mercredi, novembre 03, 2021







est-il 
joie plus délicieuse 
que de quitter le temps 
pour vivre au cœur de la pierre
en contact immédiat avec les forces du monde
et de parler avec son âme dans le silence
du roc 

?



le relief les rochers les falaises changent sans arrêt d’apparence Ce n’est pas seulement dû à la lumière du jour au jeu des ombres qui s’étirent et se retirent imperceptiblement Il suffit de détourner le regard quelques secondes pour que plissements creux et aspérités n’aient plus tout à fait le même aspect






































***

je suis 

entré dans la poésie Tang 
presque à l'improviste mais non par hasard
en lisant 

un poème de Li Bai 

qui met face à face 

un homme et une montagne 

le poète décrit 
un lieu d'immobilité et de majesté 
devant lequel l'être humain 
dans sa faiblesse et son impermanence 
ne peut que s'asseoir 
et regarder

Li Bai 
m'apporte autre chose 
à quoi je ne suis pas préparé 
par mon éducation et par mon langage 

une plénitude

une paix intérieure

cette paix 
n'est pas difficile à atteindre

il suffit 
de s'asseoir et de regarder

la poésie Tang 
est sans doute le moyen 
de garder ce contact avec le monde réel 

elle m' invite 
au voyage hors de moi-même 

me fait partager 
les règnes
les durées
les rêves









L.A Photographies 
Col d' Anterne octobre 2021
















































 



douce détresse de l’automne

des abois très lointains

une échauffourée 

de nuages
comme 

un remuement 
de souvenirs qui se cachent

&

la lisière 

des peupliers pour donner figure

à la lumière qui va venir


Hæres 























dans
un lieu 
déjà labyrinthique 
la perte des sens amène à se perdre
et tout devient objet 
de découverte

ce pourrait être

une hypothèse souple

un transfert vertical par jour de grand vent






le temps
n’est pas plus lié au Je 
que l’espace ne l’est aux choses 

encore moins est-il 
objectif et le temps subjectif



la partie 
de vous-même qui veut changer 
les choses 

est 
celle-là même 
qui aurait besoin d’être 
changée


























quelle 
est donc 
cette patrie 

? 

tu la connais 

c'est évidemment la patrie 

des livres 


les livres lus et aimés

les livres lus et honnis

les livres qu'on rêve d'écrire

les livres insignifiants 





















qu'on
a oubliés 
et dont on ne sait même plus 
si on les a ouverts 
un jour 





























les livres 
qu'on prétend avoir lus 

les livres 
qu'on ne lira jamais 
mais dont on ne se séparerait non plus 
pour rien au monde

les livres 
qui attendent leur heure 
dans une nuit patiente, avant 
le crépuscule éblouissant des lectures de l'aube


oui disais-je oui  

je serai 

citoyenne de cette patrie là 

je ferai 

allégeance à ce royaume


le royaume de la bibliothèque




N’essaie jamais de dire de quoi parle un grand livre. Ou, si tu le fais, voici la seule réponse possible : rien. Un grand livre ne parle jamais que de rien, et pourtant, tout y est. Ne retombe plus jamais dans le piège de vouloir dire de quoi parle un livre dont tu sens qu’il est grand. Ce piège est celui que l’opinion te tend. Les gens veulent qu’un livre parle nécessairement de quelque chose. La vérité, Diégane, c’est que seul un livre médiocre ou mauvais ou banal parle de quelque chose. Un grand livre n’a pas de sujet et ne parle de rien, il cherche seulement à dire ou découvrir quelque chose, mais ce seulement est déjà tout, et ce quelque chose aussi est déjà tout. 

MMS LPSMDH



























l'existence 

est la non-existence

la non-existence est l'existence


tant que vous ne l'aurez pas compris

vous demeurerez agités




















l'infiniment petit 

est comme l'infiniment grand

dans l'oubli total 

des objets


l'infiniment grand 

est pareil à l'infiniment petit

lorsque l'œil n'aperçoit plus de limites





























En 2018, Diégane Latyr Faye, jeune écrivain sénégalais, découvre à Paris un livre mythique, paru en 1938 : Le labyrinthe de l’inhumain. On a perdu la trace de son auteur, qualifié en son temps de « Rimbaud nègre », depuis le scandale que déclencha la parution de son texte. Diégane s’engage alors, fasciné, sur la piste du mystérieux T.C. Elimane, se confrontant aux grandes tragédies que sont le colonialisme ou la Shoah. Du Sénégal à la France en passant par l’Argentine, quelle vérité l’attend au centre de ce labyrinthe ? 

















