lundi, août 31, 2020

le temps

de l’essaim qui

s’organise 


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recouvrement moelle enfouissement entre lignes

le verbe 8b7ac81


perfusion d’irréel récursivités fausses

le verbe 9630029


la branche les fureurs  sans social  sous-histoire.

le verbe 321a482


partout s'ouvrir le code offrir l’impermanence

le verbe 596ff3d


base contre base flux  fuir nuage aveugle

le verbe 72d41a8


pousser l’information jusqu’à la division

le verbe 7728d85


*


quoi cœur de souffle et le souffle rayé des gestes répétés les gestes sont à la danse ils piétinent les aubes y volent l’érubescence pour se barbouiller l’être d’éther d’éternité y recouvrir l’être sans courses le crédit sans ressource les heures les travaillées les chômées les sources des jours chômés vrille d’extase l’ouverture la fracture et sans la matière évidée des quotidiens l’espérance pure ou purpurine la purée fard et fardage le visage le grimage la tiédeur et résurgence des iris la femelle la placer mâle la placer belle fêlée la fêlée est la paria reine



le temps 5d7bf0b



















je suis 

cueilleur d’oranges en Californie


je suis 

un mosaïste


je suis 

en prison naturellement


je suis 

petit-fils du chancelier de la reine








je suis

on ne peut plus à bout...


je suis 

ex-champion de France de boxe


je ne suis surtout pas chevalier de la Légion d’honneur


je suis cambrioleur


je suis ou voleur 

ou chercheur ou chasseur ou mineur ou sondeur


je suis vide 

d’idées et peu sonore


Je suis 

charmeur de serpents


je suis redevenu un homme


je ne suis pas 

homme de lettres jamais


je suis très fatigué de médiocres


Je suis muletier


je suis toutes les choses

tous les hommes et tous les animaux























cheminement 

parmi des collections classiques 

ou insolites 







de voix 
de nœuds 
d’éponges
d’origami
de coquillages
de miroirs
de petits crayons
de branches

...

qui racontent autant l’objet collectionné 

que le sujet collectionneur.

la trouvaille devient trésor

la matière inerte révèle sa magie muette 

la vie s’enchante

discrètement

de joies mineures

































 




Grotte Chauvet 

Ardèche

Photo Patrick Aventurier











Et lorsque nous-mêmes nous envisageons le geste inaugural qui aurait fait basculer il y a trente mille ans les hommes dans la possibilité de la figure, ou lorsque, en d’autres termes, nous tentons de nous représenter le champ de l’apparition pariétale, nous ne devons pas oublier, si pratique que puisse être, pour reprendre le sous-titre du livre de Bataille sur Lascaux, l’idée d’une « naissance de l’art », nous ne devons pas oublier que cette idée n’est que la nôtre et qu’à aucun moment, pour ce que l’on peut en savoir, il ne fut question d’art pour les hommes de ce temps. 

Si l’on sait à quoi et même à qui pensait Dibutade, jeune fille de !’Antiquité grecque et, comme telle, en un sens déjà très proche de nous, nous ne savons pas du tout à quoi pensèrent les hommes de l’aurignacien lorsqu’ils réalisèrent les extraordinaires peintures que la décou­verte de Chauvet a révélées au monde. 

Il est clair, et c’est la seule chose que l’on puisse dire avec certitude, et malgré tout elle n’est pas mince, il est clair qu’ils pensaient aux bêtes, aux animaux, et que ceux-ci, quels qu’aient pu être par ailleurs les motifs qui les convoquèrent sur les parois des grottes, les hantaient.


Ce qui signe pour nous l’apparition des hommes à eux-mêmes, ce n’est pas une image de l’homme mais les images qu’ils eurent à produire d’autres vivants qu’eux. 

Comme l’a écrit récemment Camille Fallen, tout se passe

comme si l’homme 

s’était vu naître à partir de l’autre, 

à travers tout un bestiaire mais sans lui 

Que l’on privilégie les hypothèses chamani­ques, la thèse d’une ritualisation ayant ou non partie liée avec la chasse, ou que l’on penche plutôt vers une approche esthétique des figures sans se prononcer plus avant sur ce qu’elles peuvent indiquer d’une mythologie perdue, il reste qu’on ne peut cesser de voir en elles les traces d’un effort d’intelligibilité, les traces les plus anciennes d’une lecture du monde à travers le dessin net et magnifiquement inspiré des chevaux, des rhinocéros ou des lions, quelque chose est retenu, quelque chose s’inscrit, un souvenir du monde vivant s’imprime et se suspend. 

Même si avec ce qui nous vient de cet univers de chasseurs-cueilleurs enfoncés dans une nuit des temps quasi inconnue nous sommes très loin de ce qui a pu éclore dans le monde déjà pleinement historiai des Grecs, il reste que ce qui vient se configurer comme origine est organiquement lié, dans les deux cas, à la puissance d’un mouvement d’affect et que ce mouvement, que nous rapportons à l’art, se’ st intégralement déployé, comme tourment mais aussi comme preuve, dans une sphère d’impulsion qui n’a pu rejoindre celle de l’art qu’après coup, dans notre jugement.


