jeudi, mars 19, 2020




le feu 
dans l’eau

l’air 
dans la terre

l’eau 
dans l’air

&






la 
terre 
dans la mer









ils 
ne sont pas encore assez 
fous

ils 
ne sont pas assez rués les uns 
contre les autres 
et d’autant plus 
furieux

d’autant 
plus enragés 
qu’ils sont plus proches 
et plus familiers

là 
où la Mère mange 
ses fils

la 
Puissance mange la 
Puissance 

sans 
la guerre pas de 
stabilité





la langue tombe  s’effondre  resurgit brutalement  verticale   elle se décompose et vit  Publiées en 1937 les Nouvelles révélations de l’être agissent comme une prophétie  je ne suis pas mort  je suis séparé Dès lors qu’il se dit mort au monde Artaud se trouve incapable de parler en son nom  commence  quelques mois après la publication  le long séjour asilaire qui sera un chemin vers 

la
re-formation 
d’

un moi 
à partir de fragments 
épars



































ALBARRAN CABRERA   

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The Mouth of Krishna
Japan
2018 #711 
pigments
gampi paper and gold leaf

*




poésie

elle
est un peu

de
la poussée secrète
de
nos éveils

l'avancée
timide et verte des nouveautés


voici

elle est
la danse du temps

du temps
qui dort dans nos 
habitudes




































19

H
affirme
la possibilité
de connaître l'essence

l'absolu 
seul est vrai








c'est que l'absolu
n'est pas au-delà du réel

il
se manifeste
en lui




le bouton
disparaît dans l'éclatement
de la fleur

on pourrait dire

le bouton
est réfuté par la fleur































le cas du K2

une 
montagne

est évidement 
en première approximation

un 
espace 
topologique 

connexe










en tout cas
quand elle est
d'

un 
seul 
tenant

mais
elle n'est pas 
pour autant simplement 
connexe

elle 

connaît des trous

les crevasses


*




la connexité est une notion de topologie qui formalise le concept d' objet d'un seul tenant  Un objet est dit connexe s'il est fait d'un seul  morceau  Dans le cas contraire  chacun des morceaux est une composante connexe de l'objet étudié


































19

deux 
jeunes philosophes
prétendaient bel et bien
disposer d'intuitions intellectuelles
grâce auxquelles ils pouvaient saisir

une vérité
quasi mystique et pourtant
rationnelle





H
croyait
penser les pensées de
Dieu

ce que
aurait rejeté du plus profond
de son sens philosophique

cette manière de transgresser les limites
a eu des conséquences
redoutables


H
a construit
un système grandiose

le troisième grand système
de la philosophie occidentale
après Aristote et Thomas d'Aquin

le système 
de H se présente comme
une construction prodigieuse

il 
se veut total englobant
tout

pour H
une pensée
qui n'englobe pas tout
ne saurait être 
vraie

il 
se situe par là à l'opposé de 
K
pour qui
la limitation
était

une 
des conditions du 
vrai




































il 
viendra comme 

un filet 
sur tous ceux qui 
habitent la face de la terre








Aphrodite turbulente 

immense 
dans l'espace
s'est évanouie comme

une vapeur

le tourbillon 
fluide s'est évaporé


on s'arrête
au bord de quelque chose

le bruit
par bifurcations et métamorphoses
occupait l'espace

l'espace
efface le bruit

un invariant 
recouvre l'autre

il y a encore
des failles dans l'enchaînement
logique des preuves


concilier l'impossible mouvement
l'illusoire immobilité

il faut continuer

de quoi avons-nous hérité

?

une bulle de lumière
hors de laquelle

une forme
humaine évolue

la métaphysique 
est du même tourbillon que la musique

la réflexion 
qu'elle que soit sont niveaux est 
une boucle

l'essaim
tourbillonne en sifflant

le multiple
roule en tourbillonnant

la poésie
en double cône a la forme 
du tourbillon




je suis
bien plus moi-même
quand je ne le dis 
pas



l'époque et nous-mêmes 
fabriquons
de l'oubli

nous 
le savons tous


dans l'air distant
les pas se forment d'eux-mêmes

voilà tout 
ce que je sais faire

poésie
le souvenir 
en elle de sa beauté

la petite pyramide grandit
la moyenne grandit encore
la grande fait voir qu'on peut en bâtir

une plus grande


symétries
coïncidences
répétitions
effets de miroirs
écrans


il 
y a 


de 
la raison
de la violence

de l'ordre 
de la croissance

de 
l'intelligence
et
de 
l'envahissement



bientôt
l'espace du monde
sera dans le tombeau
d'

une immense pyramide 
transparente et 
brûlante


énigmes
dans la circulation du sens
et la fureur collective





un filet
une vapeur
un invariant
une forme
une boule de lumière
une boucle
une immense pyramide


























elle lit

les gens 
ne sont guère descriptibles
saisissables

que par le manteau des mots dont ils s’enveloppent
et qui est fait de la même étoffe 
que le nôtre







elle part 
vers la montagne 






elle 
ouvre les yeux


les 
phrases passent 
en elle comme des nuages


elle 
se sent légère 
sur le chemin mais jamais 
solitaire



le vent 
lui apportait perpétuel 

un 
bruit 
d’osselets



c’étaient les signes 
du gel noir et 

elle 
pensait à son squelette 
perdu

à son squelette 
ciselé par l’hiver de minuscules 
fougères inhumaines




chemin faisant
elle interrogeait voyageurs 
et passants


mais
nonchalants ou pressés
ceux-ci ne lui répondaient point 
ne levaient pas même les yeux sur elle

elle 
sut alors 
qu’elle était invisible



la 
nuit
elle sentait en 
elle 

un travail insolite


est-ce toi 

?

murmurait-elle 

ses 
poignets 
se durcissaient

ses 
veines 
s’écaillaient




d’
une nuit à l’autre

elle 
se demande si le vivant et l’inorganique 
ne sont pas régis 
par 

une loi unique

par 

une grammaire similaire 
qui ne cesse de se dérober au cœur 
de la nuit








un bruit d'osselets
un travail insolite

une nuit

une loi unique
une grammaire similaire