lundi, octobre 19, 2020





quel est 
le point commun 
entre l'invention de la roue 
Pompéi le krach boursier de 1987 
Harry Potter et 
Internet 

?




















pourquoi 
ne devrait-on jamais 
lire 

un journal 
ni courir pour attraper 
un train 

?


que peuvent nous apprendre 
les amants de Catherine de Russie 
sur les probabilités 

?


pourquoi les prévisionnistes 
sont-ils pratiquement tous 
des arnaqueurs 

?


le 
livre révèle tout 
des 

Cygnes Noirs

ces 
événements 
aléatoires hautement 
improbables qui jalonnent 
notre vie  

force et fragilité


*


pourquoi 
devrait-on cesser 
d’écouter ceux qui parlent 
au lieu d’agir 


pourquoi 
les entreprises font-elles 
faillite 


? 


comment se fait-il 
que nous avons plus d’esclaves aujourd’hui 
qu’au temps des Romains 



pourquoi 
imposer la démocratie aux autres pays
ne marche jamais 

?


Jouer sa peau 

Asymétries cachées dans la vie quotidienne



*


Le hasard nous rend meilleurs  Avec ce provocant paradoxe  Taleb  nous offre un enseignement d’une portée révolutionnaire   comment non seulement surmonter les cataclysmes de notre temps

 

ces
Cygnes Noirs
qui fondent sur un homme  une culture une civilisation  
les bouleversent et les réduisent 
à néant  

mais en faire 
une source de bienfaits 


de même que 

le corps humain 
se renforce à mesure qu’il est soumis 
au stress et à l’effort

de même que

les mouvements populaires grandissent 
lorsqu’ils sont 
réprimés 


de même 

le vivant en général 
se développe d’autant mieux 
qu’il est confronté à des facteurs 
de désordre de volatilité ou à quoi que ce soit 
à même de le troubler
 
cette faculté 
à non seulement 
tirer profit du chaos 
mais à en avoir besoin 
pour devenir meilleur est 

l’antifragile 

promenant 
son lecteur dans 
les rues tonitruantes de Brooklyn  
les chemins de la pensée antique ou 
les méandres des neurosciences 
avec autant d’aisance
 
ce livre laisse 
une question en suspens 
 

êtes-vous prêt à devenir 

antifragile 

?  

les bienfaits du désordre


Nassim Nicholas Taleb

























LA DERNIÈRE LUTTE


les femmes 
dédaignées se vengent 

elles
détournent 

lois et usages 
retournent à leur violence 
originelle


le voilà 
celui qui nous méprise 


























les tambourins 
les battements de pieds 
et les hurlements bacchiques 

couvrent 
le son de la cithare



les sons de sa voix ont perdu leur pouvoir 

Orphée meurt

lamentations 

toute la nature se désole

vidée

déshabitée



le dernier épisode de la vie d’Orphée 
met encore en tension le rapport de forces 
entre le son et l’art musical 

les Ménades furieuses d’être délaissées 
s’acharnent sur Orphée
le déchiquettent
 
ses membres sont dispersés

mais 

sa tête
jetée dans 
le fleuve avec sa lyre 
continue de murmurer retourne 
à la mer dérive jusqu’à Méthymne
sur le rivage de l’île de 
Mytilène

ce 
démembrement 
clôt le temps du poète 
et inaugure la nouvelle ère 
celle du chant dénaturé des hommes

Orphée 
est le chanteur 
de la perte  de la déchirure 

celui 
qui articule
l’audible et l’inaudible 
entre dit chanté 
et tu   

ne trouvera jamais plus 
son intégrité 

nous 
héritons 
de cette dissolution
dans cette béance notre quête notre brûlure
notre désir de créer


la tête 
recueillie par les Lesbiens 
dans 

une grotte-sanctuaire dira des oracles 


la lyre
échouée sera clouée 
au ciel 

cette
carapace divine
de

Sappho
celle qui chante 

parle devient sonore 


trouve 

en toi 

une voix et des paroles






















le plongeur de Paestum

la tombe du divin plongeur

la fresque de la Tombe du Plongeur est composée d'une série de scènes peintes dans une tombe à caisson datant de la Grande-Grèce  découverte le 3 juin 1968 par l'archéologue Mario Napoli  pendant les fouilles d'une petite nécropole située à 1,5 km au sud de Paestum Poseidonia Italie cité fondée par des colons de Sybaris

elle se trouve actuellement 
exposée au Musée archéologique national 
de Paestum. 

elle daterait de 480-470 av. J.-C









ce motif 
situé sur la voûte céleste et face au mort  
peut éventuellement symboliser 
le saut vers l'inconnu

on notera 
que l'homme plonge vers 
une étendue d'eau à surface convexe 
représentant la mer 
Okéanos

on remarque 
également la récurrence du chiffre 7
présent dans la représentation du jeu de colonnes 
d'où saute le plongeur ainsi que dans les branches des arbres
qui sont des oliviers. 

