jeudi, septembre 30, 2021


une poésie-monade

est  

une force irréductible

qui 
contient 
en elle-même 

le principe et la source 

de 
toutes ses 
actions 

































les poésies-monades 
sont les éléments de toutes les choses 
tant matérielles qu'incorporelles 


elles 
ne se forment ni ne se 
décomposent 


elles 
ne peuvent subir 

aucune 
altération
aucune modification 
par 

un changement interne


elles
ne naissent 
ni ne périssent 


toutes 
datent du jour de la création 


le monde 
est à leur égard dépourvu 
d'action
 
suivant 
les expressions de Leibniz 
en elles n'existent 
ni portes 
ni fenêtres 
qui puissent leur donner accès


elles n'ont 
ni étendue ni figure
et ne peuvent occuper d'espace 
ou se trouver 
dans 

un lieu



le temps 

le lieu

la substance 

perdent ces attributs 

qui sont pour nous leurs frontières


la forme 

n'est plus que 

l'écorce 

déchiquetée de la substance 


la substance 

s'égoutte dans 

un vide 

qui n'est pas son contraire


le temps et l'éternité 

ne sont qu'

une même chose

comme 

une eau noire 

qui coule dans 

une immuable nappe d'eau noire




la plasticité de l'espace 

est la ressource 

du rêve


chacun 

est 

un chemin qui mène quelque part

de demi-jour en demi-jour


















obscurum per obscurius 
ignotum per 
ignotius


l'
être que je rencontre est 
la silhouette 
d'

un bonheur 

une augmentation 

de la beauté ou de la puissance de vivre 

ou d'

un malheur 

une diminution 

un affaiblissement 



aller vers l'obscur et l'inconnu 
par ce qui est plus obscur
et inconnu encore




j'aime 
surtout le silence 
auquel me réduit la difficulté 
des langues






la 
pensée-poésie
suscite les ondulations 
d'

une rêverie 

et cette flottante excitation qu'on appelle 

une rêverie


tout 

semble avoir lieu 

au fond 

d'

une série infinie de courbes fermées

entre deux moments d'existence 

à la fois intense et 

aléatoire

















l'une des notions contemporaines 

les plus intéressantes et passionnantes

et pour ainsi dire 

apéritives 

est la notion de la 

bifurcation 



















apéritive 
en parlant 
de tout autre stimulant 
de nature physique ou morale

qui stimule l'appétit 
tonique

une promenade apéritive 


bifurcation 

division en deux branches

au figuré

possibilité d'option entre plusieurs voies


imaginons 
la vie contemporaine 
sous sa forme réelle comme dans 

l'étang de Leibniz 

il 
s'agit 
d'

un ensemble de rencontres 

plus ou moins fortes où chacun approche
d'autres êtres et s'en éloigne
où tous représentent 

un ensemble de forces
 
variables 
avec leurs ondes 
croisées


chaque portion 

de la matière peut être conçue comme 

un jardin plein de plantes et comme 

un étang plein de poissons


mais 

chaque rameau de la plante

chaque membre de l’animal 

chaque goutte de ses humeurs 

est encore 


un 
tel jardin

ou

un 
tel étang





quelqu'un 
est 

une force


ce qui signifie 
qu'il est 


une promesse 


quelle 
promesse



















les systèmes esthétiques mêmes les plus complexes
sont soumis à des évolutions 
qui se réalisent sous 
deux modes

celui d’une part
du changement continu 
du glissement progressif et imperceptible 

celui d’autre part
de la rupture brusque
souvent accompagnée de polémiques 
et de manifestes 





































entre le mode 
du  changement continu et celui 
de la  rupture brusque 
il existe 

une infinité de degrés intermédiaires
 
ces deux types devant être assimilés
dans la perspective
d’

un système

aux termes d’

un continuum 

entre lesquels il existe
 
une multitude de positions































marche #57


Pour précipiter les coïncidences et recevoir 
les fruits du hasard
il n’y a 
qu’

une méthode



































qu’

une piste possible 

c’
est 
la dérive



lorsque 
j’y repense 
j’ai l’impression 
d’

un enchantement



Le ciel bleu et le soleil font étinceler les vitres des immeubles. Les bruits du jour, les images s’éloignent. J’y demeure. N’en reste qu’une trace mouvante très longue à s’effacer. Dans le reflet de l’impossible, dans un écho différent du jour nous attendons nos possibles. Nous engendrons ce rapport dans la tension dans laquelle nous grandissons. L’écoute peut-être ou le passage d’un souffle à peine comme l’oubli dans la descente. Mais le paysage m’envahit, m’accompagne. La lumière se reflète sur tous ces fragments. L’immeuble fait de passages et de contradictions. L’escalier comme lieu inédit de rendez-vous, de refuge. En surimpression nos silhouettes sympathisent. Le contraste est frappant. Au-delà du raisonnable le risque zéro est impossible. Couper court, il faut oser je sais. Je viens vers toi.



Fugue à deux voix et multiples combinaisons


ce texte hybride travaille sur le lieu de la rencontre, le processus de sa révélation et l’invention de cet amour (invention, car en musique il s’agit d’une fugue à deux voix, tandis qu’en archéologie c’est la découverte d’un site, d’un lieu) sous la forme d’une histoire, celle de Sandor et Nyssia.


l’escalier monumental de la gare Saint-Charles à Marseille est composé de 104 marches. Ce récit raconte la rencontre de ce couple, à travers le temps, dans l’espace de cet escalier. Il est composé de 104 textes, répartis ainsi : 52 textes pour le personnage de Nyssia, et 52 textes pour le personnage de Sandor.


liminaire





marche #71


l’escalier n’est pas l’emplacement de l’espace 

il présuppose déjà 

une certaine dimension spatiale 

sans laquelle il ne pourrait pas exister 


l’escalier n’est pas seulement 

un élément du décor 

il est la figure concrète de l’espace qui produit l’événement 

et en détermine le sens


un escalier n’existe pas dans le vide 

même s’il ne mène nulle part


il repose sur 

un sol 

et se démarque justement par rapport à ce sol 

sur lequel il s’élève


ce sol est 

une première dimension spatiale 

qui se définit par l’étendue 

délimitée par la ligne horizontale


l’escalier donne accès à 

un ailleurs


on y passe d’

un endroit à l’autre

 

mais c’est déjà ce qui arrive dans le mouvement 

de gravir les marches


la perspective de l’espace 

change sous nos pas notre appréhension


il nous faut sans cesse 

ajuster les distances mouvantes 

entre le haut et le bas


enfin 

arrivé à son terme ces rapports 

se renversent


un escalier 

c’est à la fois 

une ligne horizontale  pour la stabilité 

et 

une ligne verticale pour la hauteur



l'

esprit d'escalier

se présente également sous la forme 

d’

un jeu de carte 


ici