dimanche, avril 11, 2021


je regarde attentivement 


ce qui se passe 

à l’extérieur et me laisser prendre 

au jeu du spectacle 


dans l’infra-ordinaire du quotidien






















un détail 

attire 
mon attention

le 
geste imprévisible 
d’

une jeune fille

son corps 
traversant soudain l’espace
faisant 

un écart inattendu 
pour éviter 

un obstacle 
à la dernière seconde

un 
élégant pas de 
côté


elle parle
histoire 
fragmentée

regarde
les choses
animées

le lieu
et les lieux



le printemps 
chemine avec Vénus

il est précédé par
le merveilleux retour des vents

trembler
vibrer
frémir

être inspiré















 

elle

incitatrice 

des vérités heureuses ou inspirations poétiques























dans la blanche infinité
d'écume d'algues et de sel
maintenant
dans la blanche infinité
sur
un tapis
un rêve immobile


éveilleuse

des pensées gracieuses

mouvement 

de la vérité productrice d'ordre cosmique 


cet épanchement 

a quelque chose d'irrésistible et d'océanique 

il submerge tout 


seule l'irrésistible vague s'épanchant depuis la réalité océanique de l'existence est à même de balayer toutes les futilités qui nous paraissent si importantes au jour le jour


autres notes

c'est 

un voyage plus long que celui d'Ulysse

il joint 

le cœur et la parole

le lieu et la présence


écoute les oiseaux
et ce que chantent les oiseaux

l'esprit est insécable
la source connaît l'arbre avant ses racines


voici le jour 
voici la nuit et rien n'est sûr

sinon
le mouvement
sinon
le repos


l'âme enseigne 

elle ne se répète jamais

les lèvres sacrées remuent dans la tombe

les lèvres vivantes parlent et remuent

avec les lèvres élues



















commencement

seuil

aube

début

naissance

origine

ébauche

matin

aurore





















pour ceux 
qui ont la vue faible 
l'Aurore fait voir au loin 
elle éveille toutes les créatures

l'aurore annonce l'éclatement de la caverne

le mental de l'homme

il y a 
tant d'aurores
qui n'ont pas encore lui















enfance

point du jour

orient

lueur

levant

est

esquisse

balbutiement

avril

avant-jour

arrivée

prémices


j'
observe 
d'

un œil nouveau

les 
courses furtives et solitaires 
d'

un papillon 

le long des hautes falaises
du lac où les bonnes plantes poussent
à profusion











 

nous avons franchi 

l'autre rive de ces ténèbres

l'Aurore en brillant 

laisse des perceptions claires


tout comme 

celui qui veut plaire

elle sourit pour être belle


la Brillante au visage splendide 

s'est éveillée pour nous emmener aux pensées

heureuses

















les hymnes védiques 
associent à répétition l'Aurore à la vérité et à l'immensité 
ce qui montre bien sa nature 
non matérielle


elle 
s'attache fidèlement 
à la voie de la vérité et telle 
celle qui connaît 

elle 
ne restreint pas
l' Espace




sur le strict plan 
de l'aurore physique du matin 
le sens serait

elle suit fidèlement l'ordre cosmique et comme si 
elle s'avait ne s'égare pas



littéralement

elle 
ne perd 
pas 

les directions 
















Amy Clampitt

Un silence s'ouvre

Traduit de l’anglais États-Unis
par Gaëlle Cogan
Préface de Calista McRae
Édition bilingue
NOUS



Hispaniola

Notez comme l’ours
bien qu’armé et dangereux
sans se soucier du tout de
sa dignité grignote indélicatement
des choses charnues et blanches
saccage les prés de fraises
plonge en se balançant barbouillé
à travers le jonc des mûriers




























cartographie un rêve
constellé d’arbres à ruches
de galaxies ronflantes
le premier mobile
faisant sonner les golfes
du sommeil béatifique
sur la langue
le baiser du miel 
du moins ainsi concevons-nous
innocence pataude
la version jeux d’enfants
du pillard sapient
omnivore
préhensile
brute de classe
mondiale : tout a commencé
avec la rumeur transmise
à Alexandre d’un roseau,
en Inde qui engendrait
le miel sans aide
des abeilles une topographie
de monoculture
noircissant l’Indus
le Tigre, l’Euphrate
tache de molasse
s’étalant vers l’ouest
plantations insulaires
au large de la côte
africaine traversant
l’Atlantique à saute-mouton
Hispaniola
le Mexique espagnol
le Pérou le Paraguay
le long de l’Amazone
les Portugais
les Néerlandais les Britanniques
la Barbade Antigua Montserrat
la Jamaïque déforestations
de plus en plus immenses
pour faire place à
la canne à sucre destinée à être
enterrée plantée coupée
broyée bouillie
fermentée ou
réduite en
l’apaisement
cristallin de fringales
mammifères navires négriers
contremaîtres
maniant le fouet indignité
de classe mondiale le trou
infernal bouillonnant de la cuve à mélasse
de l’ours

qui d’autre
 
?

le cauchemar










Table



15 Un silence s’ouvre

17 I
45 II
59 III
81 IV

109 Notes

113 A Silence Opens

115 I
136 II
145 III
161 IV

183 Notes



*



un rêve
constellé d’arbres à ruches
de galaxies ronflantes

un roseau
en Inde qui engendre
le miel sans aide
des abeilles 

une topographie
de monoculture
noircissant l’Indus le Tigre et 
l’Euphrate

un silence...