lundi, octobre 05, 2020


Écoute les Sons de la Vie
 
Je suis tout ouïe
 
J’écoute avec les yeux

J’écoute 

ce que 

je vois

sur les publicités 
et les gros titres des journaux 
et les affiches 
et les panneaux de la ville 

Je voyage 
à travers 

une ville 
de mots et de voix 





























Les voix font vibrer l’air 
et atteignent mon cerveau 
par l’oreille interne
changées en impulsions nerveuses

J’entends 
les mots en passant 
ou quand quelqu’
un reste 
un moment 
à côté de moi 
en parlant dans 
un téléphone portable
ou 
je les lis
n’importe où
sur n’importe quelle surface 
vers laquelle mon regard se porte
chaque écran 

Les mots écrits me parviennent comme des voix, 
des notes que je déchiffre 
sur 
une partition
cherchant parfois 
à distinguer plusieurs mots prononcés simultanément 
à deviner ceux que je n’entends pas 
parce qu’ils s’éloignent très vite de moi 
ou qu’
un bruit 
plus fort les efface

Les différences 
entre les typographies forment 
une 
incessante 
polyphonie visuelle
 
Je suis 
un enregistreur 
en marche 
caché dans le téléphone futuriste 
d’
un espion des années 1960 
dans l’iPhone 
que j’ai au fond de ma poche
 
Je suis 
la caméra que voulait être 
Christopher Isherwood à Berlin

Je suis 
un regard 
qui refuse de se laisser distraire 
même par 
un clignement des paupières 
La forêt a des oreilles 
dit la légende au bas d’

un dessin 
de Jérôme Bosch 

Le champ a des yeux 

À 
l’intérieur du tronc creux 
d’
un arbre 
fulgurent 
les yeux jaunes d’
une chouette
 
un arbre 
corpulent a deux oreilles 
grandes 
comme celles 
d’
un éléphant 
qui 
touchent presque 
le sol

une sculpture 
de 
Carmen Calvo 
est 
un immense 
et vieux portail en bois 
clouté d’yeux de verre

Les portes ont des yeux

Les murs entendent
 
Les prises de courant entendent
dit Gómez de la Serna






mon cœur bat pour battre ma main écrit pour écrire est-ce que je sens un devoir oui pourquoi je ne sais pas j’ai été mis là pour ça pas la peine d’en demander davantage fais ta journée subis ton usure ne discute pas inscris-le tant que tu en as la force tais-toi tu peux toujours te taire un peu plus et encore un peu plus toujours plus de telle façon que le trou s’élargisse en toi venant du vrai dehors qui te porte en soi malgré toi...





















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