plus tard on la transporta à la campagne
il neigea
elle
pouvait voir
au loin les montagnes
aux glaces étincelantes
vers la fin de l’hiver il plut beaucoup
elle
écoutait
le bruit de la pluie dans
le verger
elle
pouvait
maintenant se lever
aller s’asseoir
dans
un fauteuil
près de la fenêtre
d’abord
une heure puis deux
le long des branches nues
noires
et luisantes
les chapelets de gouttes semblables
à des diamants glissaient
lentement
elles se poursuivaient
s’amassaient se détachaient
creusaient en tombant de petits cratères dans le sol
mettant à nu des graviers aux couleurs
avivées
il y avait
un grand pommier
dans le jardin
et
au printemps
elle le regarda se couvrir de fleurs
la nuit
elle pouvait entendre
dans
le fond de la vallée
les trains
approcher
ralentir
s’immobiliser
dans
un long crissement de freins
dans le silence
où la locomotive lâchait régulièrement
des jets de vapeur
parvenait jusqu’à elle
la voix de l’employé
qui criait le nom
de la station
marchait
le long des wagons en claquant
parfois
une portière
le train sifflait
repartait
peu après
on entendait gronder sous son passage
le pont de fer
puis le bruit décroissait
s’éloignait
cessait
bien avant l’aube
les jours de marché
lui parvenait
comme
une rumeur
les moteurs des camions qui amenaient au foirail
les veaux et les bœufs
les menus bruits des marchands
qui montaient leurs étals
les paysans vendaient des volailles
des œufs et des foies d’oie
que des femmes vêtues de noir présentaient
sur des serviettes immaculées
où étaient imprimées en creux
les plis du repassage
comme ces pièces anatomiques en cire colorée
rouge bleu vert jaune
rate
pancréas
poumons
que l’on peut voir dans les vitrines
des boutiques spécialisées aux alentours
des facultés de médecine
vers la fin avril
la nuit
les rossignols commencèrent à chanter
ils
se répondaient
de loin en loin en échos
dans le silence de la vallée
les nuits étaient pleines d’odeurs fraîches
dans les ténèbres
le pommier en fleurs semblait luire
faiblement
comme
phosphorescent
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