dimanche, décembre 06, 2020

Elena 
pensait  tout en marchant...

dans la poésie 
comme dans une isba 
au cœur de la forêt 
le voyageur doit pouvoir trouver 

tous les objets de première nécessité...

allumettes
pain
sel 
hache 
un puits pas trop loin...

elle a vite
fouillé dans ses vers 
et elle y a trouvé tout cela


mais 
























il s’est révélé 
qu’on pouvait aussi 
y trouver tout ce qu’on veut...  

des instruments de musique 
des instruments tout court
presque tous les oiseaux 
les animaux
des notions abstraites 
des formules mathématiques
des figures géométriques 
des livres de magie
des traités d'astrologies
des fleurs 
des minéraux
des insectes
des habits 
de l’argent
des nombres
de la vaisselle… 











Elena Schwarz

se dote d’une vaste culture 
faite de textes fondamentaux...

la Bible 
la Kabbale 
la mystique rhénane Jacob Böhme
Dante 
 
et de grande poésie russe...

Pouchkine 
les poètes interdits de l’âge d’argent 
Tsvetaeva
Mandelstam 
Khlebnikov 
Kouzmine

ses positions spiritualistes s’affirment... 

Dieu

un 
Dieu 

immense
incandescent

qui 
accueille la diversité 
des croyances 

vient 
au centre de son espace 
intérieur





J’ai tourné le coin, posé mon regard
Nuque basse, sur toi.
Tel sera, je crois, notre destin :
Rôder sur un même toit,
Écouter l’amour qui monte en douce l’escalier,
Et qui ronronne, et souffle fort,
Mais – le vert de nos yeux flambe –
Nous regarder, l’un l’autre, pas l’amour.















 














Je découvris le grand seul




















aussi des fleurs et des oiseaux

ah compagnes 

et compagnons d’imaginaires ! 



Julien Bosc le coucou 
chante contre mon 
cœur


ce qui 
manquerait si la 
mémoire 

?


les longues promenades 
à travers bois et forêts

le tête à tête 
inattendu avec le chevreuil et la biche

l’odeur 
des champignons 
et celle du fumier dans l’étable

les æschnes 
bleues à la surface de la rivière

les callunes 
de fin août à septembre

les queules 
autour des ruines


le 
silence 
de la neige


la 
toute première 
jonquille


*


notes-rapides

les Aeshna 

sont de grandes libellules d'
une envergure de 
8 à 11 cm 

elles ont l'abdomen 
et le thorax brun ou gris-brun 

et possèdent des striations bleues 
vertes jaunes ou encore 


une dégradation de ces trois couleurs

une variation de ces tons 

peut subvenir chez les individus 

d'une même espèce 

ils ont également 

une tache 

en forme de  T  sur le haut de la face  

à la rencontre des yeux

toutes les Aeshna ont deux bandes sur chaque côté du thorax et deux autres bandes sur le dessus de celui-ci entre la tête et les muscles d'attachement des ailes

deux rangées de points 

traversent verticalement l'entièreté 

de l'abdomen 

ces motifs sont à l'origine du nom anglais 

Mosaic Darner



*


les queules autour des ruines

A la recherche 

des arbres vénérables… 

nul n’entre ici s’il n’est amoureux des Muses

des mythes et de l’harmonie 

du monde


Les Nerviens sont faibles en cavalerie et toute leur force vient de leur infanterie  Ils ont l'habitude pour empêcher plus facilement les attaques de leurs voisins  de tailler et de courber de jeunes arbres dont les nombreuses branches poussées en largeur et les ronces et buissons croissant aux intervalles forment des haies semblables à des murs  barrière impénétrable à l’œil même























une  inspiration ? 

une respiration silencieuse ?

Tatiana Shvetsova-Yaperov





















6.37


voir le présent

c'est voir tout

et tout ce qui a toujours été

et tout ce qui sera à l'infini

car en toutes les choses



il y a 
identité d'origine 
et de forme

*


quelle main fait mouvoir mon corps

?

qui me fait parler

?

qui me fait voir

?

qui me fait entendre

?

qui crée en moi l'illusion d'être un moi

?

où mon moi pourrait-il trouver place

?






















