dimanche, décembre 20, 2020


pourquoi vis-tu 

?


ma 

foi je ne sais pas 

mais 


j’aime vivre



























dans l’air du chemin de campagne prospère 
une gaieté qui sait... 

et ce gai savoir est sagesse

une sagesse malicieuse
qui ne se livre qu’à mots couverts

une sérénité libre et joyeuse 

la 
sérénité de ceux qui connaissent 
la 

puissance silencieuse 
du 
Simple

le ciel
la terre 
les mortels 
les divins



le 
Simple 
n’est jamais monotone 
il l’est seulement pour qui se 
disperse


la fausseté consiste 

en 

une privation de connaissance 

qu'enveloppent 

des idées inadéquates

mutilées et confuses


*


vous percevez l'infini partout 
vous savez 
que 

Dieu 
s'aime lui-même d'un amour intellectuel 
infini 

et que 

la Joie 
Laetitia   est le passage 
de l'homme d'une moindre perfection à 
une perfection plus grande 


Joie Tristesse 
Amour Haine Connaissance
 
vous avez l’horloge enchantée qu'il faut
 
la joie agit
la tristesse pâtit

vous trouvez que Casanova 
lecteur de Spinoza 
a eu raison d'écrire à l'une de ses maîtresses 

Sois gaie  la tristesse me tue


vous ratifiez la formule suivante 
victoire sur vos tendances libidineuses 

la béatitude n'est pas la récompense de la vertu
mais la vertu même

vous sentez et vous éprouvez que vous êtes éternel 
et c'est comme si vous aviez écrit


quand 
l'Esprit se 
contemple lui-même 
ainsi que sa puissance d'agir 
il est joyeux et d'autant plus qu'il 
s'imagine  plus distinctement lui-même 
ainsi que sa puissance 
d'agir




















 

elle ouvre la fenêtre...

elle en a presque le souffle coupé...

le monde a gagné en intensité...

elle le contemple depuis les hauteurs...

elle le voit mieux encore...

elle l'absorbe tout entier...


elle a le chant des étourneaux...




















l'encre de la nuit...

les giboulées...

les voix familières...

le parfums des fleurs...

la chaleur des pierres...

la beauté de la fin du jour...


toutes 
les choses 
qui nous manquent 
quand on est 
mort



la plume trace les lignes de sa main

le cœur
la vie
la fortune
les fourmis... 




























 

Saturne  

l'une des sept planètes  
les chimistes appellent de ce nom 

le Plomb
















Saturne des Philosophes

lorsque la matière 
hermétique est devenue comme de 
la poix fondue

et après devient très noire
dans laquelle se fait
l'éclipse du soleil et de la lune

que les sages nomment
boue et limon

dans lequel
l'âme de l'or
qui est appelée 
la fleur de l'or dans la tourbe

se joint avec le Mercure
de sorte qu'ils appellent Saturne ou Plomb
le tombeau où le roi est enseveli

ou bien 
Nigredo

c'est-à-dire 
la noirceur qui est 

la tête 
du corbeau....




Saturne 

est quelques fois appelé 

le temps
































page de garde 
de l'édition originale de 1866


Les Sages d’autrefois, qui valaient bien ceux-ci,


















Crurent, et c’est un point encor mal éclairci,

Lire au ciel les bonheurs ainsi que les désastres,

Et que chaque âme était liée à l’un des astres.

(On a beaucoup raillé, sans penser que souvent

Le rire est ridicule autant que décevant,

Cette explication du mystère nocturne.)

Or ceux là qui sont nés sous le signe SATURNE,

Fauve planète, chère aux nécromanciens,

Ont entre tous, d’après les grimoires anciens,

Bonne part de malheur et bonne part de bile.

L’Imagination, inquiète et débile,

Vient rendre nul en eux l’effort de la Raison.

Dans leurs veines le sang, subtil comme un poison,

Brûlant comme une lave, et rare, coule et roule

En grésillant leur triste Idéal qui s’écroule.

Tels les Saturniens doivent souffrir et tels

Mourir, — en admettant que nous soyons mortels, —

Leur plan de vie étant dessiné ligne à ligne

Par la logique d’une Influence maligne.



P. V.



Le poème liminaire, Les Sages d'autrefois..., inscrit dès l'abord le recueil dans le sillage baudelairien, les Fleurs du mal ayant été qualifiés de « livre saturnien » par leur auteur dans son Épigraphe pour un livre condamné :


Lecteur paisible et bucolique,


Sobre et naïf homme de bien,


Jette ce livre saturnien,


Orgiaque et mélancolique


Si Verlaine convoque Saturne, c'est en tant que planète tutélaire des mélancoliques, bien que le mot même de mélancolie n'apparaisse pas dans le poème (il donne toutefois son titre à la première section du recueil), non plus que le mot « spleen », trop évidemment associé à son emploi baudelairien. 

