dimanche, juillet 19, 2020



plus tard on la transporta à la campagne

il neigea

elle 
pouvait voir 
au loin les montagnes 
aux glaces étincelantes 


vers la fin de l’hiver il plut beaucoup


elle 
écoutait 
le bruit de la pluie dans 
le verger

elle 
pouvait 
maintenant se lever







aller s’asseoir 
dans 

un fauteuil 
près de la fenêtre 

d’abord 
une heure puis deux


le long des branches nues 
noires
et luisantes
les chapelets de gouttes semblables 
à des diamants glissaient 
lentement


elles se poursuivaient
s’amassaient se détachaient
creusaient en tombant de petits cratères dans le sol 
mettant à nu des graviers aux couleurs 
avivées


il y avait 

un grand pommier 

dans le jardin 

et 

au printemps

elle le regarda se couvrir de fleurs


la nuit

elle pouvait entendre 

dans 
le fond de la vallée 
les trains 

approcher
ralentir
s’immobiliser 

dans 

un long crissement de freins


dans le silence 
où la locomotive lâchait régulièrement 
des jets de vapeur 
parvenait jusqu’à elle 
la voix de l’employé 
qui criait le nom
de la station

marchait 
le long des wagons en claquant 
parfois 

une portière





le train sifflait

repartait


peu après 

on entendait gronder sous son passage 

le pont de fer

puis le bruit décroissait

s’éloignait

cessait




bien avant l’aube

les jours de marché

lui parvenait 

comme 

une rumeur 

les moteurs des camions qui amenaient au foirail 

les veaux et les bœufs

les menus bruits des marchands 

qui montaient leurs étals


les paysans vendaient des volailles

des œufs et des foies d’oie 

que des femmes vêtues de noir présentaient 

sur des serviettes immaculées 

où étaient imprimées en creux 

les plis du repassage

comme ces pièces anatomiques en cire colorée 

rouge bleu vert jaune

rate

pancréas

poumons 

que l’on peut voir dans les vitrines 

des boutiques spécialisées aux alentours 

des facultés de médecine 





vers la fin avril

la nuit 

les rossignols commencèrent à chanter



ils 

se répondaient 

de loin en loin en échos 

dans le silence de la vallée


les nuits étaient pleines d’odeurs fraîches


dans les ténèbres 

le pommier en fleurs semblait luire 

faiblement

comme 

phosphorescent


































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