mardi, novembre 03, 2020




enfant qui vas à travers les prairies

5 avril 2011
22 :54


 


sur la plante de tes pieds

5 avril 2011
22 :54


 


la prière de la Terre

5 avril 2011
22 :55


 

sur ta joue     le paisible soleil du soir

5 avril 2011
22 :58



Ryôichi Wagô

Jets de poèmes dans le vif de Fukushima


*



une pomme est tombée 

la Terre est souffrante au point de se briser 




déjà plus aucune pensée ne germe


plan à vol de corbeau

Yi Sang






















Berenice Abbott 

Park Avenue et 39e rue

New York

8 octobre 1936
















les gratte-ciel s’élèvent 

sur 

une ligne 

pareils à des lamaseries 

dans 

un Lhassa inexpugnable 



ils s’affirment verticalement 
comme des nombres 
et leurs fenêtres les suivent horizontalement 
comme des zéros carrés 
et les multiplient... 

la rage des tempêtes atlantiques 
en tord souvent le cadre d’acier mais 
par la flexibilité de leur armature 
par leur maigreur ascétique 
ils résistent... 

aveuglé par l’Atlantique ensoleillé
je me trouve en plein ciel 
à une hauteur telle 
qu’il me semble que je devrais voir 
l’Europe  

le vent me gifle 
s’acharne sur mes vêtements  

près de moi 

des amoureux s’embrassent
des Japonais rient
des Allemands achètent 
des vues

comment décrire 

de si haut 
cette métropole en réduction 

c’est 

de la topographie
de la triangulation  non 
de la littérature 


Morand quand même

















































à peu 

d’exceptions près 

ma compagnie sur terre est celle de 

N.

confie B.

















elle va 

jusqu’à s’identifier à celui qu’

elle voit comme 

un précurseur 

dans sa façon de dynamiter 

les valeurs morales 



le plongeon  de N. 

est 

l’expérience intérieure

l’extase où le retour éternel et le rire de Z.

se révélèrent

 

comprendre et faire 

une expérience intérieure du plongeon

c’est plonger


on a fait 

de plusieurs façons l’exégèse de N.

reste à faire après lui l’expérience d’un plongeon

encourage B


*


leur rencontre au début des années 1990 

marque B.

C. 

l’initie notamment à la lecture de 

N. et de D. 


B.

lui doit l’idée 

que la disparition 

des transcendances traditionnelles provoque 

un vertige  


C. 

parle de  déracinement 

B. 

parle de  chute dans le vide 

et 

de plongée dans la   nuit du non-savoir 

 

l’expérience intérieure 


C.

s’intéressait aux grands mystiques 

maître Eckhart sainte Thérèse saint Jean de la Croix


ce qui oriente B. 

vers la définition de l’extase

comme 

l’une des ressources de l’homme souverain



EXTASE

grâce 
suprême recours

le suprême recours contre une vie
dépourvue de signification
tant qu'elle reste asservie
à

une conception du monde
dénaturée




















elle regarde le ciel
 
son étendue

ses fantasmagories et ses trouées blanches 

éblouissantes dans le gris... 


qui l’accomplit
dit Mallarmé parlant de la contemplation 
intégralement se retranche 

mystère



les masses nuageuses 

sans consistance et comme le remuement 

de la pensée... 




l’opéra
fabuleux  affirme  
nous ne sommes pas au monde

issu
de l’impossible voix 
l’infaisable 
être 








comme 

un cœur qui palpite... 

tous ont été sous la nuée

tous ont passé à travers les forêts

elle
immense et douce forêt 
immense


il faut 
aussi savoir vivre 
de cette vaste habitation 
du ciel 


un livre devient 

un autre lieu
 
à chaque fois que nous le lisons 


pouvoir 

se délecter en pensée 

de chaque seconde qui nous en sépare 

le silence est 

une forme de courtoisie


elle laisse errer 

son regard autour d'elle...


le corps 
qui se fait et se refait plus ou moins brutalement 
dans l’histoire traversée

ici et maintenant... 



elle semble quitter et elle-même et les autres

ce qui est acquis 

le passage 

le mouvement qui revient... 

ne 
venez 
pas trop tôt 
vous ne la trouveriez 
pas


la frontière entre le ciel et la terre a disparu 

elle lui reste l’éblouissement


elle veut

dit-elle

atteindre ce point de lumière ordonnée... 




la France

la Grèce l’Inde 

la Chine






























 

au sud se trouve 

un lac

fréquenté par les oiseaux


au nord est situé 

un canal

que hantent les oiseaux


















c'est à cet endroit même que passe

la Barque

poussée des vents en poupe


préposé aux cordages de la Barque

je suis

un matelot infatigable 


en vérité

je connais

les deux sycomores de turquoise

d'où surgit le Soleil

lorsqu'il part pour son voyage



*


si 
l'aigle 
d’Ézéchiel 
me déchire le cœur
comme les cèdres du Liban
et que je suis tenu par un pacte
je voudrais que ma graine pousse
dans une forêt où le Blake fut aimé



















