samedi, septembre 04, 2021




 

elle se dresse

pour remédier 
au temps qui l'empoigne


dans 
ses yeux l'étendue 
était

un obstacle



***
























ô Circé 

qui me guidera dans ce voyage

?

jamais 
personne n'est arrivé chez Hadès 
sur

un vaisseau noir


je dis 
et l'illustre déesse me rétorqua 
aussitôt


Nourrisson de Zeus

fils de Laerte

Ulysse aux milles tours

n'aie
ni soucis ni désir 
d'

un pilote sur ton vaisseau

pars

!


après avoir planté le mat et déployé

les blanches voiles

reste à ton banc

!

le souffle de Borée te portera


quand ton vaisseau arrivera au bout de l'océan

tu trouveras

un petit promontoire

et les bois sacrés de Perséphone


*


laisser

permettre

laisser aller

vers quelque endroit quelque part

laisser aller en direction de...


l'action est légère 

directe immédiate et impersonnelle 


n'aie 
ni désirs ni soucis 
d'

un pilote sur ton vaisseau


pars

!


















Pierrette Bloch 

UNTITLED 

1993 

Galerie Karsten Greve Köln


*



















Tout s’écoule

on peut lire 

ce fragment de deux mots comme disant 

que les choses s’écoulent

qu’elles se transforment

qu’elles naissent 

grandissent périclitent et meurent


mais en réalité 

il n’y a pas de choses 


il y a 

un flot d’énergie 

un mouvement et sa cessation




c’est
l’homme qui construit 
des choses 

les panta

qui y croit fermement…
















à partir de quelle taille

une maquette 

devient 

une sculpture 


?



















à partir de quelle taille

une sculpture 

devient 

une architecture 


?


ne pas négliger

le potentiel de la miniature


la vertu des objets



trois manières 

de définir l’être-chose 


la chose 

comme support de qualités marquantes

comme 
unité 
d’

une multiplicité de sensations 

comme matière informée
























l’actualité importe peu 

ce n’est que l’écume des choses  

ce qui compte vraiment

 c’est les profondeurs de la mer 

Russel











être 
assis comme 

une 
montagne 


c'est 

changer de temps


la nature 

vit à 

un autre rythme 


nous pouvons 

avoir l'éternité derrière soi 

devant soi 

et si 


nous nous tenons 

bien au centre nous aurons l'éternité 

en nous mêmes 


c'est là 

que nous pouvons prendre 

racine




la poésie est ce rien  

mais 

un rien 

qui annule le reste  qui

nous engage entièrement sur cette scène vide



les montagnes sortent à peine de terre



le marcheur 

ne sait pas toujours où il va

mais le chemin 

lui

le sait




se risquer 

dans le jour comme dans l’eau

froide et blanche
























sur le tracé circulaire 

le commencement et la fin se confondent























le tracé circulaire 

c’est la vie  

surtout celle des hommes 

qui se déroule 

en cycles en saisons 

qui apportent tout 


la fin d’un cycle est le début d’un autre

qui au fond

est toujours le même


tout est cyclique 

dans les manifestations de l’Unique  

la vie des êtres 

l’évolution des civilisations

les saisons

les jours


si 

le commencement et la fin se confondent

alors 

il n’y a pas vraiment 

de point privilégié sur le tracé circulaire 

rien dont on puisse dire que cela 

ressort par rapport au reste

rien de spécial


















 






Louis Cane 

Papiers collés 

1967 

Centre Pompidou

Paris 



*


un cercle fixe le jour

un livre

une mémoire dans le soulèvement des terres

un déplacement vocal interrompt le souffle

une communauté d'humains répartit les morceaux


il est
nécessaire de savoir 
d’

une façon suffisamment claire 

ce qu’est 

une chose


c’est alors seulement que nous pourrons dire si l’œuvre d’art est une chose mais une chose dont autre chose encore fait partie ou bien si l’œuvre est d’une façon générale autre chose sans jamais être une chose



travaux d'accès difficiles

un sol nu

un temple qui donne sur les collines

un cercle

lieu noir de la vie

une famille de langues


les uns écrivent

les autres condamnent 

les autres tuent