jeudi, février 04, 2021






l’isolement social 

lors de l’épidémie de Coronavirus


puisque nous avons droit  soir et matin  au  bilan  du coronavirus  voici un autre bilan  tragique aussi mais dont les petits et grands prêtres de la messe médiatico-médicale se gardent bien de nous parler



































pêle-mêle donc  l’épidémie 

de psychoses et 
de burn-out  
de déprimes et 
de violences conjugales


les cancers laissés mûrir comme dans 
une jachère  

ou pourrir comme pommes sur 
un pommier

le retour de la moyenâgeuse médecine épidémique l’emportant sur la moderne clinique  dont on sait pourtant  depuis Foucault  que la naissance fut un progrès

les cas singuliers  
les maladies rares 
envoyés se faire soigner sur la Lune

l’actualité réduite aux actes de décès et à la balance  dans les hôpitaux  des entrants et des sortants  

sait-on 
ce qui se passe 
quand on en arrive là 


quand il n’y a plus  dans une société  
qu’à faire le décompte des morts  
des vivants des survivants 


a-t-on jamais lu Orwell 

? 

Huxley
 

Zamiatine 


Malthus 

?

l’opinion qui  enchaînée à ses chaînes d’information bouffe tête  rumine du virus à longueur de temps dans la seule attente de l’éternel retour du même  c’est-à-dire du reconfinement

tout le débat public ramené à une casuistique d’algorithmes et de chiffres  de courbes et de plateaux quand ce n’est pas à des discussions sans fin sur la nocivité comparée des variants patagons et hyperboréens ou les vertus respectives des masques UNS1 UNS2 IIR résistant aux éclaboussures et FFP2 super extra latex pour Covid récalcitrant 

que reste-t-il 
alors du goût de vivre 


ne sortira-t-on pas de ce moment 
plus épuisés encore que par les tâches 
les plus ingrates assumées au cours de nos longues vies 


et 
comment 
ne pas songer parfois 
qu’elles sont très longues  
en effet  ces vies  et qu’à ce rythme-là 
elles finiront par se prendre 
elles-mêmes en 
grippe 

?

le vaccin promis comme une manne  reçu dans la dévotion  mais qui ne garantit finalement rien et se voit désindexé de la promesse d’immunité annoncée

les vaccinations encore et l’étrange impudeur infligée à ces chairs piquées  à la télévision  en direct et en boucle : qu’il s’agisse de Monsieur Tout-le-Monde ou de Monsieur Poutine n’y change rien quand tous sont réduits chacun sa référence  à leur livre de viande ou à leur vie nue

l’éducation à distance – et l’éducation à la distance

les étudiants rêveurs  poignardés dans leur espoir  comme le cœur du calligramme d’Apollinaire

les cuisiniers confinés  seuls face à leur fourneau  comme s’ils étaient  avec les restaurateurs  les agents du diable et nos empoisonneurs en chef

les acteurs qui n’ont plus que YouTube c’est-à-dire leur miroir  à qui offrir leurs tirades et leur art

les télétravailleurs fliqués enfermés  enchaînés à leur machine rebaptisée ordi  plus aliénés que les ouvriers de Dickens

les commerces viviers de la diversité humaine  massacrés au napalm qui se nomme désormais Amazon 

l’accoutumance douce à l’idée effrayante de bêtise  primo : qu’il faut distinguer entre biens essentiels et non essentiels   secundo : qu’il est du ressort du ministre de la Santé de décider lesquels et lesquels  tertio : qu’il faut ranger parmi les seconds les livres  les idées  les fraternités partagées  les socialités réparatrices de solitude

l’effroyable prétention qui fait du médecin  si possible constitué en Conseil scientifique  l’exclusif savant en matière de choses humaines

les démocraties en suspens et qui n’auront bientôt plus de démocratique que leurs appareils institutionnels  fermés  eux aussi  plus ou moins sur ordre sanitaire

le triomphe des transhumanistes qui tiennent  eux  leur nouveau monde en forme de divine surprise : fini la saleté du réel  la ringardise de la culture la complexité des langues  des histoires  des lieux – et vive leur remplacement par la mondialisation  l’uniformisation  l’intelligence artificielle

la parole politique réduite aux bégaiements de la bien-pensance hygiéniste

les gouvernements d’Europe et du monde qui avancent  titubants somnambules  au milieu des corps arraisonnés

la fin des grandes espérances Dickens encore la disparition de tout projet de toute mémoire de tout enjeu passés comme dans une sculpture de César  à la broyeuse de la survie calculée

le reste du monde livré à ces charognards que j’ai appelé  les cinq Rois  et qui s’arrachent des lambeaux de cadavre – mais c’est celui de la civilisation !

le souvenir de nos vies d’avant qui  comparé à ce quotidien fait de rabâchage pédagogique et de trivialités culpabilisatrices  ressemble à un rêve au goût d’Éden  de fruit défendu et de plaisirs accessoires

quelle humanité 
se dessine-t-elle ainsi 

?

quel destin pour ce qui demeure
en ce monde d’êtres 
parlants 

?

jamais l’on n’aurait cru il y a un an quand se déclara la pandémie que pareille tristesse s’abattrait sur nos peuples

jamais que des grandes nations  exhortées à ne plus bouger et à ne pas se relâcher allaient ainsi se ratatiner

et nul  sauf Rimbaud se figurant une Europe ramenée à la taille d’une flache noire et froide  n’avait imaginé que nos cultures  nos langues  nos œuvres de vivants  seraient ainsi soldées

mais peut-être ne comptaient-elles déjà plus – sinon dans ces guirlandes de chiffres  ces danses macabres de data  stockées dans la mémoire de supercalculateurs qui eux ne risquent rien avec le virus


La règle du jeu












































 

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