vendredi, janvier 28, 2022


de la fumée 

il songe à tirer la lumière

pour en faire jaillir d’éclatantes merveilles

 

Horace























parfois nous voyons 

un nuage à forme de Dragon

parfois 

une vapeur pareille à 

un ours

un lion

une citadelle à tours

un rocher suspendu

une montagne fourchue ou 

un promontoire

couvert d’arbres

qui font des signes au monde

et abusent nos yeux avec de l’Air 


Shakespeare

Ant 

et Cléop. 

Acte IV scène 11


c’est un art

qui corrige la nature ou plutôt la transforme 

mais l’art même est nature 

Shakespeare 



















la poésie 


met le doigt sur le point précis de la faille 

du glissement inavoué


son esprit est reptilien 


il se dérobe comme les serpents 

il se dérobe jusqu’à attenter à nos langues

je veux dire à les laisser en suspens


*
























j'aurais voulu trouver 

quelque chose d'intelligent à vous dire 

pour bien marquer ce qui nous sépare

mais inutile 


je suis 

un esprit pas encore formé

un imbécile 

bête idiot sot ballot stupide

pensez de moi ce que vous voudrez



un homme 

se possède par éclaircies 

et même quand il se possède

il ne s’atteint pas 

tout à fait




LODL

l'ombilic des limbes


L'Angoisse qui fait les fous

L'Angoisse qui fait les suicidés

L'Angoisse qui fait 

les damnés 
les condamnés 
les réprouvés 
les tourmentés 
les torturés 
les perdus

L'Angoisse que la médecine ne connaît pas

L'Angoisse que votre docteur n'entend pas

L'Angoisse qui lèse la vie

L'Angoisse qui pince la corde ombilicale de la vie



je suis celui 

qui a le mieux senti le désarroi stupéfiant de sa langue 
dans ses relations avec 
la pensée  la poésie et 
l'imagination


je suis celui 

qui a le mieux repéré la minute de ses plus intimes
de ses plus insoupçonnables 
glissements et modifications


je suis celui 

qui connaît les recoins 
de la perte
de la disparition
de la fuite
de la ruine
de la défaite 
de l'éloignement


je me perds 

dans la pensée-poésie en vérité comme on rêve
comme on rentre subitement 
dans sa pensée





















interroger ou évoquer 

les affaires fondamentales de la vie 

quoi combien et quand manger 
quand et où travailler 

de quelles maladies souffre-t-on 

que faisons-nous 
pour retrouver la santé et le plaisir physique 

quelle masse d’énergie 
avons-nous 
pour nous enthousiasmer et pour agir  


?





























quand sommes-nous fatigués 
que faire alors 
où vivons-nous  
seul ou en famille 
quelles relations entretenons-nous 
quelle lumière nous est nécessaire  
quel climat pour être plus sains 

?

















à travers ces questions on comprend que ce qui est important en somme c’est que nos conditions de vie soient les plus propres à entretenir notre puissance de vie notre force combative et notre vivacité de pensée

en dehors de cet art du quotidien qui nous rend plus forts et plus vaillants rien ne compte vraiment ni les grands enjeux de la vie habituellement désignés carrière enfants et possessions diverses ni les grandes valeurs morales ni les concepts de la philosophie



personne 

ne peut vous apporter aide et conseil 

personne

il 
n'est 
qu'

une seule voie 

entrez en vous-même




















Omnia 

praeclara 

tam 

difficilia 

quam 

rara 

sunt



ce que je te dis 
doit être lu rapidement comme quand 
on regarde



j'entre lentement 

dans mon offrande à moi-même

splendeur déchirée par le chant ultime 

qui semble être 

le premier


j'entre lentement 

dans l'écriture ainsi que je suis déjà entré

dans la peinture 


c'est 

un monde enchevêtré 

de lianes

plante 
à tige flexible très allongée 
herbacée ou ligneuse, qui pousse en utilisant 
d'autres plantes comme supports

syllabes

chèvrefeuilles 

couleurs et mots ...


seuil d'entrée 

d'ancestrale caverne qui est l'utérus du monde

d'où je vais naître






si 

votre vie quotidienne 
vous paraît pauvre
ne l'accusez 
pas

accusez-vous plutôt

dites-vous que vous n'êtes pas assez poète 
pour en convoquer 
les richesses


pour celui qui crée 
il n'y a pas

de pauvreté 
ni de lieu indigent  indifférent



un homme 

dans le noir est 

un créateur

















l'infini 

ne peut plus s'ajouter au fini 


car autrement il devrait sortir de lui-même vers le fini

c'est-à-dire qu'il ne devrait pas être 

l'infini 


mais 





























il est tout aussi impensable 
que le fini s'ajoute à 
l'infini  

car 
il ne peut pas être partout avant cela
et c'est 
quelque chose 
dans l'identité avec l'infini 
en premier 
lieu


les 
deux doivent 
donc être unis par
 
une certaine 
nécessité originelle et absolue 

s'ils paraissent liés 
du tout


*



mes 
mots déséquilibrés 
sont 

le luxe de mon silence


elle écrit 

par pirouettes 
acrobatiques et aériennes 

elle écrit

à cause de son profond 
vouloir parler


écrire 
ne lui donne que la grande mesure 
du silence


*


ce que nous appelons 
Nature 
est 

un poème 
enfermé dans 
une merveilleuse écriture secrète


l'énigme 
pourrait pourtant se dévoiler 
si 

nous y reconnaissions 
l'odyssée de l'esprit 
qui sous 

un leurre magique

se cherchant lui-même 
se fuit lui-même



*



aimer

c'est devenir 

un monde

un monde en soi 

pour quelqu'un d'autre





























et 
voilà 
que je te 
pose des questions 

et 
elles 
seront 
plusieurs parce que 

je suis 
une question



comment aurait-on pu penser l’être et le temps autrement qu’à partir du présent dans la forme du présent à savoir d’un certain maintenant en général qu’aucune expérience par définition jamais ne pourra quitter 

?
























comment en effet 

une réalité en soi 

pourrait-elle se trouver 
dans notre 
monde 



pourquoi les choses
un instant avant d'arriver
paraissent-elles déjà être arrivées 

? 


pour l'instant

vivez les questions


peut-être

un jour lointain

entrerez-vous ainsi

peu à peu

sans l'avoir remarqué

à l'intérieur de la réponse