mercredi, juin 29, 2022


FEMSF

un collage de fragments

une reconnaissance 

du fait que la vie de toute personne est

un collage de fragments

en cours de fusion en 

un tout

où personne et monde ne font qu'

un




















il ne se déplace pas linéairement le long d'

un fil unique

fil d'argumentation

mais à travers

une matrice d'associations

de juxtapositions

de contradictions dialectiques

de mots d'esprits

de relations mélodiques

de rythmes complémentaires complexes


c'est sans doute à l'unité d'

une espèce zoologique 

que l'unité de

FEMSF

pourrait le mieux être comparée


il s'agit d'

une forme

qui ne change pas et qui se reconstruit

perpétuellement 

selon

des voies utiles et inattendues



















la nuit tombe 
un bloc de pierre qui me laisse sans espace


si le lecteur 

relève la continuité d’écriture

c’est qu’en effet tout se passe comme 

s’il fallait 

recommencer ou poursuivre 

chaque fois 


une veine jaillie sur cette  pierre

























on lit 

un livre inachevé 

ou plutôt 

un livre 

qui 


























à intervalles réguliers  

peut être recommencé avec à peu près 

les mêmes mots associés 

différemment


la structure 

du texte est claire 

le texte n’avance pas linéairement 

mais


par jeu 

de répétitions et variations 


le
premier mot se combine
avec 


un autre mot

puis 

un autre est introduit

puis 

un autre... : 


renard + maison + raison + neige + couronne ...


être

et rien de plus

jusqu’à ce que se forme 

un puits 



on comprend que si 

l’on dessinait cette structure on obtiendrait 

une spirale

c’est-à-dire 

la figure primordiale dans l’univers, 

de la cochlée à la coquille de l’escargot

à la Voie Lactée



j'
écris parce 
qu'

il y a 

beaucoup de choses 

que j'aimerais comprendre mieux



éteindre 

la 
lumière chaque nuit est 
comme 

un rite d’initiation

s’ouvrir 

au corps de l’ombre

revenir 

au cycle d’

un apprentissage toujours remis

se rappeler 

que toute lumière

est 

une enclave transitoire



comment 

éteindre chaque chose 

?

comment 

éteindre chaque homme 

?

comment éteindre 

?
















qu'

importent 

en fin de compte 

les événements en tant que tels 

ce qui compte

c'est le système de représentations à travers lequel 

on les observe

et le système personnel dans lequel 

on les insère






















L’air caressant 

vibrait autour de moi à l’infini


la montagne embaumait

 

l’éclat de la solitude 

se glissait partout et par-dessus tout



















8

sachant 

que leurs actes sont subordonnés au Pouvoir Divin 

comment pourraient-ils envisager 

d'agir à contre-cœur 


non

ils ne peuvent pas même y penser


ils feront leur travail comme 

un devoir






































les écritures disent  

fais le travail mais ne pense pas à ses fruits


de même que la colère échappe inconsciemment au contrôle d'un homme même s'il est déterminé à ne pas se mettre en colère et à rester calme de même les Sages à l'intention vraie Satya Sankalpa peuvent être choqués par les injustices apparentes du monde et penser sans s'en apercevoir 

Dieu
faites que survienne 
le bien 



alors cela se produira certainement et c'est ce qui explique 
les événements extraordinaires 
dans le monde 

les grands bouleversements 
sont le résultat d'

un vœu 
dérobé dans le mental d'
un Sage


c'est la loi de la nature 

qui peut la changer 


toutes les actions sont l'oeuvre de Dieu




























mardi, juin 28, 2022



notre triste époque 

ruisselle suffisamment d'énergie

on ne veut plus voir 

que des actes et nulle pensée


cette terrible énergie 

provient de ce que l'on n'a plus rien à faire

intérieurement je veux dire






























 


mais en fin de compte

même extérieurement

l'homme ne fait que répéter toute sa vie 

un seul et même acte 

il entre dans 

une profession

puis y progresse...


il est si simple d'avoir 

la force d'agir

si malaisé de trouver 

un sens à l'action 

très peu de gens

aujourd'hui le comprennent

c'est pourquoi les hommes d'action ressemblent à des joueurs de quilles qui emprunteraient des poses à la Napoléon pour renverser neuf machins de bois


je ne serais 

même pas surpris 

qu'ils finissent par en venir 

violemment aux mains simplement 

pour voir passer par-dessus 

leur tête 

ce mystère incompréhensible 


que toutes les actions du monde 

ne suffisent 

jamais 

!





















