lundi, octobre 19, 2020














































220 satoris mortels, François Matton

Les satoris, dans la définition qu’en donne François Matton, empruntant le mot au bouddhisme zen qui reconnaît dans l’éveil une expérience transitoire dans la vie, presque traduisible mot à mot par épiphanie, le satori étant la réalisation de cet état d’éveil épiphanique, sont de « drôles d’événements non événementiel, pas spectaculaire du tout et pourtant parfaitement inédit. » C’est un « arrêt sur image. » Ou plus encore : « Une suspension du cours des choses. Une suspension du sens de tout. Vertige. Une perte de soi pour une présence de tout. » Si la légende parfois redouble le dessin, souvent elle s’inscrit en décalage avec lui et l’histoire reste à inventer. Ce rébus ou cette énigme est destiné au lecteur et nul doute alors qu’il croira y projettera ses propres histoires, ses doutes, ses espoirs.



Quand 

on ne sait pas du tout ce qu’on comptait faire 

il y a à peine un instant


Quand 

de toute évidence la première des énigmes 

n’est pas près d’être résolue 


Quand 

la vie prend des allures de Western. 


Quand 

la menace se précise


Quand 

on croyait avoir touché le fond mais 

qu’on découvre qu’il reste 

de la marge 



Quand 

au bout de l’impasse on découvre 

une porte ouverte et qu’on s’y glisse 

transi de trouille 


Quand 

le soleil et l’ombre rivalisent 

dans la dissolution 


Quand 

ce qu’on voit au-dehors 

on le sait au-dedans


Quand 

on est si loin de chez soi qu’on a fini 

par l’oublier 


Quand 

c’est plus qu’il n’en faut pour notre bonheur. 


Quand 

décidément tu exagères


Quand 

c’est une première 

et qu’elle ne déçoit pas





Faire surgir une succession d’instants d’arrêts sur images, de moments charnières où le temps et l’espace semblent suspendus en alerte de souvenirs et d’épiphanies comme autant d’instants d’éternité à partir de la répétition de phrases débutant toutes par le mot quand 

L’accumulation de ces scènes de ces situations qui surgissent dans le désordre de sentences à la succession chaotique esquisse votre portrait en creux une sorte d’autobiographie à visée universelle.


Liminaire

POL



*



Quand

des années de ma vie s'ajoutent à des années

Quand

des mois de ma vie s'ajoutent à des mois

Quand

des journées de ma vie s'ajoutent à des journées

Quand

des nuits de ma vie s'ajoutent à des nuits





















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