 

Isis elle est

bartavelle 
balancelle bagatelle
attelle ascensionnelle artificielle
artérielle 

elle est aquarelle





























anticonstitutionnelle annuelle aisselle
airelle actuelle accidentelle

elle est voyelle

visuelle virtuelle violoncelle
villanelle vervelle vermicelle
varicelle 

elle est vaisselle

usuelle universelle unisexuelle unipersonnelle 
tutelle truelle trimestrielle 

elle est temporelle 

traditionnelle touselle tourterelle
tourelle torrentielle tonnelle textuelle

elle est tarentelle

surelle surnaturelle superficielle 
substantielle spirituelle spinelle
Compostelle

elle est soutanelle

solennelle soldanelle sexuelle séquelle
sentinelle sensuelle sensationnelle

elle est sempiternelle 

...


























le lièvre Austral 

Wn-Oun-Ounas 

Osiris-Ounen-Nefer

cet être bon cet être parfait passe de la lumière à l'obscurité de l'immobilité absolue caractérisant la mort à une vélocité stupéfiante preuve patente de la vie







l'animal est 
à l'écoute permanente 
du monde 

il boude 
les manifestations par trop 
bruyantes


aussi est-il capable de voyager loin 
et d'apparaître à l'endroit où on s'y attend le moins 

ardent à exprimer 
sa joie 


le plus souvent 
sous les étoiles dans la solitude 
de la nuit

bien que voilée  
la mythologie nous rapporte 
qu'Osiris-Ounas par la voie de son terrier 
franchit 

une 
ligne 
imaginaire 
et resurgit en 
un autre univers 
plus boréal celui-là

















la constellation du Lièvre se situe sous la constellation d'Orion








































 



 

Hérodote 

440 
avant Jésus-Christ 
rapporte que selon les prêtres égyptiens 
à l'époque des premières dynasties  la colline où 
se trouvent les trois pyramides semblait émerger des 
marécages environnants

les pyramides 
devaient alors paraître 
comme les voiles d'un immense 
navire





























évidement non  ignorez-vous que c'est le roi Kheops  second monarque de la IVe dynastie qui a érigée la première à sa gloire post mortem 

?

est-on certain de cela  
Monsieur

?

ce dont on est certain  c'est que le fait est enseigné sous toutes les latitudes  cela suffit à le crédibiliser


mais Monsieur  
un consensus est-il assimilable à 
une vérité

?

s'il y a un doute  avec le temps  l'ample diffusion et les diplômes qui s'y réfèrent  le consensus devient une vérité proclamée par voie de conséquence


faut-il en déduire 
que toute vérité est le résultat d'
un vide que l'on 
comble

?

le vide n'est qu'un appel à la consistance et c'est précisément sur cette consistance que l'on pose ensuite les éléments d'une réflexion


je vous suis Monsieur !
mais alors 

Kheops 
pour construire son tombeau 
de 8,5 millions de mètres cubes de pierre 
a-t-il préconisé à ses gens 


des techniques avant-gardistes
des relevés satellitaires
des mesures laser
des ordinateurs à calcul vectoriel

?

a-t-il utilisé 
des échelles logarithmiques

fait appel aux disciplines 
de la géométrie 
fractale

aux déclinaisons écliptiques 
aux décalage des points vernaux
aux distances zénithales

?

au mouvement 
des mutations et des précessions

à quelques logiciels 
de programmation de haut niveau

tel que 

des relevés thermographiques
des sonars à lecture syntoniques
des géo-radars et autres gravimètres

?

aucunement voyons  ce listage est déraisonnable  toutes ces choses n'étaient point de son époque  vous ne l'ignorez pas !


nulle utilité donc  
Monsieur  

à se sentir interpellé par quelques auteurs 
à la pensée réactionnaire ou 
réformatrice

?

ce ne sont là que sottises  un salmigondis d'hypothèses décousues  quelques coïncidences sur des vues de l'esprit  alimenté par un syndrome du tout mystérieux un délire paranoïaque   que sais-je !


la vérité sur ces monuments  
Monsieur  

où 
se dissimule-t-elle  
alors

?

la vérité   la vérité  la vérité est dans la convention établie  n'est-ce point grâce à elle que vous êtes diplômé  dites-moi jeune homme !






conversation enregistrée par 
indiscrétion 

aux 
portes 
disjointes
d'un monument 
où s'élabore le discernement 
des générations 
futures...