mardi, octobre 20, 2020



celui qui 

se contente de l’expérience du monde 

ou de la croyance

n’écrit pas

ne fait pas de littérature


celui qui 

croit être dans la langue comme 

un poisson dans l’eau 

barbote dans le bocal du monde 

et n’écrit pas non plus


















seul écrit celui 

que la langue hante comme 

une difficulté 

un tourment 

celui qui n’aime du monde 

que ce que la langue 

en change




on écrit 

pour répondre à la honte d’être sans langue 

à force d’user de la langue de tous 

et d’être par cet usage 

assigné au lieu des représentations communes


on écrit 

pour ne pas céder à cet affaissement 

abject



écrire 

répond à 

un refus d’être l’otage des fictions 

que la parole commune

les représentations idéologiques et les croyances 

qui s’y stratifient 

tentent de nous faire prendre 

pour la réalité



écrire

c’est refuser ces visions 

assujetties



écrire 

c’est alors 

faire monter l’obscurité 

dans l’obscène clarté des fictions 

qui nous livrent au monde 

en prétendant 

nous le livrer 

nous le raconter nous l’expliquer



mais 

l’obscurité  est à son tour 

une clarté


elle éclaire 

le sens de la spécificité humaine : 

sur le monde 

nous mettons moins des noms que des nons 

des négations 

des nons aux noms 

qui sont déjà là et qui sont la fiction du monde

le monde comme fiction 

les noms qui réduisent le monde 



à 

une image

à 

une icône

à 

une idole















Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire