 

l'instant présent






















l’équidistant

tous 
les points 
d'

un cercle 

sont équidistants du centre

la lucide

elle est revenue 
de son évanouissement

mais 

elle 
n'est pas 
encore entièrement 

lucide







































l’impartial 


la coque azur

incrustée d’arbres sous la ligne de pendaison


l’air 

qui cède à l’oiseau

qui s’efface


 


le treillis 

le réseau le tamis

le nid d’intervalles


un feu de paille  

le soleil


une piste de plantigrades

à coups de griffes



un moulage de combat


 


l’eau 

bien épaisse bien ajointée


l’eau 

remplie remplissant


l’eau 

sans jour 

sur le poisson mouillé


 


la terre 

la recouverte 

la patiente


l'implicite




certains poèmes 

nous conduisent en des lieux que 

nuls mots n'atteignent

nulle pensée 

ils vous guident jusqu'à l'essence même


la vie
s'immobilise l'espace 
d'

un instant 
et devient belle
limpide de regrets ou de bonheur...




















je faisais le voyage que j’avais lu 

Benoît Casas


















au sommet du campanile 

j’embrassais Venise

aussi horizontale que New York est verticale

aquarellée

lavée 
d’averses 
par 

un vent violent 

qui secoue la lagune

poussant des nuages légers


qui a parlé de la tristesse de Venise 

n’a donc jamais vu cette lumière 

ce ciel ardent 

ce mouvement

cette vie marine


Acqua alta dit 

une voix 

et les mes se vident 

les magasins baissent leur rideau 


marcher sur les eaux n’étonne personne


Venise 

est 

un défi

un labyrinthe

un archipel

une énigme


*


regarder une ville au travers d’un kaléidoscope : voilà, sous forme d’abécédaire le jeu subtil et malicieux auquel se livre Benoît Casas

mille éclats mille facettes parcours saisons couleurs pensées : on y rencontre Venise

Et tous ceux qui l’ont un jour aimée


***


Le thème récurrent du reflet et du labyrinthe suffirait à présenter Venise. Pour que la ville soit "toute", Benoît Casas cite plusieurs fois des lieux emblématiques (Saint Marc, Santa Maria dei Miracoli), des peintres (Le Tintoret, Tiepolo) et un écrivain (Ezra Pound) dont les noms sont liés à Venise ; il n’oublie pas non plus, très présente, « l’odeur des entrailles de la ville ». L’essentiel est de restituer l’extrême « diversité » qui tient notamment au fait que « Toutes [les] couches du passé, dans cette ville, appartiennent simultanément au présent » ; les reprises et variations tout au long du livre disent le caractère inépuisable de la ville et que « on ne la connaît jamais ». Une réussite.

Tristan Hordé

sitaudis