samedi, novembre 16, 2019



ne pas partir est faute 

monastique 


l’ailleurs

tout l’ailleurs vient 

par 

les livres 





arriver 
en ne pas arriver 
est 

mon 
être-en-route



lieu 

commun du partir sans partir 

moi rivée à la rive 

n’y accède que par le travail 

des autres 





un blanc

oui
lorsque j’y repense
cela
a
commencé
par

un blanc

il demeure toujours 
des zones 
d'ombre


des blancs

des trous
des absences
des omissions






même chez les personnes 
qu’on croit le mieux connaître
il subsiste des territoires inconnus




un blanc 
un blanc des blancs
des trous des absences des omissions 
































c’est par l’interposition   

 du poétique         que se révèle       

la brute séparation du langage 

et de l’être        le langage

même creusé

ne fait voir que lui-même 

un mur







comme on plonge    son doigt dans la terre     pour reconnaître
le pays où l’on est
de même

j’enfonce mon doigt
dans la vie 

elle n’a odeur
de rien



le temps tout entier
forme 

un jour unique
dans l’économie de Dieu 





pour moi

le troisième jour

c’est le mercredi

dans la Genèse




la lumière
naît
le mercredi



































Choses qui 
sont à quatre pas d'ici 

Choses qui
s‟énoncent clairement 

Choses qui 
sont dans l‟Orient désert 

Choses qui 
ne me disent rien qui
vaille 

Choses qui 
sont plus qu‟une autre
exquises 

Choses qui 
bravent l‟honnêteté









Choses qui 
sont un effet de l‟art 

Choses qui
passent mon espérance 

Choses qui 
ont fini leur carrière



*



Choses que 
je vais chercher sur terre 

Choses qu'
il faudrait cueillir dès 
aujourd‟hui

Choses qu'
un insensé croit


Choses dont
tout l‟univers est plein 

Choses dont 
j'aime la majesté 

Choses dont 
on devrait pleurer 

Choses dont 
on a souvent besoin


*



la chose 

est

un lieu

mais 

la 
perception
n’est nulle part

























































SONGE
LIVRE
OMBRE
TERRE
PLUIE

STÈLE
CROIX

*



une reine une déesse un soupir un regret une rose un acte de naissance un pacte une prière une espérance un philtre une hébétude un printemps un grand silence un écho perdu un nuage un éclair un sablier un oracle une blessure un vertige une fille de la nuit une moire ravaudeuse un cri d'effraction un chemin une lisière une légende une poudrière une clairière une absence une aile un chant un rien un désir un silex une inconnue une fugueuse une poupée une flèche une corde un arbre seul





































ouvre

cette porte toute grande

et dis-toi qu’il fait complètement 

nuit












que

le jour est mort 

pour la dernière 

fois


Les Champs magnétiques




Oui
élevons des monuments

aux astronomes
aux créateurs
aux fantaisistes
aux poètes

qui
détachés 
de l’utile et de l’immédiat
agrandissent l’univers
et célèbrent le charme
et l’idéal
des mondes inconnus


































un homme 
vu de profil suit 

une vieille dame 
portant

un bébé 
dans les bras 

et 









un vieil indigent 
marchant à l'aide 
d'

une canne 
et tenant 

un petit tambour 
dans la main gauche. 

ils 
sont précédés 
par 

un enfant 
jouant des claquettes





Baigai tu 

 百丐圖

Rouleau 
des mendiants et personnages 
de rue


ici





























langue  texte énigme 

c’est autour de ces trois pôles que l’écriture littéraire s’essaie à fabriquer de l’art   la poésie – et dans une moindre mesure le roman et la prose de fiction – sont d’abord des objets sonores  qui par le rythme  les sonorités créent une musique en même temps qu’ils offrent du sens  la portée du texte s’enrichit des sonorités qui le soutiennent 

l’objet poétique est également un objet visuel  qu’il soit imprimé ou manuscrit  le mot s’affiche d’abord sur la page  et joue d’une spatialité  d’une beauté graphique en créant d’autres relations  de proximité ou de hiérarchie

il n’y a pas enfin de bonheur poétique sans que le sens échappe un peu  sans que le texte qui nous est offert ne joue à se cacher en même temps qu’il se montre   c’est notre perspicacité  notre finesse notre regard au monde qui sont exercés sur l’objet poétique   qu’on la lise ou la compose  l’œuvre poétique l’œuvre à contraintes exercent notre connaissance de l’âme humaine




une musique

un objet visuel

une spatialité

une beauté graphique

un peu

































il

m'arrivait d'être distant

sombre

fuyant et pénible

ou alors


il 

m'arrivait d'être

un concentré

de patience et de calme 


quel 
souvenir n'est pas 

une pensée saisissante




vu 
d'ici
chaque jours
ressemble 
à

un petit bateau

sur 

une immense et lointaine baie 
de bleu 
de gris 
de vert


*

un concentré de patience

une pensée saisissante

un petit bateau

une immense et lointaine baie
































libre

la rose des vents s'épuisa

en fleurs


la lumière noire

Jaspe
Agathe
Améthyste



se noua
dans le cordage libre

tête de serpent



autour
circulaient
des voix sans mots
vides



un jamais germinant




le peuple-de-la-nuée-magnétique


terre
avec ses doigts de cœur


demeure
quelque chose


la grêle noire




quelque chose rôde

va
alentour

cherche






















la 
description 

la 
composition

peut se continuer ou être complétée
à peu prés indéfiniment 
selon 

la
minutie 
apportée à son exécution

l'entraînement 
des métaphores proposées

l'addition 
d'autres objets 
visibles dans leur entier 
ou fragmentés 
par l'usure







le
temps

un choc 





sans compter 
les diverses hypothèses 
que peut susciter le spectacle


là donc
pas de héros 
pas de psychologie

mais 
des choses

lieux objets être humains

décrites 
comme éléments 
proposés 
à 

une 
composition 
qui se fait

se défait
reste toujours à faire

































c’est 
toujours à moi 
que mon discours s’adresse 




palabrer
parler
pérorer
bavarder
jaboter
pontifier
haranguer
disserter
débiter
ergoter
prêcher
épiloguer
traiter
sermonner
parlementer











laïusser
disputer
causer
baratiner
patrociner
lantiponner
déconner
déclamer
bavasser
allocutionner
tartiner

































comment 

concilier l’amour
de l’existence

avec 

l’ensemble des arguments 
plausibles ou raisonnables qui tous
contribuent à tailler celui-ci en pièces 

?

















le principal
réconfort de ceux
qui ne veulent pas du monde
qui leur est présentement offert

mais 

ne se résolvent pas pour
autant à l’abandonner par voie
de suicide

consiste on le sait
à annoncer

soit

sa prochaine et radicale 
modification

soit

sa fin inéluctable et 
imminente 


que tout 
change

ou 

que tout
finisse 



ces deux options

que
les prétextes
les plus futiles ont
toujours suffi à encourager
malgré leur évidente invraisemblance

ne sont
naturellement opposées
qu’en apparence



espoir et désespoir
font ici

cause commune




































ayant 

tous les chemins 

sans chemin 

il marche vers 

rien










étant 

muni de mille chemins 

il n’est

jamais démuni de chemin 



il n’est 
sans chemin 
vers rien
c’est-à-dire 
jamais sans chemin



il y a 
beaucoup 
de choses étonnantes
mais la plus étonnante de toutes

c’est l’homme






un visage
plongé dans l’obscurité

un 
visage absent
d’

une 
pièce éclairée




il y a
c’est exact
beaucoup de folie à s’occuper
d’autre chose que de ce qu’on voit