mercredi, juillet 08, 2020



Lu Yu

un vieil homme 

allant sur ses soixante-dix ans

en fait 
tout pareil 
à 

un enfant

qui cherche

en sanglotant les fruits des monts

qui suit

en éclatant de rire les mimes des villages

ravi d’ajouter

avec d’autres des tuiles sur le stupa





debout seul
se mirant 
dans 

un petit bassin

qui prend 
entre ses doigts 

un livre usé à lire

embrouillé comme 

s’il allait étudier à l’école











courir                                  après des insectes 

récolter                               des cailloux

lire                                       continuellement

au lieu d’agir


qui semblent insanes

qui
a perdu son bon sens 
fou

qui 
est contraire au bon sens 
à la raison







passé 

un certain âge 

le sont beaucoup moins et peut-être pas du tout 

si l’on admet que le passé 

demeure présent à chaque instant 

et ne s’éloigne

ne passe qu’autant qu’il a trouvé 

son achèvement



c’est parfois le cas et alors on est quitte 

disponible pour des tâches nouvelles

actuelles




mais il arrive

et c’est le plus souvent

au commencement

que notre ignorance

notre incurie 

nous empêchent d’obtenir 

ce qui nous est très manifestement destiné

nécessaire

salutaire



on ne coupera pas au dépit

à la tristesse 


mais si l’on est incapable

d’intercepter les merveilles qui passent 

et que les adultes ne voient rien

ne font rien qui vaille

on a toujours la ressource de confier 

à celui qu’on sera peut-être devenu

à son tour

plus tard

le soin de réparer les dommages et les pertes 

qu’on a essuyés d’emblée 


de lui à nous 

il existe

une continuité essentielle

et c’est 

le temps
































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