Ces Saturniens, parmi lesquels se range Verlaine, figurent une sorte de communauté (ce que marque également le « nous » qui apparaît vers la fin du poème), communauté imaginaire à laquelle se trouvent associés tous ceux qui subissent l'influence de la « fauve planète ».



























Jupiter est le dieu romain qui gouverne la terre et le ciel, ainsi que tous les êtres vivants s'y trouvant  Il est aussi le maître des autres dieux et est originellement un dieu du ciel  caractéristique que l'on retrouve dans son association aux présages célestes liés aux pratiques divinatoires des prêtres de Rome.

































un éclair 
le sceptre 

le foudre 

au masculin faisceau 
de dards en forme de zigzag représentant 
la foudre

le chêne

l'aigle 

que l'on appelait  oiseau de Jupiter 

il est le maître de l'univers
de la terre et des cieux mais également 
le dieu des dieux



Saturne




 


bas-relief romain du IIe siècle après J.C 
représentant Saturne tenant 
une faucille

Saturne est un dieu de la religion romaine


il préside la période qui précède le solstice d'hiver  celle des Saturnales  Pendant le reste de l'année c'est un deus otiosus  un dieu en sommeil  Sa statue est liée par des bandelettes dont on ne le libère qu'au moment des Saturnales  Le Temple de Saturne dans le Forum romain abrita le trésor public et les archives (aerarium) de la République romaine au début de l'Empire romain.


il a été assimilé assez tôt par les Romains au titan grec Cronos


*

Le Titan Saturne, fils de Tellus et d'Uranus gouvernait le monde avant les dieux  Saturne épousa sa propre sœur Cybèle qui lui mit au monde 5 enfants :  Hestia Céres  Junon Pluton Neptune et Jupiter 

Tellus lui ayant prédit qu'il serait détrôné par son propre enfant Saturne décida de dévorer toute sa progéniture à la naissance  Cependant Cybèle  par pitié pour ses enfants  remplaça Jupiter par une pierre et la donna à Saturne  Jupiter fut élevé caché  puis une fois adulte délivra ses frères et sœurs qui avaient grandis dans le ventre de leur père  Ensemble  ils vainquirent Saturne et se partagèrent son empire  




à 
Jupiter 
les Cieux et le commandement du monde

à 
Neptune  
les Mers et les Sources 

à 
Pluton 
les Enfers et le Monde Souterrain








le Dieu Jupiter est parfois considéré  selon Christian Montésinos  comme un des pères de l'alchimie les alchimistes associent à Jupiter l'étain un métal gris-argenté assez malléable. ... 

pour les alchimistes qui pratiquent la transmutation des métaux  le plomb se change en étain  qui lui-même se mute en cuivre

les apprentis alchimistes associe Saturne au plus bas des métaux  à savoir le plomb qui est le plus lourd et imparfait des métaux 

Saturne comme le plomb se dit en hébreu Ophereth

le plomb en alchimie est le métal associé à la couleur noire  à la putréfaction  et au premier stade de l'Opus  le Nigredo




Basile Valentin écrit 

pour vous dire Adieu  je vous dis que quand vous tirerez de ce bon Jupiter le Sel  et le Soufre  et que les joindrez au saturne pour les faire couler ensemble  vous verrez Saturne prendre un corps plus fixe se purgeant et devenant plus clair  et aurez une transmutation véritable du saturne en Jupiter

Basile Valentin 
Révélation des mystères 
des ténèbres essentielles des sept métaux






































une série 
de grandes conjonctions 
dans le livre 

de Stella nova de Kepler

la Grande Conjonction 
est le rapprochement maximal apparent des planètes 
Jupiter et Saturne sur la voûte céleste 






























ce phénomène astronomique 
se produit environ tous les 20 ans


la Grande Conjonction est un phénomène remarquable que les anciens observateurs du ciel ont étudié assez tôt  Une interprétation astrologique souvent catastrophiste liée à leur périodicité s'est répandue en Europe pendant le Haut Moyen Âge et l'on y retrouve des allusions dans un grand nombre de textes non seulement à prétention savante mais aussi littéraires ou populaires

Johannes Kepler est l'un des premiers astronomes qui a défendu la thèse selon laquelle l'Étoile de Bethléem était une Grande Conjonction













Jupiter 0°10' Verseau
Saturne 0°20' Verseau






























 

 

l'infini semble devenir éloquent...

un montage de lumières électriques...
au-delà du pôle magnétique...
un coup d’œil vers la Russie...
la calotte glacière toujours comprimée...
une mer sombre et huileuse...

la courbure se place au mm à la lettre...
indéchiffrable est la prose aérienne...
l'angle l'oriente vers un noyau multidirectionnel...


pluie sur le visage...

couché de soleil...

vagues vertes....

entre deux lignes serait une façon de dire...


































tout avance si lentement...

l'histoire du monde ne semble pas pressée...

une disparition apparaît au filage...




détachée du néant
son bonheur est un sommeil
sur le sommet de la montagne
où elle reçoit sans rien donner