ce chiffre symbolise la régénération 

les branches des arbres peuvent aussi témoigner d'une possible amélioration de la vie une fois le défunt dans  l'au-delà  l'Hadès l'invisible  : on peut observer que l'arbre situé à droite et localisé derrière le plongeur connaît par endroits des cassures au niveau de ses branches tandis que l'autre arbre  situé à gauche, est entièrement redressé 

par ce saut situé sur la face intérieure du couvercle du caisson l'artiste a voulu peut-être tout à la fois rendre hommage aux qualités athlétiques du défunt et symboliser dans un même geste le passage du temps et le changement d'état  la vie donc. 

l’au-delà le monde de l’Hadès est possiblement représenté par ce qui est sous l’eau où est le non-visible l'inconnu la limite entre le monde des vivants et celui des morts étant représentée par cette colonne d’où plonge le personnage

les parois latérales représentent un banquet rassemblant dix personnages   elles renvoient aux joies terrestres poésie musique chère philia et convoquent la nostalgie de ce qui a été et n'est plus  La lecture doit se faire de droite à gauche













plongeon dans la mort

plongeon dans la vie



un 
plongeon 

dans
les eaux primordiales a créé
le monde

archétype 
de tous les plongeons 
mythiques rituels athlétiques
























 

Si 

la langue 

nous ex-cepte du monde 

écrire

c’est cultiver 

cette exception


qui l’accomplit

dit Mallarmé parlant du geste d’écriture 

intégralement se retranche 


certes





















ce geste de retrait peut être 

un geste social

de retrait du monde


c’est surtout 

un geste esthétique 

de retrait au sens commun qui fait monde


en tant que retrait

retranchement 

rupture 

il s’offre dans 

une large mesure 

comme

mystère 

comme dit encore Mallarmé



il incarne en tout cas notre désir 

et notre pouvoir de ne

pas être réduit à 

un reflet des choses objectivées 

et 

d’échapper aux figures répertoriées 

du monde




















 

je suis 

l'hier

je suis l'aujourd'hui

je suis 

celle 
qui vous protège 
tous les jours de votre vie

je suis 

un être 
entouré de murailles

je suis

un solitaire 
au milieu de ma solitude






























je suis l'immobile

figé
fixe
immuable
inerte
impassible
stationnaire
stable
ferme
calme
tranquille
inébranlable
invariable
sédentaire
serein
sur place
vissé
paisible

je suis
le grand nœud du destin

dans ma main 
repose le destin du présent

personne ne me connaît
moi 
je vous connais

personne ne peut me saisir
moi 
je peux vous saisir

je suis
 
des millions d'années

je suis
le maître du trône





que se passe-t-il
quand on est conscient 
et qu'il n'y a 
pas 

de rumination

pas 
d'histoire 
pas 
de projection 

? 

il se passe qu'il y a conscience

sans la revendication réflexe 
que c'est moi qui suis 
conscient

il y a 
naturellement conscience
 
des bruits
des cris
des éclats
de la lumière
des pensées et sensations qui passent etc
mais 

il n'y a pas d'appropriation

et 
quand 
il n'y a plus appropriation
il n'y a plus le sentiment 
que la conscience 
est 

une affaire privée qui nous sépare 

cette conscience 
n'est plus ma conscience 

je la partage avec toi 
qui te tiens tranquillement près de moi 

nous 
la partageons 
avec 

le chat 
l'arbre 
les voisins
avec les bons et les méchants
avec tous les êtres

il est alors possible de réaliser que la conscience est identique en chacun que seuls les contenus de la consciences sont personnels et nous séparent en apparence 

cette
réalisation
si 
elle se maintient 
change la vie




ouvrir 

une fenêtre

 
la fenêtre 

devient la promenade
























celle
qui parle traite 
d’

une difficulté comique 

à se dépêtrer de son propre tas 
à naître
à parler 
à entrer chaque matin 
dans la vie d’action
de conversation et de profession
 
elle 
n’expose pas les tranches de sa vie 
mais refait en langues sa vie 
de non-vie et sa vie 
d’envies 
















visite 
des souvenirs montés à l’envers 

choses 
vraies vues par-derrière

baudruches 
des fictions sur des ciels exacts  

voici 

les jeunes gredins des soleils lointains
les essais d’idylle version bocagère 
les mélodrames avec plusieurs dames 

voici 

les vestiaires 
pour peaux strip-teasées à fond sur du rien  

voici 

la gymnastique d’Éros






























8 DSDLADS . CP 


c’est ainsi que 

nous jouons nos chances 

de dénouer notre assujettissement 

à ces représentations arrêtées 


et 


de brouiller 

notre identification 

à ce décor du possible


















d’évidence 

la littérature n’est pas là 

pour redoubler la lisibilité de ces figures 

de ces représentations

de ce décor


elle est là 

pour assumer 

et incarner notre étrangeté au monde

et c’est pour cette raison que

souvent 

nous n’y reconnaissons pas 

les significations 

que nos images ou nos croyances 

donnent au monde 

pour nous soumettre à lui



du sens de l'absence de sens




















François Matton est né à Paris en mars 1969






Enfance heureuse et insouciante 
perturbée par de violentes crises d’asthme.

