perdre
son temps relève
d’
une certaine esthétique
celle du détour et du silence
celle qui refuse l’efficacité du monde
et préfère la lenteur à la trace
perdre son temps
c’est rendre au temps sa liberté
le laisser s’écouler sans le compter
le regarder passer comme une rivière sans rive
dans cette perte il y a une grâce
une manière d’habiter le monde
sans vouloir le posséder
pour
les subtils de la sensation
il existe
un formulaire de l’inertie
qui
comporte
des recettes
pour toutes les formes
de lucidité
la stratégie
mise en œuvre pour
combattre la notion de convention sociale
les impulsions
de nos instincts les
sollicitations du sentiment
exigent
une étude approfondie
dont
le premier
esthète venu est
tout à fait incapable
une étiologie
étude
des causes
des maladies
rigoureuse des scrupules
doit être suivie
d’
un diagnostic ironique
de notre
servilité à l’égard
de la norme
il importe aussi
de cultiver notre adresse
à éviter les intrusions de la vie
un soin
doit
nous cuirasser
contre notre sensibilité
à l’opinion d’autrui
et
une molle indifférence
nous matelasser l’âme contre les coups
de la coexistence avec
les autres
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