jeudi, décembre 09, 2021


nous sommes tous des enfants de migrants


Après tout

les réfugiés ne font que revenir

Ils ne  débarquent  pas de rien

ni de nulle part

Quand on les considère comme des foules d’envahisseurs venus de contrées hostiles quand on confond en eux l’ennemi avec l’étranger cela veut surtout dire que l’on tente de conjurer quelque chose qui de fait a déjà eu lieu  

quelque chose 
que l’on refoule de sa propre généalogie





































Ce quelque chose c’est que nous sommes tous des enfants de migrants et que les migrants ne sont que nos parents revenants fussent-ils  lointains  comme on parle des cousins

L’autochtonie que vise aujourd’hui l’emploi paranoïaque du mot  identité  n’existe tout simplement pas et c’est pourquoi toute nation toute région toute ville ou tout village sont habités de peuples au pluriel de peuples qui coexistent qui cohabitent et jamais d’ un peuple  autoproclamé dans son fantasme de  pure ascendance 

Personne en Europe n’est  pur  de quoi que ce soit  comme les nazis en ont rêvé comme en rêvent aujourd’hui les nouveaux fascistes  et si nous l’étions par le maléfice de quelque parfaite endogamie pendant des siècles nous serions à coup sûr génétiquement malades c’est-à-dire  dégénérés .


 


Georges Didi-Huberman

Niki Giannari

Passer quoi qu’il en coûte

éditions de Minuit 

2017

p. 31 32


















dans les champs magnétiques
au seuil des tours

des ondes
des miracles
des gestes
des éternités froides
des obscurités et des martins-pêcheurs
des préfectures océaniques

le collège fenêtre tapissé de lierre
le galop des chameaux

le calcul divin des palais 

































les trois temps sont


ricocher
dégager
empiler

jeter piquer construire

la 
poésie 
est

une ombre de parole 

un bloc lourd

pour celui qui veut entendre































le 
rêve 
devient

un caillou

plat lancé sur la glace

la glace est 
crénelée cannelée marquée 


le 
mot 
est

une 
construction

implantée à la surface 
dans l'axe du 
puits


un dispositif 
vertical d'élévation
qui monte et descend sans discontinuer 
















 

chez 
Empédocle

amour et haine 
sont deux contraires dans le processus 
évolutif du monde

ceci 
rappelle le mythe 
































d'
Osiris 
principe du bien

et de 

Seth 
principe du mal

de même

les 
quatre 
racines rhizomata

renvoient à la théorie 
de quatre éléments de la philosophie

le dieu sphairos  sphère

ontologiquement primordiale et une imprégnée du règne de l'harmonie état primitif et état futur de l'Univers n'est autre que le 

Noun 

incréé uni à lui-même 
avant toute 
création

entité primordiale et une

totalité initiale

état primitif et futur de l'Univers



influence 
de la philosophie égyptienne 
sur la philosophie 
grecque





























la recherche 

fantasmagorique de l’Orrorin 

devient mon Graal 


ma coupe 

est transformée 

en dents






















j'ai  

appris le feu 

seul et désespéré 

face au noir immense


la foudre est ma sœur

ma véritable 

sœur


le cheval ou le bison 

sont les souffles portés sur moi


*


beauté 

vêtue de neige et partout 

nudité


de l’été 

un parfum


liquide emprisonné 

entre des murs de verre




les 

fleurs 

distillées

confrontées à l’hiver

perdent leur apparence


leur essence 

survit




















hiver

lumière 

solstice d’hiver

tambourins de glace 


elle ferme les yeux


il y a 

un monde muet

il y a 

une fissure






















les morts passent la frontière

en cachette


traces



trous noirs 

vive Voix

éclipses 

rendez-vous célestes 

feu du ciel 

météores et astéroïdes

 

cherche midi

rendez-vous de Vénus


bâton d’Euclide 

roman 

la bibliothèque d’Alexandrie 


les poètes et l’univers

 

cherche minuit

figures du ciel 


noir soleil 




c’est quand le monde cesse d’être la scène de mes espoirs et de mes souhaits personnels quand je le contemple en être libre qui admire interroge et observe c’est à ce moment-là que je pénètre dans le royaume de l’Art et de la Science


la 
poésie 
m' offre 

une  belle proximité sur ce chemin 






eux

imprégnés de la Vérité

ils étaient les intimes des dieux

les sages anciens 


les pères 

retrouvèrent

vraiment la lumière cachée 

et

maîtrisant les mantras porteurs de vérité

ils firent naître

l’Aurore


























elle ouvre 
les questions et 
elles sont vertigineuses





































la théorie de la relativité générale 
les modèles de trous noirs
les solutions cosmologiques 

de type big bang qui en découlent décrivent des espaces-temps courbés par la gravitation sans toutefois trancher sur certaines questions fondamentales sur la nature de l’espace 

quelle est sa structure 
à très grande et à très petite échelle 



est-il continu ou discontinu
fini ou infini

possède-t-il 
des trous ou des poignées

contient-il 

un seul feuillet 
ou plusieurs

est-il 
lisse ou chiffonné 

?


des approches récentes et encore spéculatives comme la gravité quantique les théories multi-dimensionnelles et la topologie cosmique ouvrent des perspectives inédites sur ces questions étayées par de surprenantes observations astronomiques


elle se sert 
des recherches récentes en topologie 
et décrit 

l’espace fini mais de topologie multiplement connexe donne l’illusion d’un espace plus vaste peuplé d’un certain nombre de galaxies fantômes

l’univers observable acquiert la forme d’un cristal dont seule une maille correspond à l’espace réel les autres mailles étant des répliques distordues emplies d’images topologiques


le 
fond 
diffus 
cosmologique
porterait également 
des traces observables 
du pliage de l’espace à grande 
échelle



un espace

un cristal

une maille


le soleil 

est bas maintenant

mon ombre est géante


bientôt 

tout est ombre























à travers l’ouïe 

nous sommes sensibles à des fréquences de vibration 

qui vont jusqu’à 20 000 fois 

par seconde 

l’ouïe 
fait la différence entre deux événements 
séparés par 

un millième de seconde

la vision ne perçoit jamais quelque chose à cette vitesse : dès que ça va plus vite qu’un vingt-cinquième de seconde comme c’est le cas au cinéma les films étant diffusés à 25 images par seconde  on a l’impression que c’est continu…





















ce que nous entendons 
est la musique des astres en train de mourir

il 
nous appartient 
de faire 

une musique de vie 
avec ou sans 
les étoiles

seuls la musique des sphères la harpe éolienne et quelques instruments électroniques récents se passent de l’homme pour être mis en vibration. 

c’est finalement au corps humain que revient le rôle d’agitateur de stimulateur et d’organisateur de la matière sonore 


le chant des pulsars

le chant des étoiles en train de mourir 

nous parviennent au travers du silence du vide

les formes de l’univers restent indéchiffrables 

et nos chères théories de la gravité généralisée 

montrent leurs limites


et nous 

les êtres d’après le big-band 

recherchons pathétiquement des théories unitaires 

qui rétabliraient l’harmonie 

du monde. 




le vide 
des espaces infinis

nous 
effraie autant que 
Pascal