Lionel André / promenades / randonnées / arts / littératures / air du temps
vendredi, juillet 03, 2020
cheminement
mode selon lequel
un homme
une femme
progresse
c’est-à-dire avance
dans la réalisation de ses potentialités
en relation avec ses semblables
avec le monde interrelationel
dans la nature
dans le cosmos
le cheminement
n’implique pas la nécessité d’emprunter
une voie bien définie
souvent préétablie
à l’heure actuelle
pour ceux qui veulent émerger
il implique
fondamentalement
l’abandon de ce monde
*
éclair
ténèbres
cri du héron
champignons des pins
feuilles d’arbres inconnus
bogue de châtaigne
robe de plumes
pattes de canard
feu de braise
mur
l’ombre se profile
chant des cigales
obscurité de la nuit
un pluvier
nid perdu
jour après jour
les orges
chant d’alouettes
vent d’automne
une ombre noire
matin blême
flamme
chien et loup
sur l’horizon
un mince croissant
papillons sur le houblon
là
qui n’est pas seulement ici mais ici aussi bien que
là
elle
aime tout ce que
j’aime
I want to tell my friends how beautiful
the world is. Not but what they know
it is terrible too–they know as well as I;
but nevertheless, I want to tell my friends.
Because they are. And this is what they are;
and because it is and this is what it is.
You are my friend. The world is beautiful.
Dear friend, you are. I want to tell you so.
William Bronk
je veux dire
à mes amis à quel point c'est beau
le monde est
non mais ce qu'ils savent
c'est terrible aussi
ils le savent aussi bien que moi
mais néanmoins
je veux le dire à mes amis
parce qu'ils sont
et c'est ce qu'ils sont
et parce que c'est et c'est ce que c'est
vous êtes mon ami
le monde est beau
cher ami
tu l'es
je veux te le dire
le corps a son but qu’il ne connaît pas
et l’esprit a ses moyens
qu’il ignore
la vue
de la lune au télescope
de Saturne et son anneau
la vue
des spermatozoïdes grouillant dans le microscope
c’est-à-dire le désert
et
la vie
dans
ce qu’elle a de plus misérablement pullulant et
inconcevable
ces vues directes
sans théories sans paroles
l’astre mort
les germes dont chacun porte
d’
un bord l’autre
les héritages les plus complexes
les tics
les riens...
et
l’essentiel
rien
de plus confondant
ne jamais oublier ces images quand on pense
aux hommes et singulièrement
à soi
sur les choses extrêmes
comme la mort
les vivants
qui se renouvellent se répètent indéfiniment
ils vont
entre trois ou quatre idées
qui leur sont les quatre murs de leur chambre mentale
renvoyés de l’une à l’autre paroi
comme balles
un petit nombre
de doigts
suffit à compter le nombre des opinions
qui ont été émises sur ce qu’il advient du moi
après décès
ce peu
ne fait pas honneur à l’imagination
humaine
Certitude
adhérence à l’éternité
charge
élément inconscient surnuméraire
transmis lors d’
un discours et affectant l’autre
de données
qui ne le concernent pas
l’autre opère alors comme support
pour dire quelque chose qui travaille inconsciemment le locuteur
la locutrice
la charge est liée à
une remontée et au déversement
il est
une fleur que l’Abeille préfère
et que
le Papillon
désire
à gagner cette Pourpre Démocrate
le Colibri
aspire
Et
Tout Insecte qui passe
emporte du Miel
à proportions de ses besoins divers
Et
de ce qu’elle
contient
Son visage est plus rond que la Lune
Et
plus vermeil que la Robe
De l’Orchis dans la Prairie
Ou du
Rhododendron
Elle n’attend pas Juin
Avant que le Monde soit Vert
On voit
affronté au Vent
Son robuste petit Corps
Disputer à l’Herbe
Sa proche Parente
Le don de la Motte et du Soleil
Doux Plaidants pour la Vie
Et
quand les Collines sont garnies
Qu’éclosent les modes nouvelles
Ne soustrait pas la moindre épice
Dans un accès de jalousie
*
ce n’est pas seulement tôt qu’ils ne font aucune faute
le rouge-gorge et le rossignol
ou plutôt ce qui peut ce qui
peut ce qu’il ce qu’ils peuvent choisir ce qu’
ils savent ou n’aiment pas qu’
ils fassent cela une seul e fois ou pas pareil
et non seulement à ce moment où il leur plaît
d’avoir été absorbés entièrement
et ainsi le trouvent-ils
et ainsi sont-ils
là
je suis
simplement
un homme qui a beaucoup lu
un lettré ou mieux encore un littéraire
c’est-à-dire
un homme qui apprend sans cesse à écrire
ses lettres
à les déchiffrer
à les transposer
qui ne cesse de poursuivre cet apprentissage
qui aime follement
lire
étudier traduire retraduire
écrire
c’
est ainsi
qu’
il y a
un apprendre qui ne rencontre jamais le connaître
et qui est
infini
cet infini est ma vie
l’objet propre
unique et perpétuel de la pensée est
ce qui n’existe pas
ce qui n’est pas devant moi
ce qui fut
ce qui sera
ce qui est possible
acceptable
admissible
convenable
passable
plausible
réalisable
supportable
probable
pensable
facile
correct
soutenable
potable
permis
envisageable
croyable
commode
vraisemblable
vivable
virtuel
toléré
tolérable
sortable
prévisible
pratique
décent
buvable
mangeable
peut-être
potentiel
praticable
virtualité
loisible
imaginable
futur
faisable
exécutable
contingent
accessible
abordable
éventuel
ce qui est impossible
difficile
incroyable
impraticable
insupportable
invivable
inadmissible
extravagant
bizarre
absurde
pénible
invraisemblable
intraitable
insociable
insensé
inconcevable
inabordable
fou
chimérique
rocambolesque
ridicule
intolérable
inaccessible
dur
acariâtre
revêche
irréalisable
insoutenable
imaginaire
illusoire
idéal
contradictoire
vain
utopique
intenable
inimaginable
infaisable
incompatible
impensable
odieux
malcommode
irrecevable
insurmontable
insoluble
inouï
inexécutable
inextricable
inexcusable
indu
inconciliable
inapplicable
immatériel
épineux
parfois cette pensée tend à réaliser
à monter au vrai ce qui n’est pas
et parfois à faire faux ce qui est
chaque pensée est
une exception
à
une règle générale qui est
de ne pas penser
quelque chose comme
une goutte de ce monde dans un autre monde
quelque chose comme
l'espace minuscule de la poussière
quelque chose comme
un fruit synoptique du songe
quelque chose
qui peut changer de sens
dans les alternances douteuses
qui nous abritent
en leurs filets
dans
la chambre de ton esprit
croyant te faire des serviteurs
c’est toi probablement qui de plus en plus te fais serviteur
de qui
?
