mardi, octobre 20, 2020



celui qui 

se contente de l’expérience du monde 

ou de la croyance

n’écrit pas

ne fait pas de littérature


celui qui 

croit être dans la langue comme 

un poisson dans l’eau 

barbote dans le bocal du monde 

et n’écrit pas non plus


















seul écrit celui 

que la langue hante comme 

une difficulté 

un tourment 

celui qui n’aime du monde 

que ce que la langue 

en change




on écrit 

pour répondre à la honte d’être sans langue 

à force d’user de la langue de tous 

et d’être par cet usage 

assigné au lieu des représentations communes


on écrit 

pour ne pas céder à cet affaissement 

abject



écrire 

répond à 

un refus d’être l’otage des fictions 

que la parole commune

les représentations idéologiques et les croyances 

qui s’y stratifient 

tentent de nous faire prendre 

pour la réalité



écrire

c’est refuser ces visions 

assujetties



écrire 

c’est alors 

faire monter l’obscurité 

dans l’obscène clarté des fictions 

qui nous livrent au monde 

en prétendant 

nous le livrer 

nous le raconter nous l’expliquer



mais 

l’obscurité  est à son tour 

une clarté


elle éclaire 

le sens de la spécificité humaine : 

sur le monde 

nous mettons moins des noms que des nons 

des négations 

des nons aux noms 

qui sont déjà là et qui sont la fiction du monde

le monde comme fiction 

les noms qui réduisent le monde 



à 

une image

à 

une icône

à 

une idole
















Orphée triomphe

il fait pleurer les dieux 

leur volonté fléchit


Orphée

pourtant perdra 

une seconde fois Eurydice 

à cause de son amour trop impatient 

malgré l’injonction qui lui a été faite de ne pas se retourner

il pose sur son propre désir 

un regard fatal

















là 

dans la peur de la perdre et le désir fou de la voir

l’amant tourna les yeux...























 

était 

un saxophoniste de jazz 

compositeur et chanteur d'origine amérindienne 
de Kaw et Muscogee Creek 

Jim Pepper















witchi tia to

ya na ho

squaw song

goin' down to muskogee

















comin'and goin

lakota song

water

custer gets it

malinyea


Son 

Witchi Tai To 

dérivé d'une chanson peyotl de l' Église amérindienne qu'il avait apprise de son grand-père est l'exemple le plus célèbre de son style hybride jazz / amérindien la chanson a été reprise par de nombreux autres artistes dont Harper's Bizarre  Ralph Towner avec et sans Oregon  Jan Garbarek  Pete Wyoming Bender Brewer & Shipley  Larry Smith avec des membres de The Bonzo Dog Band  Yes et Keith Moon sous le pseudonyme de Topo D. Bill et une version inédite enregistrée par The Supremes en 1969  Il a également été repris en 1973 par l'auteur-compositeur-interprète québécois Robert Charlebois


ici

















si 

je dis 

bonjour


l'
esprit répond 
d'

une voix claire





































je me demande
 
est-il 
possible de vivre 
comme 

un ancien saint homme asiatique

passant ses journées uniquement 
là où les échos 
atteignent


 


de 
temps en 
temps
 
je quitte 
ma maison au petit matin

pour aller 
jusqu'à la rivière claire


portant ma canne 
à la recherche de poissons 
dans le ravin 
profond


j'
apprécierai 

une vie méditative 

tirant 
à 

une fin


tenue 
par 

les montagnes profondes



c'est 
le seul endroit 
où vous pouvez trouver


l'endroit 
où vous reviendrez 

un jour


*



je suis
un fils de la Terre

longues furent mes années

je me couche au soir
je renais à la vie le matin

selon les rythmes millénaires du temps

je suis
un fils de la Terre

je lui demeure fidèle

e
je lui demeure fidèle 
littéralement dans les limites 
de la terre

tantôt
je meurs tantôt je renais 
à la vie

voici que
je me refleuris et que je me
renouvelle

selon 
les rythmes millénaires 
du Temps

le soir 
et le matin 
symbolisent la mort et la résurrection 
de celui qui sait

















du sens de l’absence de sens


l’éventuelle obscurité des écrits littéraires 

provient de ce que la littérature 

est dévotion

entière à la langue 


c’est-à-dire 


à cette force de rupture qui nous exclut du monde 

tout en nous en donnant 

la conscience


ainsi 

Arthur Rimbaud 

n’était-il pas venu pour dire le monde 

mais pour créer 

l’opéra fabuleux » 

qui affirme que

nous ne sommes pas au monde 


Samuel Beckett 

n’a pas écrit pour décrire 

un monde possible 

mais 

pour répondre 

envers et contre toute aphasie

à la nécessité spécifiquement humaine 

de parler et en parlant de cerner 

issu de l’impossible voix l’infaisable être 






















horizontal émoi des mots 

écrin du clair matin

des tourbes


faim des cervidés 

anfractuosité du

froid 


rosace du doigt sur le roc

rosaire des granits 
















Rhizocarpon geographicum 

vit jusqu'à 4 500 
ans dans des zones froides et arides





le pourquoi du peu qui perdure

le pourquoi

du rien qui demeure 


épine de questions

ronce

du ciel


broussaille en fenaison buisson 

de

déraison


apatride du Temps au clair matin

des tourbes


calligraphie des herbes

 

tourbières de l'épopée

chronique des sphaignes

palimpseste des mousses


calligraphie des steppes  

toundras de l'élégie

éphéméride des nuages 

parchemin des buissons


cosmopolites et ubiquistes


algue verte  

cyanobactérie autotrophe

cortex lichénique

lichen fruticuleux corticole

lichen crustacé saxicole


friable éternité

nomade fixité

biodiversité négligée 

succès évolutif

impasse évolutive 

infime immensité

inutile nécessité

symbiote obligatoire

phénotype inexpliqué


lichen homomère 

lichen hétéromère

lichen foliacé


champignons lichénisés

champignons lichénisants

champignon hétérotrophe



les papillons suivants 

classés par famille se nourrissent de lichen 


lithosie aplatie

lithosie plombée

manteau jaune

ménagère lépidoptère

rosette Miltochrista miniata Arctiidae

bryophile vert-mousse Noctuidae

phalène