jeudi, avril 07, 2022


jamais 

la psychologie 
ne pourra dire la vérité sur la folie 
puisque c'est la folie 
qui détient 

la vérité de la psychologie



une langue 

c'est de la folie 


la folie est-ce que c'est 

une langue

?



né en 1931 à New York 
il est 

un auteur 

américain écrivant en français

traité 
depuis son enfance pour schizophrénie

il ne supporte plus 
d'entendre ou de lire sa langue maternelle l'anglais

il invente 

un procédé 
qui consiste à traduire 
immédiatement toute phrase anglaise 
en 

une phrase étrangère 
de mots ayant le même son 
et le même sens

il a habité à New York
puis à Montréal après la mort de sa mère

cependant
depuis novembre 1994 

il habite 
Porto Rico où 

il est devenu millionnaire 
le 9 avril 2003 après avoir gagné le gros lot à 

une loterie électronique



LOUIS WOLFSON

Le Schizo et les langues


l'étudiant 
de langues schizophrénique

l'étudiant 
malade mentalement

l'étudiant 
d'idiomes dément

c'est ainsi 
que l'auteur de ce livre s'intitule lui-même 

il ne peut s'agir pour lui 

que de se saisir du dehors sous 
une espèce anonyme et de rapporter exactement 
ce qu'il fait

ce n'est pas la moindre originalité de ce livre d'être un protocole d'activités et non comme c'est généralement le cas dans les témoignages de malades mentaux l'exposé d'un délire

tout un monde nous est livré dans ce que déclenche une série de rencontres  avec le père fluidique sur un banc public avec des maçons francophones dans la cour avec une prostituée avec les bibliothèques et les frigidaires

on souhaite que le lecteur ne se protège pas de ce livre extraordinaire  par son humour et son tragique et par la logique qu'il met en œuvre  en s'empressant de le ranger sous la rubrique des documents psychopathologiques

qu'il se souvienne plutôt 
de ces mots de 

Michel Foucault  



jamais 
la psychologie 
ne pourra dire la vérité 
sur la folie puisque c'est la folie 
qui détient la vérité de la psychologie



















qu'
est-ce 
qu'

un pouvoir 
s'exerçant sur ma vie 

suis-je  
libre de mes désirs 

?

l’
âme étant 
une 

l’on peut introduire dans le discours 

la sensibilité
la poésie
l’intelligence
la volonté
la raison
l’imagination
la mémoire





















rousse

vermeil mousse et sommeil


tournures 

égratignures fins et raisins


chauve 
et verrouillé 
mauve et rouillé

givrés 



12

la 
neige 
qui 
tombe 
est 
faite 
de 
tous 
ses 
petits 
cartels 
déchirés




unités 

autant de domaines autonomes


bien 
qu'ils ne soient pas 

indépendants

réglés


bien 
qu'ils soient 

en perpétuelle transformation

anonymes et sans sujet 


bien 
qu'ils traversent 

tant d'œuvres individuelles


là où l'histoire des idées 
cherchait à déceler en déchiffrant les textes les mouvements secrets de la pensée 
apparaît alors dans sa spécificité


le niveau 
des choses dites 



















leur condition d'apparition

les formes 
de leur cumul et de leur enchaînement

les règles 
de leur transformation
 
les discontinuités 
qui les scandent


le domaine des choses dites

c'est ce qu'on appelle 

l'archive 


l'archéologie 

est destinée à en faire l'analyse






















tache d'eau




elle ne peut 
en aucune façon s'ingérer dans l'usage véritable 
de la langue

elle ne peut
à la longue que la décrire

elle ne peut
pas lui donner de fondation non plus

elle laisse
tout en l'état

































même si 
son rêve est vraiment 
lié au bruit de 
la pluie

elle n'acceptera pas le

il pleut
de quelqu'un qui dort


il pleut



pourtant
des périodes de rêve

par exemple
quand la fatigue se prolonge

feront 
éruption dans
l’œil grand ouvert







dans 
la clairière 
la plus lointaine

des 
malentendus 
continuent de se lever



*




utiliser
d'autres sources

c'est-à-dire 
faire des expériences
avec 

des écrits
des paroles
des activités d'autres gens


































j’ai toujours 

dormi ainsi dans 
le bruit atroce depuis 14

j’ai attrapé
 
la guerre dans ma tête




















elle 
est enfermée dans ma 
tête 


Louis-Ferdinand Céline

Guerre


parmi les manuscrits de Louis-Ferdinand Céline récemment retrouvés figurait une liasse de deux cent cinquante feuillets révélant un roman dont l’action se situe dans les Flandres durant la Grande Guerre. 

Avec la transcription de ce manuscrit de premier jet écrit quelque deux ans après la parution de Voyage au bout de la nuit 1932 une pièce capitale de l’œuvre de l’écrivain est mise au jour

Car Céline, entre récit autobiographique et œuvre d’imagination y lève le voile sur l’expérience centrale de son existence  le traumatisme physique et moral du front dans 

l’ abattoir international en folie 

on y suit la convalescence du brigadier Ferdinand depuis le moment où gravement blessé il reprend conscience sur le champ de bataille jusqu’à son départ pour Londres

à l’hôpital de Peurdu-sur-la-lys objet de toutes les attentions d’une infirmière entreprenante Ferdinand s’étant lié d’amitié au souteneur Bébert trompe la mort et s’affranchit du destin qui lui était jusqu’alors promis

ce temps brutal de la désillusion et de la prise de conscience, que l’auteur n’avait jamais abordé sous la forme d’un récit littéraire autonome apparaît ici dans sa lumière la plus crue

vingt ans après 14 le passé 

toujours saoul d'oubli  

prend des  

petites mélodies en route qu'on lui demandait pas 

mais il reste vivant à jamais inoubliable et Guerre en témoigne tout autant que la suite de l'œuvre de Céline



LOUIS-FERDINAND CÉLINE

Guerre

Édition de Pascal Fouché 

Avant-propos de François Gibault


collection Blanche

Gallimard

parution prévisionnelle  

05-05-2022

















Army

Jean-Michel Espitalier 

Al Dante 

2008


présentation du texte 


Army est un texte composé de différents témoignages de militaires pour la plupart revenus de la guerre d’Irak trouvés sur divers sites internet chaînes d’informations américaines You Tube etc 

ces paroles sont retranscrites le plus fidèlement possible ne sont affublées d’aucun affect d’aucun commentaire et elles constituent 

un terrible réquisitoire contre la guerre





















quand on commence à appuyer sur la gâchette et que le tremblement du fusil mitrailleur secoue le corps tout entier on a beaucoup de mal à s’arrêter

tout le monde ici adore se servir de son arme

le tremblement du fusil mitrailleur nourrit la peur en même temps qu’il l’évacue et on a l’impression que toute cette saloperie pourrait être ensevelie sous le bruit des balles écrasée jusqu’à se dissoudre dans le tremblement des machines de guerre

tout-puissant maître du jeu

c’est effrayant





on ne se fait jamais tout à fait à ce genre de choses


l’
horreur 
est 

une crampe

l’horreur brutale 
panique 
où le dégoût de vivre 
s’entrelace confusément à la peur de mourir



on ne peut vraiment éprouver ça qu’ici

une peur constante

lancinante
qui paralyse tout le corps
comme 

un hurlement 
ininterrompu dans la tête