de quoi
?
eh bien cherche
cherche
ne te livre pas comme un paquet ficelé
ris avec tes cris
crie avec tes rires
c’est quand tu galopes que tu es le plus parasité
non non pas acquérir
voyager pour t’appauvrir
voilà ce dont tu as besoin
va
jusqu’au bout de tes erreurs
au moins de quelques-unes
de façon à en bien pouvoir observer
le type
sinon
t’arrêtant à mi-chemin
tu iras toujours aveuglément
reprenant le même genre d’erreurs
de bout en bout de ta vie, ce que certains
appelleront ta
destinée
l’ennemi
qui est ta structure
force-le à se découvrir
si
tu n’as pas pu gauchir ta destinée
tu n’auras été
qu’
un appartement loué
toute pensée après peu de temps
arrête
pense pour échapper
d’abord à leurs pensées-culs-de-sac
ensuite à tes pensées-culs-de-sac
au revers qui paraît l’endroit
au
cœur
d’
une prise sans emprise
au long des heures
à l’orée de l’indéfiniment prolongé de l’espace et du temps
attrape-dehors
attrape-dedans
attrape-nigaud
dis
qu’est-ce que tu fais
?
qu’est-ce que tu es
nuit sombre au-dedans d’
une pierre
?
les arbres frissonnent
plus finement
plus amplement
plus souplement
plus gracieusement
plus infiniment
qu’homme ou femme
sur cette terre et soulagent davantage
ne laisse personne choisir tes boucs émissaires
c’est ton affaire
s’il coïncide avec le bouc émissaire d’
un autre
ou de dizaines d’autres ou d’avantage
change de bouc
il ne peut être le tien
disant
la civilisation occidentale
tu penses
ta
civilisation
si
tu demeurais seul sur terre
quand même elle serait encore intacte
et même avec quelques-uns en ton genre
qu’est-ce que tu arriverais à en faire remarcher
de ta civilisation
?
recommandations pour composition
1960 # 5
lâchez
un papillon ou plusieurs et laissez-le s voleter
dans l’espace du concert
assurez-vous
qu’il puisse s’envoler à l’extérieur du lieu
à la fin de la représentation
l’œuvre peut être de n’importe quelle durée
mais
s’il est possible qu’elle soit d’
un temps indéfini
les portes et fenêtres doivent rester ouvertes
afin que
le papillon puisse s’envoler
l’œuvre peut être considérée comme achevée
lorsque le papillon a quitté
la pièce
est-ce que la lumière
faiblit
quand on parle
?
a-t-on
au moins une fois
giflé son semblant d’être
?
le poète déserteur
?
ce n’est pas qu’il fuie
c’est qu’il sauve le peu
Hubin
l’in-temps
l’étoile des limites
elle incarne
des idées d'addition
de racines carrées et de multiplication
de coefficient
elle incarne
la réalité du désir
son équation
x = 88 224 364 687
c'est à dire
l'équation des satellites du Soleil à poids croissant
est construite sur la base deux
alors que les années
des satellites de poids décroissant de décroît
de la vie matérielle sont construites
sur la base trois
je chute
dans le temps
je bascule
dans
un univers parallèle
avant
il
n'y avait
qu'
une durée sans limites
la sensation n'est plus
une passion
mais
une action
un amas stellaire
scintillait comme l’œil ouvert d'
un atome
je pends
comme la chauve-souris de mon propre
je
un fil mystérieux
m'emmène dans le monde de l'être et
j'essaie
de reconnaître l'univers à l'intérieur d'
un globule de sang
mien
les dieux
du monde se cachent dans les nuages près
du rien
je suis
mort et me suis mis à rire
il suffit
de contempler les trois premiers nombres exactement
comme
une petite boule
scintillante pour construire l'univers
les
lois du monde
coïncident avec les lois
du calcul
simplement
le grand est devenu petit le petit-grand
simplement
dans tous les membres de l'équation de l'être
le signe oui
avait été remplacé par le signe non
TOUT VOLE DANS LE RIEN
deux papillons volent dans l'envolée des mots
oui et non
un nuage
de papillons divins
un nuage
de lueurs
nous sommes dans le futur
il est si bon d'exister aux yeux de ceux qu'on aime
cependant si l'on y réfléchit
aussi anodin semble-t-il
ce geste n'est pas sans conséquence
et d'ailleurs
pourquoi le monde serait-il à l'endroit
?