Sans jamais perdre le fil de cette quête qui l’accapare, Diégane, à Paris, fréquente un groupe de jeunes auteurs africains : tous s’observent, discutent, boivent, font beaucoup l’amour, et s’interrogent sur la nécessité de la création à partir de l’exil. Il va surtout s’attacher à deux femmes : la sulfureuse Siga, détentrice de secrets, et la fugace photojournaliste Aïda… 


Mohamed Mbougar Sarr

La plus secrète mémoire des hommes

édition Philippe Rey


D’une perpétuelle inventivité, La plus secrète mémoire des hommes est un roman étourdissant, dominé par l’exigence du choix entre l’écriture et la vie, ou encore par le désir de dépasser la question du face-à-face entre Afrique et Occident. Il est surtout un chant d’amour à la littérature et à son pouvoir intemporel.


















errer

c'est tromper la ligne droite


aimer errer

c'est se jouer de l'erreur


il y a 

des mers

des crises des pluies des nuées

des tempêtes et des explosions


















je mesure 

le temps à petit tas de pas



l'être

qui s'est mis en situation labyrinthique

et qui l'a fait de façon délibérée 

consent à jouer 

un jeu


















une chose 

est à la fois 
toutes choses toutes choses 
ne sont 
qu'

une chose


si vous pouvez 

seulement saisir cela

il est inutile de se tourmenter au sujet 

de la connaissance 

parfaite
























Zeus 

s’adressant à l’assemblée 

des dieux


Ah ! misère 

comme les mortels sont prompts 

à blâmer les dieux 






















ils prétendent 

que c’est de nous que leur viennent les calamités

alors que ce sont eux-mêmes 

qui par leur propre folle prétention 

ajoutent des souffrances 

à leur destin


***


tout au long de l’Odyssée 

Athéna se montre sous mille visages 


nous ne nous rendons pas souvent compte

mais c’est toujours 

la même Intelligence 

qui se déploie dans toutes les situations de nos vies

heureuses ou malheureuses




Ô vous 

qui avez l’intelligence 

saine


contemplez 

la doctrine cachée

sous le voile des vers étranges


















où maintenant

quand maintenant

qui maintenant

l’innommable six premiers mots



je me sens né à chaque instant

à l'éternelle nouveauté du Monde...





















le Monde
ne s'est pas fait pour que nous pensions 
à lui

penser c'est être dérangé des yeux

mais 
pour que nous le regardions 
avec 

un sentiment d'accord...


aimer 
c'est l'innocence éternelle
et l'unique innocence est de ne pas penser


le seul mystère
c'est qu'il y ait des gens pour penser 
au mystère


l'unique 
signification intime 
des choses

c'est le fait 
qu'elles n'aient aucune intime 
signification


les choses n'ont pas de signification  

elles ont une existence

les choses 
sont l'unique sens occulte 
des choses


passe 
oiseau passe 
et apprends-moi à passer 

!


*



je ne sors pour ainsi dire 

plus depuis 

15 jours 


un tour de 

5 minutes 

dans le quartier et puis vite 

retour à la tanière


ce n’est pas facile 
de traverser les âges de la vie si étranger à soi même 
et on s’enferme trop 
dans sa tanière


comment 

s’en sortir sans sortir 

?



les Hivinizikis sont toujours dehors

ils ne peuvent rester à la

maison 


si vous voyez quelqu’un à l’intérieur 

il n’est pas chez lui


nul doute

il est chez un ami


toutes les portes sont ouvertes

tout le monde est 

ailleurs


Hiviniziki 
vit dans la rue
Hiviniziki vit à cheval 

toujours monté toujours galopant 

voilà 
Hiviniziki