mardi, novembre 10, 2020

 

une particule libre réelle

n'est 
jamais décrite
par

une seule onde

mais plutôt 
par

un paquet d'ondes

qui est

une 
combinaison linéaire 
d'ondes








mais aussi

de vagues
de flots
de remous
de vibrations
d'orbes
de frissons
de flux

de ronds
























ceci entraîne

un curieux phénomène

connu sous le nom de

principe d'incertitude de Heisenberg 



on ne peut connaître simultanément et avec

une précision arbitrairement grande

la position et la quantité 

de mouvement

d'

une particule

mais aussi


d'un grain
d'un atome
d'un morceau
d'une poussière
d'une poudre
d'une partie
d'un mot
d'une molécule
d'un terme


































 

10.11.2020

7

quelques précisions


un fragment 
très ancien commençait 
par affirmer

il n'est pas 
de plus grande joie que celle de tout comprendre  
d'être partout chez soi



sa pensée creuse 
à partir d'hypothèses restreintes


*






























il faudrait accepter 
qu'un discours doive parler de lui-même 
pour rompre le narcissisme



l'exception de la clarté

de la lumière
de la netteté
de l'éclat
de la limpidité
de l'intelligibilité
de la connaissance
du brillant
de la luminosité
de l'évidence
de la transparence
de la lueur
du jour
de la splendeur
de la simplicité



*


un petit trait vertical 

prolongé en haut sur sa droite par

un petit trait horizontal


isoler le problème suivant son angle 

le plus absolu

le plus

autoritaire
complet
entier
impérieux
parfait
catégorique
impératif
total
dictatorial
despotique
formel
souverain
tyrannique
tranchant
radical


le plus pressant



*



entendons par là 

la fonction de subversion et de traversée


partout les périls 

partout les naufrages quelle que soit 

la direction

quelque soit

la conduite
l' administration
le gouvernement
l' autorité
la gestion
la ligne
la voie
le sens
l'ordre
le commandement
la tête
la tournure
l' orientation
l'organisation
la marche
le trajet
le tour
la tenue
la route






















 

point zéro

une origine non physique


c'est 

par 
l'excès d'expansion de son énergie 
innée 

que 
ces quatre sphères en leurs 
distinctions

à savoir

l'énergie

l'illusion

la nature et la terre

















ont été engendrées par ...

l'impensable




on peut toutefois penser que

le fait que

la courbure globale de l'univers

soit si près de zéro

est

une indication 

qu'elle est effectivement zéro

sinon ce serait

une coïncidence 

absolument extraordinaire


















Parmigianino

Autoportrait au miroir 

1524

Vienne

Kunsthistorisches Museum









Girolamo Francesco Maria Mazzola ou Mazzuoli dit Parmigianino en français Le Parmesan né à Parme le 11 janvier 1503 et mort à Casalmaggiore le 24 août 1540  est un peintre et graveur italien de la Renaissance et du début du maniérisme



Pour explorer les subtilités de l’art  il entreprit un jour de faire son autoportrait  en se regardant dans un de ces miroirs de coiffeur de ceux en boule convexe 

Ce faisant voyant les effets bizarres que provoque la convexité du miroir… il lui prit l’envie de contrefaire toute chose selon son caprice

Donc  après avoir fait faire au tour une boule de bois  et l’avoir divisée en demi-boule de taille semblable à celle du miroir  il entreprit avec grand art d’y reproduire tout ce qu’il voyait dans le miroir et en particulier lui-même… 

Et puisque tous les objets qui s’approchent du miroir grossissent et que ceux qui s’en éloignent rapetissent, il y fit une main qui dessinait un peu grande, comme la montrait le miroir et si belle qu’elle paraissait très vraie 

et comme Francesco avait belle apparence et le visage gracieux  plus celui d’un ange que d’un homme son effigie sur cette boule avait quelque chose de divin











Tout artiste 
qui se respecte 
devrait avoir comme seul objectif 
de créer 

une œuvre 
dont le critique 
ne saurait même commencer 
à parler



Les propos tenus par John Ashbery sur l’œuvre du peintre Brice Marden éclairent la sienne  si singulière  qui s’ouvre avec Some Trees  choisi en 1956 par W. H. Auden pour le Yale Series of Younger Poets Prize 

À peine vingt ans plus tard  le magistral Autoportrait dans un miroir convexe éponyme du poème inspiré par le tableau du Parmesan mêle réflexions intimes  propositions esthétiques et regards sur le monde environnant à la lumière d’un examen des rapports difficiles entre peinture et poésie




les mensonges 
tombent du ciel tels des fils de lin
sur l’Amérique entière 

et 
le fait que certains soient 
vrais

ne compte certes pas 
mais sert tout de même à justifier

toute 
cette folie organisatrice 
sous le déferlement des plaisirs 
convenables



éditions Joca Seria collection américaine













 














 

Ariane Jousse

une forêt 

c'est des arbres 

de la terre 

et des choses qui cachent la terre

....

















*




ceci n’est 

ni 

un roman 

ni 

un poème 

mais 

une forêt 

un texte-forêt pourrait être 
un texte dans lequel s’égarer perdre ses repères

un texte
où le sens erre comme les pas d’
un marcheur pris dans 

un labyrinthe borgésien
parcourant sans fin des chemins qui se déplacent 
en même temps que la marche


c’est cette errance de la lecture 
du sens 
du texte 
qu’
Ariane Jousse 
organise dans ce livre qui refuse 
tout sol stable 
tout espace fléché
structuré selon les règles 
ou les attentes communes

si 
le texte est une forêt ce n’est pas 
une forêt pour randonneurs avec ses sentiers balisés 
et pré-tracés

ce serait la forêt de l’enfance 
des sorcières, 
la forêt moyenâgeuse opposée à l’espace connu 
et réglé de la ville ou 
du village : 

forêt 
de la nuit 
de l’inconnu
forêt où rôde l’autre du jour
de l’ordre
du sens


ce qui arrive 

est l’écriture puisque l’alliance de la langue et de la forêt est précisément l’écriture comme puissance d’égarement de dissolution d’une vie en soi plurielle et nomade 

ce qui arrive 

est l’écriture affirmant sa propre puissance qui implique l’exil et l’obscur  la vie nocturne  la puissance d’un nomadisme universel : 

femmes 
devenant cerfs

hommes 
devenant faons… 





Le sol de la forêt n’est pas un sol qui fonde ou sur lequel fonder  ce serait plutôt une surface sans directions, sans coordonnées préétablies et fixes, une surface pour se perdre et errer, une surface pour la disparition  pour les devenirs inconnus qui habitent la nuit 

Tout s’y ressemble et rien ne ressemble à soi  tout recommence et commence pour la première fois tout s’y égare et s’engage sur des chemins nouveaux 

Tout est l’écriture par laquelle la nuit advient sur le monde l’écriture par laquelle advient un nouveau monde un nouveau désert pour un nouveau nomadisme  le nomade refusant tout établissement sur le sol mais étant surtout celui pour qui n’existe aucun sol stable celui sous les pieds duquel le sol est infiniment mobile






La Fabrique du rouge 

un livre sans racines
un livre dont le sol ne cesse 

de se dérober
de changer

le 
livre 
d’

une écriture 

en elle-même nomade
plurielle 
exilée