mercredi, mai 04, 2022





je faisais le voyage que j’avais lu 

Benoît Casas


















au sommet du campanile 

j’embrassais Venise

aussi horizontale que New York est verticale

aquarellée

lavée 
d’averses 
par 

un vent violent 

qui secoue la lagune

poussant des nuages légers


qui a parlé de la tristesse de Venise 

n’a donc jamais vu cette lumière 

ce ciel ardent 

ce mouvement

cette vie marine


Acqua alta dit 

une voix 

et les mes se vident 

les magasins baissent leur rideau 


marcher sur les eaux n’étonne personne


Venise 

est 

un défi

un labyrinthe

un archipel

une énigme


*


regarder une ville au travers d’un kaléidoscope : voilà, sous forme d’abécédaire le jeu subtil et malicieux auquel se livre Benoît Casas

mille éclats mille facettes parcours saisons couleurs pensées : on y rencontre Venise

Et tous ceux qui l’ont un jour aimée


***


Le thème récurrent du reflet et du labyrinthe suffirait à présenter Venise. Pour que la ville soit "toute", Benoît Casas cite plusieurs fois des lieux emblématiques (Saint Marc, Santa Maria dei Miracoli), des peintres (Le Tintoret, Tiepolo) et un écrivain (Ezra Pound) dont les noms sont liés à Venise ; il n’oublie pas non plus, très présente, « l’odeur des entrailles de la ville ». L’essentiel est de restituer l’extrême « diversité » qui tient notamment au fait que « Toutes [les] couches du passé, dans cette ville, appartiennent simultanément au présent » ; les reprises et variations tout au long du livre disent le caractère inépuisable de la ville et que « on ne la connaît jamais ». Une réussite.

Tristan Hordé

sitaudis















Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire