lundi, mars 29, 2021


bel anticyclone 

du golfe de Gascogne à la mer Noire 
et jusqu'au golfe de Syrte vers le sud 
centré sur l'arc alpin
Sion 1035


AUJOURD’HUI 

beau temps 

froid à l'aube dans la vallée 

presque chaud l'après-midi


LA NUIT PROCHAINE

belle clarté lunaire 

refroidissement 
par rayonnement durant la nuit




*


en face de l'eau 
Homère met le feu
en appelant le Soleil du nom d'Apollon
et la nature humide du nom de 
Poséidon 






















































 
29032021 = 19 = 10 = 1

citrus aurantium ssp amara
petit grain bigarade

wild oat
folle avoine

dans

la chanson des hannetons
se déplacent les méridiens et
la parole de midi 

un lointain aimant

le baiser du jour
imprime la brûlure du sens

dans

une langue étrangère


































vibration dense 
dispersion éparpillement timidité

vibration subtile 
élan vital curiosité créativité


je suis 
illusionniste 
prestidigitateur faiseur de tours 


célèbres leçons et fragments

l'étendue 
est la marque de ma puissance

le temps 
est la marque de mon impuissance




























 

légende 101/102


l'homme accompli 
profite des troubles pour accomplir 
son oeuvre 

il sait tirer parti 
du mal qu'il voit au-dehors pour s'améliorer 
au-dedans 


voici son portrait































qui est versé 
dans les retournements 
ne se laisse pas abuser par les mensonges 

qui a pénétré 
la voie n'est pas 
déconnecté par les phénomènes 
insolites

qui a étudié 
l'art rhétorique ne se laisse pas 
séduire par l'éloquence

qui a compris 
la rectitude ne se laisse pas 
appâter par le profit



celui-là 
a de vastes pensées 
et des connaissances étendues

il ne reniera pas 
sa conduite en échange de la longévité

s'appliquant 
tout entier à la voie et ferme dans ses choix 
il accomplit des prouesses 



*



pour tous les grands écrivains 
la beauté de leurs phrases est imprévisible
comme est celle d'
une femme qu'on ne connaît pas encore




























 

IL 

FAISAIT 

UN TEMPS DE TEMPS



au milieu du XIXe siècle
la physique entre en crise et même en
turbulence

la 
thermodynamique 
apparaît 

et 
elle surprend



*


































mais 
comme la vie est 
pour l’essentiel et de façon exaspérante

une série d’erreurs 
de mauvais choix de bêtises
d’accidents et d’incroyables coïncidences
tout se déroula comme 
il se devait





je m’invente 
une vie en mirage 

tu fais de même 

je fais semblant de croire à la tienne 
tu fais de même

mon illusion renforce la tienne 
la tienne la mienne

et ce que nous appelons réel 
tient à ce consensus cette illusion commune

et comment se défaire de ces illusions
les exposer au regard de qui lit sans se défaire 
de celles que le roman fait peser de tout le poids 
de ses traditions

?





partir des illusions
des croyances qu'on rectifie peu à peu 
comme Dostoïevski raconterait 
une vie





























c'est à la chaleur que doivent être attribués les grands mouvements qui frappent nos regards sur la terre c'est à elle que sont dues les agitations de l'atmosphère l'ascension des nuages la chute des pluies et des autres météores les courants d'eau qui sillonnent la surface du globe et dont l'homme est parvenu à employer pour son usage une faible partie

*


l'amour

c'est l'espace et le temps rendus 

sensibles au cœur


le temps 

dont nous disposons chaque jour est 

élastique





















les théories et les écoles 

comme les microbes et les globules 

s'entre-dévorent et assurent par leur lutte

la continuité de la vie




je sais combien
quand on est isolé
on demeure impuissant
à lutter contre les courants
de son temps








































Mesdames 

les féministes

Je suis amoureuse d’une Femme

de 

son 

regard 

de l’au-delà des mers 

Son nom est Marie

Et c’est la Mère de Dieu.

Qu’on se le dise !