issue 

de la main du temps voici 

l'âme


dans 

sa naïveté

égoïste et irrésolue

malchanceuse

claudicante




















bancale boiteuse éclopée

incapable 

par nature 

ou par accident

de façon temporaire ou définitive

d'

un mouvement en arrière ou en avant




















fuyant la chaude réalité

le bien offert

reniant l'appel opportun du sang

ombre de sa propre ombre

spectre dans sa ténèbre

laissant des papiers en désordre dans 

une salle poussiéreuse....


démodée

surannée

vétuste 




















il est 

deux processus 

que les êtres humains ne sauraient arrêter 


respirer et penser


en vérité nous sommes capables de retenir notre respiration plus longtemps que nous ne pouvons nous abstenir de penser

à la réflexion

cette incapacité

à arrêter la pensée à cesser de penser

est 

une terrifiante contrainte


*


L.A. 

mais comment 

penser notre propre finitude 


grâce à la philosophie 

la connaissance 

de soi 

?


G.S 

non  

c'est le bon sens


être près des gens qu'on aime infiniment 

se dire que cela a été merveilleux 

d'être ensemble



***


le silence des livres

on peut le voir à l'œuvre dans l'utopie pédagogique de Rousseau dans l'Emile dans le diktat goethien selon lequel l'arbre de la pensée et de l'étude reste éternellement gris tandis que celui de la vie en actes de la vie-force et de l'élan vital est vert

le pastoralisme radical anime la pensée de 

Wordsworth lorsqu'il affirme 

qu'


une 

impulsion printanière sur l'arbre 

vaut bien plus que toute l'érudition livresque

quelque éloquent ou instructif qu'il puisse être 

le savoir que donnent les livres et la lecture 

vient en second

ils parasitent la conscience immédiate





















les livres indispensables 
nous accablent avec plus de force encore 
que la mort de l’aimé 

ce qu’ils ont en commun ce qui rattache les rares exemples profanes au canonique c’est bel et bien leur statut de textes sacrés de convocation et d’assignation à l’humanité

ils nous appellent et nous mobilisent

le premier coup sur le crâne 

nous oblige à garder les yeux ouverts



















l’Iliade et l’Odyssée la Bible, Péguy Kafka Husserl Kierkegaard… George Steiner nous donne à lire ici quelques-uns de ces textes indispensables où notre culture contemporaine croise la tradition. 

c’est notre patrimoine qu’il nous transmet par ces lectures

peut-être pour faire de nous de véritables héritiers





le récit d’

un ruissellement intellectuel 

qui retrace l’héritage culturel 

de la Bible  

en empruntant à 

Péguy Kierkegaard Weil Kafka Husserl... 

ce n’est pas 

un poncif de la critique littéraire 

que de dire que 

George Steiner est actuel




1

au 
travers 
d’

un miroir

obscurément 

pour 

Raul Hilberg 


2. La grande tautologie 

3. Une note sur Le procès de Kafka 

4. Totem ou tabou 

5. Tambouriner aux portes  Péguy 

6. Sainte Simone  Simone Weil 

7. Se fier à la raison  Husserl 

8. Sur Kierkegaard 

9. Homère en anglais 

10. Notre patrie  le texte 




















la journée 

est 

fraîchement lavée et belle

il y a 

une odeur 

de tulipes et de narcisses 

dans l'air



Livre I



















Poèmes de printemps première partie 

Livre II

Poèmes de printemps seconde partie 

Livre III

Poèmes d’été 

Livre IV

Poèmes d’automne première partie 

Livre V

Poèmes d’automne seconde partie 

Livre VI

Poèmes d’hiver 

Livre VII

Poèmes de célébration

Livre VIII

Poèmes de séparation 

Livre IX

Poèmes de voyage 

Livre X

Noms de choses 

Livre XI

Poèmes d’amour 

Livre XII

Poèmes d’amour 

Livre XIII

Poèmes d’amour 

Livre XIV

Poèmes d’amour 

Livre XV

Poèmes d’amour 

Livre XVI

Élégies funèbres 

Livre XVII

Poèmes sur des sujets variés première partie 

Livre XVIII

Poèmes sur des sujets variés seconde partie 

Livre XIX

Poèmes de formes diverses 

Livre XX 



Répertoire des noms de poètes 

Index des poèmes



le ciel est bleu et haut

un corbeau 

volette près de la fenêtre 

il y a 

une bouffée 

de tulipes et de narcisses 

dans l'air

























poèmes des saisons poèmes de célébration poèmes de séparation nom de choses poèmes d'amour élégies funèbres poèmes sur des sujets variés poèmes de formes diverses