Ici nous touchons un point que les deux récits d’origine — celui, fictif mais institué, de Pline l’Ancien et celui, fictif et imaginaire, de l’art pariétal — nous aident à circonscrire si nous les entendons bien, c’est-à-dire si nous parvenons à les extraire de la gangue destinale qui les nimbe. 

« Le premier (ou la première) qui... » nous engage sans doute et il engage toute l’humanité, mais sans le savoir ni le vouloir. Au moment où les gestes qu’il fait convergent vers ce qui sera pour nous le geste de l’art, il n’est pas tout l’homme ou toute l’humanité, il n’érige aucun piédestal et n’institue aucune future majuscule. 

Peut-être est-ce depuis ce socle et cette majuscule que l’Homme, tout entier requis par une émotion narcissique rétrospective, les contemple, mais de cela ils n’eurent cure : Dibutade, à la lueur d’une lanterne, cherchait à conjurer une absence à venir, les hommes de la préhistoire, à la lueur de flambeaux, déposaient sur les parois d’un monde souterrain les figures divines d’un dehors qui les hantait.

Et ce que je crois, c’est qu’entre ces scènes nocturnes discrètes, lointaines et même, dans un cas, privée et la grande saga d’une histoire de l’art tout occupée à légitimer son devenir par la fabrication d’une origine héroïsée, il y a un véritable hiatus.


Dès lors ce sont des gestes qui viennent et non plus un seul geste. Ou du moins la pensée de ce geste doit-elle se détendre, et s’étendre à toute une chorégraphie de gestes et d’écarts, de ruses, d’intuitions et sans doute aussi de ratages. 

Ce qui est convoqué de la sorte, c’est peut­ être moins la venue de l’art que la fabrication de sa possibilité, que la constitution lente et sans visée, sans telos, de son champ d’immanence. 

Par rapport à ce que sera ce champ, nous sommes encore hors champ, dans un espace où rien encore ne s’est fixé, et où la sphère esthétique comme telle n’existe pas encore, ce qui revient à dire qu’elle est en train d’advenir et de se constituer, mais via des gestes et des pensées qui ne pensent ni à elle ni comme elle. 

Donc ce n’est pas l’Homme qui se dresse et qui, fort de la station debout, du langage et de son pouce opposable, s’impose à lui-même et inaugure le grand récit de l’art, pour le plus grand contentement de ses chantres tardifs. 

Autour des feux, des cabanes, des campements, avec quelques outils, quelques pigments, beaucoup de frayeurs et aussi de joies, une agitation se produit, une agitation spirituelle, elle descend sous terre, emportant avec elle des images, des affects et des gestes techniques qu’elle essaye en broyant, en palpant, en crachant — en dessinant : de ce qui se passe ou s’est vraiment passé on ne sait rien ou presque, on ne peut que constater qu’il y a trente mille ans à Chauvet ont vécu ou sont venus des hommes qui ont laissé ces traces et que des traces de ce genre, dont on peut supposer de façon lacunaire les circulations, d’un gisement l’autre, ont continué de se propager pendant des millénaires, voilà tout, et quand nous rassemblons cela dans un geste, alors que ce soit sans effacer ce caractère de bricolage silencieux. 

Plutôt qu’à un brusque surgissement nous devons penser à des sortes de feulements ou de frôlements, à une venue lente et incertaine, peut-être extasiée mais certainement pas triomphante. 


L’imagement, 

Jean-Christophe Bailly, 

Seuil, 

Fiction & Cie, 

2020


source Liminaire

ici





















lectures


la prose souple et mélodieuse d’Albarracin   

apparaît comme 

une chair verbale positive et articulée

pour incarner selon les lois noétiques courantes 

les opérations sauvages 

de la pensée contrariée et fugace du poème 

qui ne se laisse voir qu’en creux 

et négativement 

ou

comme disait l’autre

en énigme et en miroir  


la critique se fait ainsi l’art du discours

indirect libre 


le monde est infini parce qu’il est regardé

 

penser le monde

c’est constater par les yeux qu’il est le monde, 

c’est en somme l’entraîner dans un cercle vertueux 

que nous déclenchons en ouvrant les paupières


qui parle ici 

est-ce Albarracin  ou Ana Tot 

qu’il est en train de lire


l’un et l’autre  ni l’un ni l’autre  

c’est leur dialogue qui produit cette idée sur le monde 

sur la manière dont le pense la poésie 


la prose y gagne 

un aperçu 

qui n’a pas de prix 

sur 

une opération de pensée idiosyncrasique  


le poème qui risquait l’autisme 

trouve quant à lui 

un delta inespéré vers le monde commun 


et le critique

arracheur de dents en or 

élégant et brutal 

peut ajouter ce butin 

à sa propre mâchoire