dimanche, juillet 19, 2020



Traduire



nous partons 

de la coupure entre ce qui peut parler et ce qui 

ne peut pas parler



nous partons  nous coupons 

d’avec cette vieille partition 

où le langage 

sépare



les degrés de division

de coupure sont le propre de la langue



nous avons divisé

par la langue

entre 
le soi et l’autre 

entre 
nous et eux

entre 
les nationaux et les étrangers




c’est la langue

en soi
qui nous empêche 
de réinventer nos modes d’habitation
d’élargir
d’étendre 
de transformer nos communautés 
de savoir 
nos régimes 
de pouvoir




nous proposons 

de substituer aux langues  

outils 
de séparation 
de domination 

une autre capacité humaine

non plus la capacité 
de parler mais la capacité 
de traduire

si 
nous 
nous projetons

potentiellement 
dans le monde
non comme locuteur
mais comme traducteur

si 
nous reconnaissons 
ce qui est propre aux humains 
non pas comme le fait de parler
mais de traduire

nous 
ne sommes plus 
au-dessus des choses 
mais 
parmi elles 

entre elles
à l’endroit même du conflit




ce qui signifie 
l’adoption de la traduction comme langue
c’est d’abord l’acceptation que tout parle
que seule notre capacité d’entendre
autrement dit 
de traduire
est limitée

dans 
une relation potentielle
si plutôt qu’être 
parlants

nous sommes traducteurs

nous cessons
d’être des entités dominantes 
et des communautés de mêmes

nous devenons 

de fait
des communautés 
d’entre-autres




notre position 
de prédation  est modifiée

puisque notre langue 
fixant notre tâche
consiste à étendre nos capacités d’écoute
de traduction à tout ce qui parle

nous ne sommes plus alors 

des sujets imposés 

imposants

nous sommes 

ce par quoi tout ce qui était vu comme objet 

peut accéder à la dignité de sujet

c’est-à-dire être traduit



nous sommes 

les traducteurs potentiels 

de toutes les relations



il faut imaginer Noé déçu…

in

les Potentiels du temps

art & politique


*


j’écris

je passe 

de l’autre côté de mon nom


le pas encore et le déjà-plus se

confondent



j’écris

je réalise

ma mort

l’usure est usée



pourtant

ici même

voici du fait

il restera toujours à l’user



la pensée 

de la mort est fuyante

comme 

le possible



certains oiseaux de la phrase 

reviennent en arrière 

et prennent 

un nouveau sens



ainsi 
de la sitelle torchepot 

cet oiseau 
bouleversant parfaite phrase 

dans les arbres 
qu’il descend tête en bas 
































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