rythment 
cette première anthologie 
née 
d'

un décret impérial


































oblique allusive la poésie japonaise jusqu'à une époque récente a la plupart du temps pour catégories élémentaires les phénomènes météorologiques les rituels saisonniers qui lient les générations une attention et une précision micrologiques qui passent au crible les mouvements du cœur à travers lesquels l'éphémère et le lointain, nommés il y a parfois des siècles conversent 

contextes d'écriture et citations forment ainsi des constellations aussi tangibles que le vent sur la peau et dans les feuilles des arbres


océans et ciels des mémoires

intrications de paysages et de sentiments 

le waka permet d'observer 

les contaminations

les pillages et emprunts réciproques entre les éléments

les végétaux

les animaux

les femmes et les hommes

dont les comportements et les aspects instruisent les saisons elles-mêmes interfaces des lois cosmiques d'étoiles et de constellations barrées et barattées par elles aussi bien que Darwin à bord de son navire le Beagle observe les migrations de végétaux, d'oiseaux d'animaux à travers les ères les précipitations les marées et les vents les continents le waka plus précis et concis observant autant les distances les intervalles les qualités singulières et les points communs indemnes des grandes généralisations boas sirènes logiques qui stérilisent réduisent l'innombrabilité des mondes et des expériences à quelques stéréotypes accompagnant la fin des ères des cycles


soundcloud


























Fauves et fleurs dragons et papillons Augustin Frison-Roche les peint tous comme les guerriers et les saintes les forêts et les villes dans une lumière comme venue du plus profond de l’être une lumière qu’il a le rare talent de projeter sous un ciel d’or 

Son éclat si moderne tient à la maîtrise d’une beauté sobre et fastueuse où tout nous entretient dans l’équilibre et la cadence de la poésie et de la rêverie des rythmes et des rites



































 






Le roi des forêts

Comme un arbre, roi des forêts,
Tel est l’homme exactement :
Ses poils sont les feuilles,
Sa peau l’écorce extérieure.



































Le sang sort de sa peau,
Comme la sève de l’écorce ;
De l’homme blessé il coule,
Comme le suc de l’arbre frappé.


Les chairs sont les éclats,
Les tendons l’aubier, ce qui est résistant ;
Les os sont l’intérieur du bois ;
La moelle, de part et d’autre, ressemble à la moelle.


Abattu, un arbre repousse,
Rajeuni, de la racine ;
Mais le mortel abattu par la mort,
De quelle racine repousserait-il ?


Ne dites pas : Du sperme :
Il n’est de sperme que d’un vivant ;
Comme s’il poussait de graine,
Mort, on voit l’arbre renaître.


Si l’on arrache avec les racines
Un arbre, il ne revit pas ;
Et le mortel abattu par la mort,
De quelle racine repousserait-il ?


L’homme est né une fois pour toutes : il ne naît pas ;
Qui donc pourrait le faire renaître ?
Brahman est connaissance, est béatitude
De qui demeure tranquille et le connaît.




***



om

c’est
en vérité 
l’aurore qui est la tête du cheval 
du sacrifice…






comme s'épuisent
ici-bas
les avantages obtenus par les actes, 
de même s'épuisent dans l'autre monde 
les avantages mérités par les bonnes œuvres














Enseignements de la forêt
Enseignements pour les chantres

La Brihad-aranyaka-upanishad et la Chandogya-upanishad

Traduction et notes d’Émile Senart
Introduction de Patrick Olivelle
traduite de l’anglais par Laurent Cantagrel
Illustrations inédites d’Augustin Frison-Roche






























 

lundi, juin 27, 2022


que ma musique soit trouvée manquante

en comparaison

à la vôtre 


comme il se doit


commencez 

dans la joie 

finissez 

dans la sagesse


explorez les poèmes





























comme moi

embrasser résister


le futur le présent le passé


nous travaillons nous luttons nous commençons 

nous échouons

​comprendre trouver défaire accepter 

de remettre en question


le chagrin le chagrin le chagrin le chagrin

nous changeons nous manions 

nous enterrons


sur nos visages

en lumière comme de la cendre


le jour 

est presque trop lumineux 

à supporter


l'eau verte 

me couvre du jour trop lumineux


je vais 

m'allonger ici 

un moment 

et jouer avec l'eau et les taches de soleil





















l’écriture de Nathalie Koble 

se caractérise par 

un travail de déplacement dans la reprise

faisant sien le 

make it new  d’Ezra Pound
 
elle invente 

une langue poétique hybride
entre les temps
les langues et les genres

Extérieur chambres 

est 

une consolation de poésie



































le livre rejoue des itinéraires
disperse les voix
varie les dispositifs d’écriture 
et de lec- ture 

