la destruction 

est le message avant-coureur 

d’

un commencement 

abrité en 

retrait  

la 

dévastation 

elle

est 

le contrecoup 

d’

une fin 

qui déjà s’est décidée 

l’époque 

se tient-elle déjà devant 

la décision entre destruction et 

dévastation 

? 

mais nous savons

l’autre commencement nous le savons

en questionnant 

***

un badge 

un registre

un rictus

un symptôme

une bouche qui tombe

un regard de biais

un spasme 

une preuve

une mine de circonstance

une tête innocente 

une expression 

une vitre teintée 

une grille

un sas

j’imagine

un bloc de silence  

une ombre étale et opaque 

un lac

un champ magnétique

une faible tension électrique 

une onde secrète 

un anneau protecteur 

...

chaque fois 

qu’il se trouve

 

un penseur 

dont la pensée se tourne vers 

une décision

ce penseur 

est mû et travaillé par 

un souci 

une urgence 

urgence qui ne peut pas du tout encore 

être ressentie dans le temps où il vit 

tel qu’il apparaît au regard 

historisant

créer 

une chose 

qui peut attendre

parce qu’elle n’a pas besoin 

d’exercer 

un effet

pour être

ne pas s’inventer des 

nécessités

en cherchant à invoquer le devoir d’exercer 

un effet sur son temps

et de venir à son secours

cette façon de voir

qui sent l’hôpital

est étrangère à la pensée qui médite 

historialement

un penseur

une décision 

une urgence

un souci 

une chose

un effet

un effet sur son temps

elle

nous apprend 

à 

tourner 

autour du cercle pour se conformer 

au carré

sa méthode 

? 

tenir le pivot 

car tenir le pivot signifie 

naître au printemps 

grandir en été

récolter en automne

conserver en hiver

telle est la règle du Ciel

celui 

qui suit la règle du Ciel vit au cœur du temps

il ne le redoute plus

la Déesse 

de la Vallée profonde  fait confiance 

à 

une table magique 

bien plus utile qu’un ordinateur 

pour traverser la pluralité des mondes possibles 

c’est la table des cinq éléments

les cinq éléments fondamentaux chinois 

et leur cartographie 

la Terre au centre

le Métal à l’ouest

le Bois à l’est

le Feu au sud 

l’Eau au nord

nulle vie 

ne peut être divine

 

si 

elle 

n’est pas 

élémentaire

cachée 

au cœur de l’apparent 

concentrée au cœur du naufrage

elle traverse 

tous les phénomènes dans l’allégresse 

ayant appris très tôt la langue des oiseaux 

elle ne suit que son inspiration et les dieux qu’elle aime 

n’est l’instrument d’aucun puissant 

l’idiote utile de personne

elle pratique la joie 

celle qui rend l’espérance inutile et l’ironie

 

claire conscience 

de l’agilité éternelle et de la plénitude infinie 

du chaos

elle a trouvé 

l’or du temps 

elle vit 

assise dans l’oubli

la légende ne s’oppose pas à l’histoire 

comme le mythe à la vérité

elle en est au contraire le cœur mystérieux 

le récit secret 

son illumination

il faut vivre de légende 

pour ne pas devenir un fantôme

pour nourrir sa vie

pour échapper à l’idéologie

à l’opinion qui partout règnent

les vieux Chinois s’y connaissent tellement en légendes que leur vie même en est souvent une la postérité leur a donné des surnoms on leur prête des vies imaginaires égarées dans des forêts de bambous chevauchant des grues vivant plus longtemps encore que les tortues