samedi, janvier 15, 2022


hymnes à la nuit


celui qui est à nous

en nous

tout prêt à engloutir 

l'avant-nous 





quand on rêve à fond

on n'en a jamais fini de commencer


une  nuit des temps  est en nous






















et 

d'un rêve à l'autre 

le labyrinthe 

change




un rêveur de mots 

ne peut manquer d'être sensible à la douceur de parole 

qui met lueurs et limbes 

sous l'empire de deux labiées



avec la lueur

il y a 

de l'eau dans la lumière 

et 

les Limbes sont aquatiques



comme la vie est grande 

quand on médite sur ses commencements 

!




la poétique de la rêverie 

déplace 

des globes de pensées 

sans grand souci de suivre le fil d'

une aventure

bien différente en cela du rêve 

qui veut toujours nous conter 

une histoire




il ne faut pas oublier qu'
un poète est 
un être confidentiel
nocturne
presque souterrain qu'
un artiste possède 
une nature de chauve-souris
de rat
de taupe ou de mimosa 




J'ai fait mes plus beaux voyages 
sur des routes mal 
éclairées


des millénaires 
disparurent dans les lointains comme 
des orages


























Cy Twombly

Ramification

1971

Museum Brandhorst München 
























on peut 

définir le totalitarisme moderne 

comme 

l'instauration à travers l'état d'exception d'une guerre civile légale qui permet l'élimination non seulement des adversaires politiques mais aussi de catégories entières de la population qui semblent ne pas pouvoir être intégrées au système politique


depuis la création délibérée d'un état d'urgence permanent est devenue une des pratiques essentielles des états contemporains démocraties comprises 



il 
n'est pas 
nécessaire d'ailleurs 
que l'état d'urgence soit déclaré 
au sens technique 
du mot



*




je suis 
voué à être 
le dernier corps céleste 
sur sept mille miles de cimetières






























un pays imaginaire 

un miroir magique 

dans lequel on fait apparaître ce qu’on veut 



s’il y a lieu

c’est d’abord un silence

le cas échéant 

un temps en suspens 


une lumière rasante qui souligne le paysage

l’absence de mouvement 





















tout est 
répétition re-parcours retour 

en fait
même la première fois 
est 

une  seconde fois


la nostalgie de l’infini

c’est 

un privilège

une chance inouïe

une occasion à ne pas rater

entrer dans ce repli du monde


sens unique

ne pas trouver son chemin dans 

une ville

ça ne signifie pas grand-chose 

mais
s’égarer 
dans 

une ville comme on s’égare dans 

une forêt demande toute 

une éducation



c’est 

une histoire en chute libre




dans ma mémoire

un tapis poussiéreux


les tentatives
les épreuves
les coups reçus




mieux vaut être borgne debout qu’être aveugle à genoux 


un soir d’aubépines en fleurs

 

ne pas assister à ses propres coulisses


c’était 

un vélo Peugeot bleu à trois vitesses


écrire 
c’est broyer
éroder le monde 


sur le sable 

ces signes énigmatiques

il faudra les déchiffrer




avancer fuir encore

on le reconnaît au toucher 


des visages

des visages qui me voyaient























l’enfant
à supposer que ce soit lui 
regarde


ou bien
peut-être   a regardé 

ce qu’il voit néanmoins
ce qu’il a vu

nul ne le saura jamais
pas même lui qui l’aura 

d’avance oublié 
mais ne cessera d’affirmer en avoir gardé 
l’immémoriale mémoire 

l’arrivée de rien 
































à ce rivage sans 
bord
 
douceur et douleur 
ensemble



*



pour moi

la poésie c’est 

du silence en ce moment


j’apprends quelque chose 

de bien

de fondamental

de primordial

de vital

de capital

d'essentiel
























que nous reste-t-il de la communauté


de ce qui a été 

pensé
souhaité
visé
rêvé
aspiré
recherché 
voulu
désiré 

sous le mot de communauté






























il semble 
qu'il ne nous en reste 
rien


































ses mythes sont suspendus
ses philosophies sont épuisées 
ses politiques sont jugées

on
pourrait 
dire aussi 
la communauté
c'était 

le mythe 
la philosophie
la politique 
 
et 
tout cela qui 
est 

une seule 
et même chose
est fini 



il y a
malgré tout

une résistance  
une insistance de la communauté 


il y a 
contre le mythe

une exigence 
philosophique et politique de l'être en commun


non seulement 

elle n'est pas dépassée mais 

elle vient au devant de nous

elle nous reste à découvrir

ce n'est pas l'exigence d'

une œuvre communautaire d'

une communion ou d'

une communication

c'est ce qui échappe 

aux œuvres nous laissant exposés 

les uns aux autres


c'est 

un communisme 

inscrit dans son propre désœuvrement




*




on croit que 

la vie humaine est devenue infiniment précieuse 

ce n’est pas sûr 


ce qui est 

plus précieux que tout 

pour les hauts responsables 


c’est 

de n’être 

pas responsables 


de tout contrôler et d’apparaître 

comme ceux qui protègent vraiment le peuple 

fût-il réduit à néant