pour donner forme à l’aléatoire 
et faire de l’espace 

il fait boucle autour de trois 
moments essentiels 

le déplacement 
la rencontre
la disparition

Et fait tourner










Préface

1. voyage
2. nuit d’hôtel
3. retour

ou bien

4. déplacement
5. rencontre
6. disparition

ou bien

7. naître
8. vivre
9. mourir

NB  
revoir d’urgence North by Northwest 
la mort aux trousses



***



Make It New 

fait référence à l'impératif moderniste d'Ezra Pound 1885-1972 et à sa collection d'essais du même nom de 1934

ce slogan oblige l'écrivain à créer à partir de la matière d'une œuvre d'art distinctement innovante

l'artiste doit rompre avec les normes formelles et contextuelles de ses contemporains en rendant les œuvres fondamentalement individuelles 

ces  nouvelles  œuvres modernes ne peuvent cependant pas être totalement autonomes car elles doivent considérer l'esthétique du passé dans le contexte du moment présent







son carnet 
d’adresses s’élargit

il s’ouvre à tous les passants 
les passantes 

Ô vous, qui marchez tout en pensant
Peut-être à ceux qui sont loin de vous

D. 
est devenu 
promeneur immobile

un passeur










 























dimanche, juin 26, 2022



10

l'arbre d'or

soutire 

le dernier liquide

afin de réduire l'ultime humide


l'arbre 

portera enfin 

ses glands et sera l'arbre d'or





















11

la rose

la matière 

est portée à son épanouissement 

mais n'oublie pas que notre rosa mystica

porte épine et peut encore engendrer souffrance 




je m'allonge  

je ris

je laisse l'eau verte et blanche

l'eau de béryl imparfaite du soleil

couler sur moi. 




















tout ce qui est percevable n'est donc que souillure ?

oui tout est souillure 

le monde entier serait-il une souillure ?

oui c'en est une

quelle horreur 

l'univers n'a donc aucune valeur ?

il a 

une énorme valeur 

car c'est en allant au-delà que vous vous réalisez

mais pourquoi même s'est-il manifesté ?

vous le saurez quand il finira





















finira-t-il jamais ?

oui pour vous

quand a-t-il commencé ?

maintenant

quand finira-t-il ?

maintenant

mais il ne finit pas maintenant

vous ne lui permettez pas de finir

je voudrais le laisser finir

non vous ne le voulez pas

toute votre vie lui est liée

votre passé

votre futur

vos craintes et vos désirs

tout cela a ses racines dans le monde

sans le monde où êtes-vous et qui êtes-vous ?

mais c'est précisément ce que je suis venu découvrir

et je vous réponds précisément ceci



parvenez 

à mettre pied 

au-delà 

et tout deviendra 

clair et facile



















ici


l’effacement 

du langage résulte de la substitution 

du mouvement


sorte 

d’abandon de soi 


de laisser-aller et 

d’acceptation de cet abandon






















la fenêtre ovale

pousse ces questions plus loin


elle combine

la flexibilité syntaxique de l'écriture antérieure 

avec la densité poétique 

de la dernière



qu’on le veuille ou non

quelqu’un 

qui se laisse aller à ne pas essayer 

de contrôler par tous les moyens 

le mode même sous lequel 

il émet ce qu’il dit 

est quelqu’un 

qui accepte d’être mort 

par rapport au contexte social 

dans lequel 

il se place



que notre main ait écrasé le moucheron est une affirmation qui ne peut être contestée mais le savoir s’il est mort et si c’est nous qui l’avons tué devra rester flottant pour toujours dans l’air une fois que nous avons à jamais le dos tourné 


vous devez savoir

comment la voix se balance hors du temps

en double image

ni l'une ni l'autre vrai


un 

chemin 

non vu et non 

invisible















77 

cette vérité

dont le sentiment fonde 

l’impatience moqueuse de la jeunesse 
























que nous ne sommes pas responsables 

du passage du temps

il pourrait l’éprouver de nouveau 

celui qui 

saurait aussi persévérer suffisamment 

pour obtenir la patience 

de l’observation des mouvements du feuillage 

sous les atteintes 

du vent


bingo