Bon élève dès la maternelle (bien qu’un peu effacé), il le restera jusqu’à la fin de ses études aux Beaux-Arts de Reims et de Nantes.

Vivant de peu, se contentant d’un rien, son existence frappe par son absence totale de faits remarquables : aucun voyage à l’étranger, aucune aventure amoureuse, aucune rencontre fondatrice, aucune ambition sociale, nulle tentative de sortir de l’ordinaire.

Il passe beaucoup de temps dans les bibliothèques municipales à feuilleter tout ce qui lui tombe sous les yeux : 

de vieux romans jaunis
des guides de voyage aux quatre coins du monde 
des récits d’aventures exaltés
des bandes dessinées écornées 
des ouvrages mystiques
des livres de recettes

Mis à part de fréquentes promenades non loin de chez lui, son unique plaisir consiste à rester seul dans son appartement à ne rien faire. 

Il a d’ailleurs pour cela une disposition qui, pour le coup, semble exceptionnelle. 

C’est un peu comme si ne rien faire coïncidait chez lui avec le plus grand sentiment d’être.

Être quoi ? 

Essentiellement rien – et c’est de cela qu’il tire sa joie.

La conscience de n’être rien l’amène au cœur du monde. 

N’étant rien, il prétend se faire espace d’accueil pour tout. 

Et c’est précisément cette ouverture qui le pousse à dessiner ce qu’il appelle 

les infinies manifestations du même 

Il voit dans sa pratique du dessin, qu’il lie à l’écriture, une façon de célébrer tout ce qu’il perçoit : le plus proche comme le plus lointain, le plus trivial comme le plus noble, le plus grave comme le plus léger. 

Tout vient se placer sur sa feuille sans aucune hiérarchie. 

Tous les registres se mêlent indifféremment, ce qui donne lieu à de curieuses rencontres.

C’est là que commence et finit la seule curiosité d’une existence des plus effacées.


François Matton

sans l'ombre d'un doute

ici
































































220 satoris mortels, François Matton

Les satoris, dans la définition qu’en donne François Matton, empruntant le mot au bouddhisme zen qui reconnaît dans l’éveil une expérience transitoire dans la vie, presque traduisible mot à mot par épiphanie, le satori étant la réalisation de cet état d’éveil épiphanique, sont de « drôles d’événements non événementiel, pas spectaculaire du tout et pourtant parfaitement inédit. » C’est un « arrêt sur image. » Ou plus encore : « Une suspension du cours des choses. Une suspension du sens de tout. Vertige. Une perte de soi pour une présence de tout. » Si la légende parfois redouble le dessin, souvent elle s’inscrit en décalage avec lui et l’histoire reste à inventer. Ce rébus ou cette énigme est destiné au lecteur et nul doute alors qu’il croira y projettera ses propres histoires, ses doutes, ses espoirs.



Quand 

on ne sait pas du tout ce qu’on comptait faire 

il y a à peine un instant


Quand 

de toute évidence la première des énigmes 

n’est pas près d’être résolue 


Quand 

la vie prend des allures de Western. 


Quand 

la menace se précise


Quand 

on croyait avoir touché le fond mais 

qu’on découvre qu’il reste 

de la marge 



Quand 

au bout de l’impasse on découvre 

une porte ouverte et qu’on s’y glisse 

transi de trouille 


Quand 

le soleil et l’ombre rivalisent 

dans la dissolution 


Quand 

ce qu’on voit au-dehors 

on le sait au-dedans


Quand 

on est si loin de chez soi qu’on a fini 

par l’oublier 


Quand 

c’est plus qu’il n’en faut pour notre bonheur. 


Quand 

décidément tu exagères


Quand 

c’est une première 

et qu’elle ne déçoit pas





Faire surgir une succession d’instants d’arrêts sur images, de moments charnières où le temps et l’espace semblent suspendus en alerte de souvenirs et d’épiphanies comme autant d’instants d’éternité à partir de la répétition de phrases débutant toutes par le mot quand 

L’accumulation de ces scènes de ces situations qui surgissent dans le désordre de sentences à la succession chaotique esquisse votre portrait en creux une sorte d’autobiographie à visée universelle.


Liminaire

POL



*



Quand

des années de ma vie s'ajoutent à des années

Quand

des mois de ma vie s'ajoutent à des mois

Quand

des journées de ma vie s'ajoutent à des journées

Quand

des nuits de ma vie s'ajoutent à des nuits