lundi, avril 25, 2022


les mêmes 
qui leur ont ôté les yeux reprochent au peuple
d'être aveugle


*


le 
paradis perdu 
de 

John Milton

l’esprit est à soi-même sa propre demeure 

il peut faire en soi 


un Ciel de l’Enfer

un Enfer du Ciel


*



















quoiqu'il puisse arriver  mon destin est le tien


je veux avec toi périr ou être sauvé


si la mort t'attend alors la mort est ma vie


je sens tant en moi la nature qui nous unit


je m'attache à moi-même en m'attachant à toi


rien ne peut nous séparer 

nos êtres ne font qu'

un


ton corps est le mien et ta mort sera la mienne



*



celui qui a vaincu par la force

n'a vaincu qu'à moitié 

son ennemi



nombreux 

sont ceux qui s'occupent de circonstances

rares ceux qui remontent 

aux principes



***

Bentley prétend que Milton étant aveugle les éditeurs ont introduit 

dans le Paradis perdu des interpolations qu’il n’a pas connues  

c’est peut-être aller loin 

mais il est certain que la cécité du chantre d’Éden 

a pu nuire à la correction de son ouvrage


le poète composait la nuit 

quand il avait fait quelques vers

il sonnait 

sa fille ou sa femme descendait 

il dictait  

ce premier jet

qu’il oubliait nécessairement bientôt après

restait à peu près tel qu’il était sorti de son génie


le poème fut ainsi conduit à sa fin par inspirations et par dictées 

l’auteur ne put en revoir l’ensemble ni sur le manuscrit ni sur les épreuves


or il y a des négligences

des répétitions de mots

des cacophonies qu’on n’aperçoit

et pour ainsi dire

qu’on n’entend qu’avec l’œil

en parcourant les épreuves


Milton isolé

sans assistance

sans secours

presque sans amis

était obligé de faire tous les changements dans son esprit

et de relire son poème d’un bout à l’autre dans sa mémoire


quel prodigieux effort de souvenir ! 

et combien de fautes ont dû lui échapper !


*



loin de ces fleuves
un lent et silencieux courant 

le Léthé
fleuve d'oubli
déroule son labyrinthe humide 

qui boit de son eau 

oublie 
sur−le−champ 
son premier état et son existence 

oublie 
à la fois la joie et la douleur
le plaisir et la peine
















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