Véronique Lévy


M



















un message 
consistant en influx de fréquence proportionnelle
au logarithme de l'éclairement


on manipule souvent
pour des raisons pratiques le logarithme népérien 
de la vraisemblance noté 

une vraisemblance M



en voyant ce corps insignifiant couché là je me demandais quelle table de logarithmes il constituait pour que toutes les actions auxquelles il avait pu être mêlé depuis un poussement de coude jusqu'à un frôlement de robe pussent me causer étendues à l'infini de tous les points qu'il avait occupés dans l'espace et dans le temps    des désirs d'elle qui n'eussent été chez une autre chez elle-même cinq ans avant cinq ans après si indifférente


*













formule complexe

l'architecture fait ce que bon lui semble
 
statues 
vitraux
rosaces
arabesques 
dentelures
chapiteaux 
bas-reliefs

elle combine 
toutes ces imaginations 
selon 

le 
logarithme 
qui lui convient





































Frédéric Dumond

erre 

cosmographies




















sur le chemin je suis

je suis oiseau noir à queue jaune

je suis genipa americana

plante de la teinture noire

sur le chemin je suis

je suis ce qui sert à empoisonner pour la pêche

je suis chérimolier

je suis conépate

sur le chemin je suis

je suis arbre à bouclier



erre 

est une épopée poétique et topologique à travers plus de 90 langues  une exploration d’autres territoires de sens dans d’autres systèmes de pensée d’un point à l’autre de la planète

erre

est une écriture dans les langues autres  c’est-à-dire absolument dans l’autre  là où il se parle et quand il se parle  et aussi un travail sur la nature même de la langue  sur ses états  sur sa forme  sur sa géographie

erre

ouvre et explore un espace dans la langue  par la langue de l’autre quand d’autres chemins la rendent comme étrangère à elle-même soudainement mystérieuse  et paradoxalement plus concrète



avec le temps

je suis tombé ici

avant qu’ici ne soit

j’ai tout traversé

j’ai marché de pays en pays

le corps sans vie 

sans mouvement sans esprit

des vies

les vies des autres

d’autres vies se sont rencontrées en moi

le temps aujourd’hui est mort

quand je suis parti

le nom des choses est devenu gris

la pesanteur n’est pas la même

ici mon corps n’a pas son poids

il y a un espace entre moi et les choses

je suis ce que je ne vois plus

je suis comme si j’étais


*


Frédéric Dumond 

erre 

cosmographies par Johan Grzelczyk

ici
























quelle est la fonction du recours 
au point de vue 
d’

un  meilleur soi 
dans la vie 
morale 


comment concevoir 
le soi multiple 






















quelles techniques 
peuvent être mobilisées 
par des agents qui ne disposent pas 
du haut degré de contrôle de soi qui est supposé 
par les morales en particulier par les morales du devoir 



comment concevoir 
sous cette hypothèse pessimiste 
la liberté l’autonomie et le rôle des engagements 
volontaires 

?



une fuite distraite...

une voiture qui passe ... 

une route droite...

une silhouette floue ...

une tour de béton...

une échelle...

un voyage à pied...

un geste opiniâtre...

un prudent parcours de guerre...

un slalom circonspect...



















être compris c’est se prostituer

et puis
tous les révolutionnaires sont stupides

il est des départs de soleil couchant 
plus douloureux pour moi que la mort d’
un enfant

raconter
c’est créer car vivre ce n’est qu’être vécu

je serai toujours 
un homme de la rue des Douradores 
comme l’est l’humanité 
tout entière

je suis 
une étagère de flacons vides

































je gis la vie

rien de moi n’interrompt absolument rien

le fait divin d’exister 
ne doit pas être livré au fait satanique 
de coexister

mais les autres
qu’ont-ils donc en commun 
avec le monde que je porte en moi

?


ma patrie c’est la langue portugaise

voir c’est avoir vu

avoir la pudeur de soi-même

je n’écris pas en portugais

je m’écris moi




je voudrais que la lecture 
de ce livre vous laisse l’impression 
d’avoir traversé 
un cauchemar voluptueux


l’immortalité est 
une fonction du grammairien



le seul vice vraiment noir
c’est de faire comme tout le monde



côtoyer 
ses joies et ses angoisses comme on côtoie
une personne sans intérêt



on dirait que ma vie entière et jusqu’à ma vie mentale n’est qu’un long jour de pluie où tout est non-événement et pénombre privilège vide et raison d’être oubliée

je me désole en haillons de soie

je m’ignore moi-même en lumière et ennui



où sont donc les vivants

?