vendredi, juillet 03, 2020



cheminement 

mode selon lequel 

un homme

une femme


progresse 

c’est-à-dire avance 

dans la réalisation de ses potentialités

en relation avec ses semblables

avec le monde interrelationel


dans la nature

dans le cosmos







le cheminement 

n’implique pas la nécessité d’emprunter 

une voie bien définie

souvent préétablie


à l’heure actuelle 

pour ceux qui veulent émerger

il implique 

fondamentalement 

l’abandon de ce monde




*




éclair
ténèbres
cri du héron
champignons des pins
feuilles d’arbres inconnus
bogue de châtaigne
robe de plumes
pattes de canard
feu de braise
mur

l’ombre se profile

chant des cigales
obscurité de la nuit

un pluvier 

nid perdu
jour après jour

les orges

chant d’alouettes
vent d’automne

une ombre noire

matin blême
flamme

chien et loup
sur l’horizon

un mince croissant

papillons sur le houblon


là 
qui n’est pas seulement ici mais ici aussi bien que 



elle 
aime tout ce que
j’aime






































I want to tell my friends how beautiful

the world is. Not but what they know

it is terrible too–they know as well as I;

but nevertheless, I want to tell my friends.

Because they are. And this is what they are;

and because it is and this is what it is.

You are my friend. The world is beautiful.

Dear friend, you are. I want to tell you so.

William Bronk

















je veux dire 

à mes amis à quel point c'est beau

le monde est

non mais ce qu'ils savent

c'est terrible aussi 

ils le savent aussi bien que moi

mais néanmoins

je veux le dire à mes amis

parce qu'ils sont

et c'est ce qu'ils sont

et parce que c'est et c'est ce que c'est

vous êtes mon ami

le monde est beau

cher ami

tu l'es

je veux te le dire









































Giorgio Griffa

Tre linee con arabesco 

n. 1430

1994 

Private Collection








































banalità
banalities
banalités








































le corps a son but qu’il ne connaît pas

et l’esprit a ses moyens 

qu’il ignore



la vue

de la lune au télescope

de Saturne et son anneau

la vue

des spermatozoïdes grouillant dans le microscope

c’est-à-dire le désert

et

la vie

dans 
ce qu’elle a de plus misérablement pullulant et 
inconcevable






ces vues directes

sans théories sans paroles

l’astre mort 

les germes dont chacun porte

d’

un bord  l’autre 

les héritages les plus complexes

les tics

les riens...

et

l’essentiel


rien

de plus confondant


ne jamais oublier ces images quand on pense

aux hommes et singulièrement

à soi



sur les choses extrêmes

comme la mort 

les vivants

qui se renouvellent se répètent indéfiniment




ils vont

entre trois ou quatre idées

qui leur sont les quatre murs de leur chambre mentale

renvoyés de l’une à l’autre paroi

comme balles


un petit nombre 

de doigts

suffit à compter le nombre des opinions

qui ont été émises sur ce qu’il advient du moi

après décès





ce peu

ne fait pas honneur à l’imagination

humaine




Certitude 

adhérence à l’éternité






charge 

élément inconscient surnuméraire

transmis lors d’

un discours et affectant l’autre

de données

qui ne le concernent pas



l’autre opère alors comme support

pour dire quelque chose qui travaille inconsciemment le locuteur

la locutrice

la charge est liée à

une remontée et au déversement





































il est 

une fleur que l’Abeille préfère

et que


le Papillon

désire

à gagner cette Pourpre Démocrate

le Colibri

aspire












Et

Tout Insecte qui passe

emporte du Miel

à proportions de ses besoins divers

Et

de ce qu’elle

contient



Son visage est plus rond que la Lune

Et

plus vermeil que la Robe

De l’Orchis dans la Prairie

Ou du

Rhododendron

Elle n’attend pas Juin

Avant que le Monde soit Vert

On voit

affronté au Vent

Son robuste petit Corps



Disputer à l’Herbe

Sa proche Parente

Le don de la Motte et du Soleil

Doux Plaidants pour la Vie



Et

quand les Collines sont garnies

Qu’éclosent les modes nouvelles

Ne soustrait pas la moindre épice

Dans un accès de jalousie




*



ce n’est pas seulement tôt qu’ils ne font aucune faute

le rouge-gorge et le rossignol

ou plutôt ce qui peut ce qui

peut ce qu’il ce qu’ils peuvent choisir ce qu’

ils savent ou n’aiment pas qu’

ils fassent cela une seul e fois ou pas pareil

et non seulement à ce moment où il leur plaît

d’avoir été absorbés entièrement

et ainsi le trouvent-ils

et ainsi sont-ils





































je suis 

simplement

un homme qui a beaucoup lu

un lettré ou  mieux encore  un littéraire

c’est-à-dire

un homme qui apprend sans cesse à écrire 

ses lettres







à les déchiffrer

à les transposer

qui ne cesse de poursuivre cet apprentissage

qui aime follement

lire

étudier traduire retraduire

écrire



c’
est ainsi 
qu’

il y a

un apprendre qui ne rencontre jamais le connaître 

et qui est

infini


cet infini est ma vie
































l’objet propre

unique et perpétuel de la pensée est 

ce qui n’existe pas


ce qui n’est pas devant moi

ce qui fut

ce qui sera

ce qui est possible 

acceptable
admissible
convenable
passable
plausible
réalisable
supportable
probable
pensable






facile
correct
soutenable
potable
permis
envisageable
croyable
commode
vraisemblable
vivable
virtuel
toléré
tolérable
sortable
prévisible
pratique
décent
buvable
mangeable
peut-être
potentiel
praticable
virtualité
loisible
imaginable
futur
faisable
exécutable
contingent
accessible
abordable
éventuel

