mardi, novembre 10, 2020



 

Ariane Jousse

une forêt 

c'est des arbres 

de la terre 

et des choses qui cachent la terre

....

















*




ceci n’est 

ni 

un roman 

ni 

un poème 

mais 

une forêt 

un texte-forêt pourrait être 
un texte dans lequel s’égarer perdre ses repères

un texte
où le sens erre comme les pas d’
un marcheur pris dans 

un labyrinthe borgésien
parcourant sans fin des chemins qui se déplacent 
en même temps que la marche


c’est cette errance de la lecture 
du sens 
du texte 
qu’
Ariane Jousse 
organise dans ce livre qui refuse 
tout sol stable 
tout espace fléché
structuré selon les règles 
ou les attentes communes

si 
le texte est une forêt ce n’est pas 
une forêt pour randonneurs avec ses sentiers balisés 
et pré-tracés

ce serait la forêt de l’enfance 
des sorcières, 
la forêt moyenâgeuse opposée à l’espace connu 
et réglé de la ville ou 
du village : 

forêt 
de la nuit 
de l’inconnu
forêt où rôde l’autre du jour
de l’ordre
du sens


ce qui arrive 

est l’écriture puisque l’alliance de la langue et de la forêt est précisément l’écriture comme puissance d’égarement de dissolution d’une vie en soi plurielle et nomade 

ce qui arrive 

est l’écriture affirmant sa propre puissance qui implique l’exil et l’obscur  la vie nocturne  la puissance d’un nomadisme universel : 

femmes 
devenant cerfs

hommes 
devenant faons… 





Le sol de la forêt n’est pas un sol qui fonde ou sur lequel fonder  ce serait plutôt une surface sans directions, sans coordonnées préétablies et fixes, une surface pour se perdre et errer, une surface pour la disparition  pour les devenirs inconnus qui habitent la nuit 

Tout s’y ressemble et rien ne ressemble à soi  tout recommence et commence pour la première fois tout s’y égare et s’engage sur des chemins nouveaux 

Tout est l’écriture par laquelle la nuit advient sur le monde l’écriture par laquelle advient un nouveau monde un nouveau désert pour un nouveau nomadisme  le nomade refusant tout établissement sur le sol mais étant surtout celui pour qui n’existe aucun sol stable celui sous les pieds duquel le sol est infiniment mobile






La Fabrique du rouge 

un livre sans racines
un livre dont le sol ne cesse 

de se dérober
de changer

le 
livre 
d’

une écriture 

en elle-même nomade
plurielle 
exilée

















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