 

un insecte rampe et s'envole

seul

le chardon vert de Russie

est aussi vert

on le récolte vert pour qu'il soit utile






















un aspect nouveau de la taxinomie


en biologie l'étude de la classification a été fort poussée  la classification des organismes vivants a été nommée  taxinomie  le but est essentiellement de placer les objets dans des cases reflétant la place qu'ils occupent dans l'arbre de l'évolution 


classification d'éléments de suites d'éléments formant des listes qui permettront  par leurs règles de combinaison de rendre compte des phrases d'une langue


classification

systématique

classement

méthode

taxologie

terminologie

typologie


les recherches convergent...

on a dépassé le processus...

on prétend que...

ne peut faire appel...

sérieusement appel...

un postulat plus métaphysique...

la notion de variations concomitantes...

une fonction mathématique...

logique...

variations...

hypothèses...

sans recourir à l'expérimentation...

investigations...

rien d'aussi anthropomorphique...

un endroit très précis...


je me mets au calcul différentiel...

je n'ai aucune patience...




toute lecture 
me renvoie immédiatement 
à l'écriture...



par 
une sorte 
d’ellipse pédagogique

le suspens 
hésite ainsi entre 
les temps 
d’

une écriture absente 
et qui

plus 
invisible 
que jamais 
rêve de devenir 
ce qu’elle est après tout 
enfin lisible  

rappels 
anticipations ruses naïvetés hypothèses 
sauts ou pas de côté


trois points 
alignés horizontalement au niveau 
de la ligne de base 

comme 

un procédé rhétorique 
laissant la fin de la phrase en 
sous-entendu 































De 1598 à 1650 - à deux ans près les dates de Descartes - vivait dans le Deccan, au cœur du pays marathe, un boutiquier des plus humbles, et même des plus humiliés puisqu'il appartenait à la dernière des castes, celle des choudras. 
































Un illettré, au sens actuel du mot, un véritable analphabète. 

Négligeant un beau jour les siens, le voilà qui se réfugie dans la jungle, en prière. 

Bien des femmes chez nous font encore les cafés, pour en arracher leur homme ; 

la femme du boutiquier courait elle aussi les collines afin de leur dérober ce nouvel amant de Dieu. 

Mais les affaires ennuyaient Toukârâm, notre boutiquier, qui s'occupait plutôt d'apprendre par cœur les 36000 vers du Jnânechvarî, cet illustre commentaire de la Bhagavad-Gitâ qu'à la fin du XIIe siècle Jnândév composait à l'usage des petites gens. 

Bientôt, il sut aussi les 20000 vers du Bhâgavata d'Eknâth, le brahmane acquis à la mystique et qui se voulait «brique rouge», rien de plus, «sous les pieds de l'enfant-dieu».

«Je n'ai pas lu les livres», chantera un jour Toukârâm. 

Sans doute, mais il avait écouté le chant de ses deux maîtres, et sur les routes empoussiérées, l'Inde marathe tout entière scande aujourd'hui les Psaumes du pèlerin, l'œuvre du choudra illettré.

















le flottement de la poésie existe


le chaos me frôle...

liberté totale...



*



buée de paroles...  

fragments de souffle... 






















touche du doigt les verbes ...

vérifient...  

réfrigèrent... 

vitrifient... 


la vapeur d'eau ... 

la preuve que l'on efface ...

le sens que l'on sauve... 


l'asphyxie ...


de mots ainsi ...


roulent....


pilule d'excréments ...

ainsi progressons-nous ...

collés à terre ....


sans domicile  de la pensée...  

je traverse les territoires ...


poussière de gypse ....

goudron des rues ....

carrelage d'ex-voto...

 

raisonnements voilés ...

scaphandre ...

difficultés d'articulation ...


le poids de l'air  ...

les réticences ....

l'opaque ? 


la pente ....

revient en mémoire ...

fugaces reflets noirs....



l'
élytre à la façon 
d'

un étui...


quelques lignes 
quelques vers à la mesure 
d'

un gosier d'oiseau 

ou d'

un élytre de cigale

















une tête 

polaire hydrophile 

et des queues aliphatiques hydrophobes


le jour 

je m’égare  

sur de grandes bruyères terminées 

par des forêts


peu de chose à ma rêverie ! 




















une feuille 

séchée que le vent chasse devant moi 

une cabane 

dont la fumée s’élève dans la cime dépouillée 

des arbres 


la mousse 

qui tremble au souffle du Nord 

sur 
le tronc 
d’

un chêne


une roche écartée

un étang 

désert où le jonc flétri murmure !


un être humain 

peut ressembler à l'impression 

qu'
il se fait 
d'

une petite partie de lui


quand 
doit on briser 
les chaînes qui nous oppressent 


quand 
doit on poser
les limites du raisonnable 

?


jusqu'où 

dans quelles proportions 

?


je vous le dis 

il n'y a pas assez d'amour


le silence 

a aussi son bruit
























Allerseelen

Was hab ich
getan?
Die Nacht besamt, als könnt es
noch andere geben, nächtiger als
diese.



































***

Vol d’oiseau...

vol 
d’

une pierre 
mille voies décrites


regards
pillés et cueillis.... 

la mer
goûtée 
enivré 
enrêvé 

une heure
obscurcie d’âmes.... 


la 
suivante, 
lueur automnale
offerte 
à 

un aveugle
sentiment qui venait au chemin 

d’autres
nombreuses
sans lieu et lourdes d’elles-mêmes 

aperçues et évitées...


erratiques orphelins....

astres
noirs et gros de langage 

nommés
d’après serment rompu 
de silence....