ce qui est impossible

difficile
incroyable
impraticable
insupportable
invivable
inadmissible
extravagant
bizarre
absurde
pénible
invraisemblable
intraitable
insociable
insensé
inconcevable
inabordable
fou
chimérique
rocambolesque
ridicule
intolérable
inaccessible
dur
acariâtre
revêche
irréalisable
insoutenable
imaginaire
illusoire
idéal
contradictoire
vain
utopique
intenable
inimaginable
infaisable
incompatible
impensable
odieux
malcommode
irrecevable
insurmontable
insoluble
inouï
inexécutable
inextricable
inexcusable
indu
inconciliable
inapplicable
immatériel
épineux















parfois cette pensée tend à réaliser

à monter au vrai ce qui n’est pas

et parfois à faire faux ce qui est

chaque pensée est

une exception

à 

une règle générale qui est 

de ne pas penser 




quelque chose comme

une goutte de ce monde dans un autre monde


quelque chose comme

l'espace minuscule de la poussière


quelque chose comme

un fruit synoptique du songe


quelque chose 

qui peut changer de sens 

dans les alternances douteuses 

qui nous abritent 

en leurs filets


































dans 

la chambre de ton esprit

croyant te faire des serviteurs 

c’est toi probablement qui de plus en plus te fais serviteur

de qui 



de quoi 




eh bien cherche

cherche









ne te livre pas comme un paquet ficelé 

ris avec tes cris

crie avec tes rires


c’est quand tu galopes que tu es le plus parasité


non non  pas acquérir

voyager pour t’appauvrir

voilà ce dont tu as besoin


va

jusqu’au bout de tes erreurs

au moins de quelques-unes 

de façon à en bien pouvoir observer

le type


sinon
t’arrêtant à mi-chemin
tu iras toujours aveuglément 
reprenant le même genre d’erreurs
de bout en bout de ta vie, ce que certains 
appelleront ta 
destinée 


l’ennemi
qui est ta structure
force-le à se découvrir 


si

tu n’as pas pu gauchir ta destinée

tu n’auras été

qu’

un appartement loué



toute pensée après peu de temps 

arrête

pense pour échapper 

d’abord à leurs pensées-culs-de-sac

ensuite à tes pensées-culs-de-sac


au revers qui paraît l’endroit

au 
cœur
d’

une prise sans emprise

au long des heures

à l’orée de l’indéfiniment prolongé de l’espace et du temps

attrape-dehors

attrape-dedans

attrape-nigaud

dis

qu’est-ce que tu fais

?



qu’est-ce que tu es

nuit sombre au-dedans d’

une pierre 




les arbres frissonnent 

plus finement
plus amplement
plus souplement
plus gracieusement
plus infiniment 

qu’homme ou femme 
sur cette terre et soulagent davantage 




ne laisse personne choisir tes boucs émissaires

c’est ton affaire

s’il coïncide avec le bouc émissaire d’

un autre

ou de dizaines d’autres ou d’avantage

change de bouc

il ne peut être le tien


disant

la civilisation occidentale  

tu penses 

ta 

civilisation



si

tu demeurais seul sur terre

quand même elle serait encore intacte

et même avec quelques-uns en ton genre

qu’est-ce que tu arriverais à en faire remarcher

de  ta  civilisation




































recommandations pour composition 

1960 # 5


lâchez 

un papillon   ou plusieurs   et laissez-le s voleter

dans l’espace du concert


assurez-vous

qu’il puisse s’envoler à l’extérieur du lieu

à la fin de la représentation











l’œuvre peut être de n’importe quelle durée 

mais 

s’il est possible qu’elle soit d’

un temps indéfini 

les portes et fenêtres doivent rester ouvertes 

afin que 

le papillon puisse s’envoler 


l’œuvre peut être considérée comme achevée

lorsque le papillon a quitté

la pièce




est-ce que la lumière

faiblit

quand on parle

?

a-t-on

au moins une fois

giflé son semblant d’être

?

le poète déserteur

?

ce n’est pas qu’il fuie

c’est qu’il sauve le peu


Hubin

l’in-temps

l’étoile des limites



elle incarne 

des idées d'addition

de racines carrées et de multiplication

de coefficient


elle incarne 

la réalité du désir

son équation




x = 88  224  364  687

c'est à dire

l'équation des satellites du Soleil à poids croissant
est construite sur la base deux

alors que les années

des satellites de poids décroissant de décroît
de la vie matérielle sont construites
sur la base trois



je chute 

dans le temps


je bascule 

dans

un univers parallèle


avant

il 
n'y avait
qu'

une durée sans limites




la sensation n'est plus

une passion

mais

une action
































un amas stellaire 

scintillait comme l’œil ouvert d'

un atome




je pends

comme la chauve-souris de mon propre

je
















un fil mystérieux

m'emmène dans le monde de l'être et

j'essaie 

de reconnaître l'univers à l'intérieur d'

un globule de sang

mien



les dieux 
du monde se cachent dans les nuages près 
du rien


je suis
mort et me suis mis à rire



il suffit 
de contempler les trois premiers nombres exactement 
comme

une petite boule
scintillante pour construire l'univers


les 
lois du monde 
coïncident avec les lois 
du calcul


simplement

le grand est devenu petit   le petit-grand

simplement

dans tous les membres de l'équation de l'être

le signe oui

avait été remplacé par le signe non


TOUT VOLE DANS LE RIEN


deux papillons volent dans l'envolée des mots

oui et non


un nuage

de papillons divins

un nuage

de lueurs



nous sommes dans le futur

il est si bon d'exister aux yeux de ceux qu'on aime

cependant si l'on y réfléchit

aussi anodin semble-t-il

ce geste n'est pas sans conséquence

et d'ailleurs 

pourquoi le monde serait-il à l'endroit

?