mercredi, janvier 27, 2021


mais nous savons le commencement


l’autre commencement 

nous le savons à travers nos questions

c’est en sautant 

anticipativement que nous nous tenons prêts

à dire chaque fois 

oui et non


savants

nous ne le sommes à vrai dire 

jamais























mais pourtant

parce que nous sommes dans le savoir

nous questionnons loin au-dessus de nous

l’éclaircie...



c’est bien à l’Être qu’appartient

brisant puissance et impuissance

la décision

d’appeler 

le monde à entrer

en litige avec la terre

d’amener le dieu à l’urgence

et de faire advenir l’ample silence






















c'est un livre c'est un cube c'est une roue et elle est carrée

mais d'où vient 
ce doux accord avec le monde

?

l'ordre régit la musique

le même ordre règle la place des étoiles

et des plumes sur l'aile 

d'

un oiseau


si une chose touche votre cœur vous attire et vous donne une impression de plénitude c'est par elle précisément qu'il vous faut adorer le Seigneur suprême  il n'y a pas d'autre critère

















au centre de l'harmonie

une musique des plus célestes

telle est la vérité de l'univers


quatre 
chevaux comme 
quatre 
notes

un orage violet

on n'échappe pas à la soif du devenir en tentant de le parcourir de plus en plus rapidement comme tente de le faire l'homme moderne

on y échappe verticalement en n'importe quel instant tout comme on échappe au devenir du personnage du roman en n'importe quel instant non en améliorant son histoire mais en prenant intensément conscience que tout n'est que la conscience du romancier...


une abeille-étoile

une étoile-bourdon

une étoile

un pistil-volant

les rues vastes et silencieuses sont éclairées par les étoiles

le pays est grand comme un soleil

le son nous arrive de loin

les voix roulent comme des tambours


le Temps
a engendré jadis
les choses qui furent 
et celles à venir

du Temps
ont pris naissance 
les strophes

la formule est née du Temps


il faudrait suivre la voie du vide au ciel
augmenter pour diminuer
gagner pour perdre
mélangé avec sa demeure
comme l'abeille avec son miel




















symbole de Joyce
Constantin Brancusi 

1876-1957
Paris 
centre Pompidou  




























James Joyce 
Tales Told of Shem and Shaun

Three Fragments 
from Work in Progress 
1929 
étude





dans les années1920 le sculpteur avait déjà traité le thème de la spirale ésotérique et des cercles concentriques dans Cercles spirale et pyramides fatales 1926-1929

ce même motif a aussi inspiré  entre autres les amis de Brancusi  Francis Picabia et Marcel Duchamp 

mais ici  la spirale associe peut-être dans l’esprit du sculpteur  le souvenir des entrelacs celtiques ceux du manuscrit irlandais cher à l’écrivain The Book of Kells à l’évocation deWork in Progress dontTales Told of Shem and Shaunlivre les premiers fragments

la ligne  éternellement déroulée et enroulée sur elle-même  renvoie à la fois au monde cyclique et au développement de l’œuvre ouverte






cette 
oreille spirale
comme 

une image 
de l’auditif et du visuel 
combinés en Joyce, qui écrivit 
au moins autant pour l’oreille que pour l’oeil, 
et qui appela 

Earwicker

le personnage 
de sa dernière œuvre