mardi, février 18, 2020






un soupçon 

s’est insidieusement levé 

un matin 

que 
la vie pourrait être tout autre 
que 
la vie qu’on vit




que cette vie 
qu’on vit n’est plus peut-être 
qu’

une apparence 

ou 

un semblant de vie

que nous sommes peut-être en train de passer
sans même nous en apercevoir
à côté de la 
vraie vie 

car nos vies 
se résignent par rétractation 
des possibles

elles s’enlisent 
sous l’entassement des jours. 

elles s’aliènent 
sous l’emprise du marché 
et de la technicisation forcée

elles se réifient 
enfin ou deviennent  chose 
sous tant de recouvrements

or 
qu’est-ce que la 
vraie vie 


la formule
à travers les âges a vibré comme 
une invocation 
suprême

de 
Platon à Rimbaud 
à 
Proust
à 
Adorno

la  vraie vie  n’est pas la vie belle
ou la vie bonne
ou la vie heureuse

telle que 
l’a vantée la sagesse 

elle n’est surtout pas 
dans les boniments du Bonheur 
et du développement personnel qui font aujourd’hui 

un commerce 
de leur pseudo-pensée

la vraie vie 
ne projette aucun contenu 
idéal 

ce 
ne serait toujours 
qu’

une redite du paradis

elle ne verse pas non plus dans quelque 
vitalisme auto-célébrant 
la vie

mais 
elle est le refus têtu 
de la vie perdue  
dans 
le non à la pseudo-vie

la vraie vie
c’est tenter de résister 
à la non-vie comme penser est 
résister à la non-pensée


en quoi 

elle est bien l’enjeu crucial 

mais si souvent délaissé 

de la philosophie




un soupçon
un matin
une apparence
un semblant de vie
une invocation
un commerce



























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