Lionel André / promenades / randonnées / arts / littératures / air du temps
équilibre instable
falaise
mesurer en pas
beaucoup de petites choses
un tracé de radar
à travers l'eau sombre
un minimum
le désir
est métamorphosé en sentiment
ou
scintillement
la tempête efface la moindre trace
une habitude
un reflet jaune
un plafond
une manière de se souvenir
un lit
la condensation laissant des cercles
je tiens quelque chose
dans mes bras
si cette fois-ci
*
la cargneule
ces formations rocheuses
peu ou prou stratifiées engendrent lorsqu'elles affleurent
présence en surface
des reliefs ruiniformes avec des pinacles
monolithes ou pitons
des cavernes ouvertes
désormais tout fait ombre ...
c'est le jour
l'aube obscure est sans ombre
le jour couche la terre sous les ombres
c'est
le commencement de notre histoire...
histoire de la caverne ...
Soleil
boule d'énigme
qui accapare la lumière
mais ce n'est pas
encore le moment de penser à nous
c'est
seulement
le moment d'apprendre à penser
la rive ...
*
l'aube
est encore lumière
de nuit
elle tient encore à
la nuit
l'aube
est ce long
moment tout le temps fragile
en lui-même semblable à lui-même
tel que rien ne se brise
tel que rien ne s'est encore levé
ce moment qui tout à l'heure basculera
lui-même
mais
en qui tout est étal encore
et pour
un long moment le même
l'aube
est le moment du même
l'aube
est cette lumière nuiteuse et non
point vraiment de nuit
elle vient d'ailleurs
les mots
sont ce qui colle au réel
je les utilise pour pousser
le réel
pour tirer le réel dans
le poème
ils sont ceux avec quoi
je tiens
rien d'autre
ils sont aussi valables en eux-mêmes
que la corde à laquelle
il n'y aurait rien à y attacher
un vocabulaire infiniment réduit
être là
comme la terre
quand l'ombre recouvre
l'herbe humide
*
cœur lumière lampe
petite ceinture
tristesse de fil blanc
une rivière
la langue bleue du rivage
une barrière d'aiguille clôture ma mémoire
mégapneumes
les mégapneumes se veulent le pas au-delà de la poésie lettriste quand celle-ci est fondée sur la lettre W. y substitue le souffle exprimé aux moyens de diverses cadences respiratoires créant ainsi une forme de poésie lettriste ruisselante c'est-à-dire déconstruite puisque les phonèmes sont désormais inexistants
le centre est noir et le ciel tourne
la pupille déborde
il y a là
un tout petit point de bois
la nuit
une corneille
séjournait dans le creux
comment lit-on de la poésie
?
on fait comme on veut
par prises aléatoires
comme de grandes bouffées d’air
par explorations subreptices
par envie
comme celle d’embrasser
une amande
ici
un murmure
un petit feu
un accident
une étendue vide en forme d'arc-en-ciel
un écart sur la page
une chute dans la pensée
un rire bleu
une coulée de lumière d'or dans l'humide forêt
une page de sommeil